Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
qu’on appelle dans le reste de l’Europe des sociaux-démocrates, il est obsédé par l’idée de le faire par les moyens légaux, l’élection, la démocratie, la lente mise en place des réformes qui finiront bien par triompher du système. Quelle erreur ! s’écriera-t-on une fois de plus sur les bancs d’extrême gauche. Vos réformes ne servent pas à abattre le capitalisme, elles le colmatent. Comment le nier, sur le strict plan des faits ? Ni la loi sur les quarantes heures ni celle sur les deux semaines de congés payés n’ont amené le paradis sur terre dont rêvaient les pères du socialisme. C’est indéniable. Mais elles ont rendu le monde réel un peu moins rude aux plus humbles. Cela n’est pas rien non plus.
40
La Seconde
Guerre mondiale
Vingt ans à peine après en avoir fini avec l’horreur d’une guerre promise pour être la dernière de toutes, qui en voulait une autre ? En France et en Grande-Bretagne, les deux puissances démocratiques d’Europe, on était prêt à beaucoup pour l’éviter, jusqu’à refuser de comprendre que la menace avait changé de nature. En 1914, face aux nations, d’autres nations. Dans les années 1930, face aux démocraties, Adolf Hitler, le diable. Est ce qu’on traite avec le diable ? Il a fallu longtemps pour comprendre que non.
En mars 1936, l’armée de Hitler prend possession de la région allemande située près du Rhin, qui devait être une zone neutre, c’est la « remilitarisation de la Rhénanie » – opération strictement interdite par le traité de Versailles. Les démocraties laissent faire. En mars 1938, Hitler annexe l’Autriche, les démocraties regardent ailleurs. En septembre, il réclame l’annexion des Sudètes, région de Tchécoslovaquie peuplée d’Allemands. Daladier, président du Conseil français, et Chamberlain, son homologue britannique, se pressent à Munich pour une conférence dans laquelle Mussolini joue le rôle d’arbitre, ce qui est tout dire, et, croyant sauver la paix, ils sacrifient les Sudètes. Pourquoi l’ogre à moustache s’arrêterait-il ? La route de Prague lui est si gentiment ouverte. En mars 1939, il gobe la Tchécoslovaquie tout entière. Toujours rien. Le 1 er septembre, il se lance à l’assaut de la Pologne. C’est le coup de trop. Le 3, pour honorer leur alliance avec Varsovie, la Grande-Bretagne puis la France lui déclarent la guerre et… ne font rien. À l’est, la Pologne est écrasée en trois semaines. À l’ouest, les soldats sont massés sur la frontière et tapent le carton dans les casemates d’une ligne fortifiée, la ligne Maginot. Les généraux ont opté pour une stratégie défensive, on attaquera quand on sera vraiment en force. Quelques plans audacieux prévoient cela vers 1941. On ne connaîtra jamais leur efficacité. Hitler a été plus pressé. Le 10 mai 1940, faisant mine de réitérer le plan de 1914, il lance ses armées en Belgique. Les Français et les Anglais ont prévu le coup, ils s’y élancent. C’est un piège. Plus au sud, les chars allemands passent les Ardennes que l’on disait infranchissables, et prennent l’ennemi à rebours. Trois semaines plus tard, l’armée anglaise, coincée à Dunkerque dans un étau, protégée par l’armée française en piteux état et mitraillée par l’aviation ennemie, réussit par miracle son réembarquement. Durant ces mêmes semaines, des millions de personnes fuient sur les routes, 1,8 million de soldats sont prisonniers. La France est à terre. Le 16 juin, le très vieux maréchal Philippe Pétain, qu’on appelle « le vainqueur de Verdun » depuis la guerre précédente, devient le chef du gouvernement. Le 22 juin 1940, il accepte la défaite en signant avec l’Allemagne hitlérienne un armistice. Le 10 juillet, le Parlement réuni par les hasards de la débâcle dans la ville thermale de Vichy lui donne les pleins pouvoirs – 569 voix pour, 80 contre. Il les utilise pour créer l’« État français », un régime autoritaire fondé sur le recyclage de toutes les valeurs rancies de l’extrême droite et l’écrasement de toutes celles de la République. Plus d’élections, plus de libertés publiques, plus de laïcité. Dès l’été, les francs-maçons sont pourchassés ; les écoles normales d’instituteurs fermées ; une commission se met en place pour revenir sur les naturalisations accordées dans l’entre-deux-guerres ; le cléricalisme est favorisé et
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