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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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sacré, les communistes du temps excluent l’esprit critique, oublient le doute, ils ne veulent prendre du réel que ce que leur dicte leur foi.
    D’innombrables auteurs, pourtant, dès les années 1920, avaient cherché à crier au monde la vérité sur ce qui se passait en Russie. Parmi eux, de nombreux partisans de l’ancien régime, évidemment. Leur position politique brouillait le message : qui a envie de croire un tsariste quand il parle de la révolution russe ? Mais aussi de très nombreux sympathisants déçus de cette révolution, des gens qui, comme le Français Boris Souvarine, y avaient cru de tout leur cœur puis s’étaient rendu compte de l’affreuse méprise, et tentaient d’en informer leurs camarades. Les camarades ne les ont pas crus. Parmi tous ces déçus, on trouvait aussi des gens qui s’étaient alors tournés vers un autre des pères d’Octobre, Léon Trotski. Staline l’avait éliminé des instances dirigeantes et contraint à l’exil. Vu du Parti, cela rendait ses partisans d’autant plus suspects : comment faire confiance à des renégats au service d’un traître ?
    Mais qui n’était pas douteux, hors du Parti ? Un des livres les plus retentissants de l’époque du Front populaire est le Retour de l’URSS , d’André Gide. Le grand intellectuel, alors proche des communistes, est allé durant l’été 1936 visiter la patrie des travailleurs. Il y a été accueilli en prince. Staline était trop content d’une prise de ce calibre. À son retour, il ose un exercice qui semblerait presque banal : raconter ce qu’il a vu. Par rapport à ce que l’on sait aujourd’hui du pays, il n’a d’ailleurs pas vu grand-chose. On peut lui en faire grief. Il ne dit rien des millions de morts, des déportés, des purges, pour la simple raison qu’il n’en a rien su : d’aimables guides étaient là durant tout le périple pour être bien sûrs qu’il suivrait la bonne route. Il faut croire qu’ils n’étaient pas si doués. Gide a quand même réussi à percevoir un malaise à travers le rideau opaque que la propagande a tiré tout au long de son passage. Il parle des belles réalisations du pays, des grandes rencontres, mais il ajoute au tableau d’autres teintes qui le nuancent : la peur qui suinte dans le pays, le culte de la personnalité gênant qui entoure Staline, la pensée empêchée, la servilité de tous à l’égard de la « ligne ». Dans le contexte de l’époque, son livre fait l’effet d’une bombe. Il est traduit dans presque tous les pays. Il contribue à ébranler bien des consciences. Seules celles des communistes restent d’airain. Ils n’ont à la parution qu’une réaction : ils dénoncent le livre comme un tissu de mensonges et insultent son auteur.

    La « vieille maison » socialiste
    D’autres, dès le départ, s’étaient donc méfiés du fanatisme qu’ils voyaient à l’œuvre dans l’inféodation à Moscou : les socialistes, regroupés autour du gardien de la « vieille maison » SFIO, Léon Blum. Parlons-en donc, sans oublier pour autant leur contradiction : les socialistes ont le bon sens de se méfier des révolutions en cours. Mais au fond, ont-ils jamais envie d’en faire aucune ?
    Officiellement, la SFIO est elle aussi un parti révolutionnaire. C’est le but déclaré de tout le mouvement ouvrier depuis qu’il existe. C’est son but déclaré à elle depuis sa fondation en 1905 : elle aussi veut renverser le capitalisme. Mais comment ? demandent ses détracteurs. Elle refuse toujours de s’en donner les moyens, son éternel problème est là.
    Blum est un homme qui est venu à la politique par l’affaire Dreyfus. Il est viscéralement attaché à la justice et au droit. Il a théorisé qu’il ne fallait pas confondre la « conquête du pouvoir » et l’« exercice » du pouvoir, éventuellement acquis par les urnes et des alliances électorales, et qui supposait un respect strict de la légalité. Il sera, une fois arrivé au ministère, respectueux de ce qu’il avait écrit lui-même, c’est-à-dire d’un légalisme scrupuleux.
    Il est tout aussi sincèrement socialiste ; il l’explique : il ne se résignera jamais à hausser les épaules devant l’injustice sociale en disant : « Bah ! C’est l’ordre des choses, il en a toujours été ainsi et nous n’y changerions rien. » Pour lui, le noble but de l’homme de gauche est de renverser cet ordre des choses mais, comme tous ceux

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