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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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dans un pur délire, persuadé d’avoir découvert le paradis terrestre ? Partout les Européens sont à la recherche de ce qu’ils croient aussi réel que le fer de leurs épées : des royaumes dont les maisons ont des toits d’or, des villes dont les forteresses sont serties de pierres précieuses. Et à chaque fois qu’on leur en promet, ils foncent ! Si Cartier revient au Canada lors de plusieurs voyages, c’est que les Indiens rencontrés lui ont promis de l’amener au Saguenay, ce royaume où tout est pierrerie et où les hommes volent comme les chauves-souris. C’est même ce que vient raconter devant le roi et la Cour le chef iroquois ramené à Paris, et le roi comme la Cour le croient et financent l’expédition. Lors de ce dernier voyage, Cartier est d’ailleurs tellement certain de trouver des richesses qu’il en trouve ; il revient avec des caisses pleines de diamants et d’or du Canada. L’or est de la pyrite, les diamants du quartz. Il faudra qu’il soit en France pour s’en rendre compte.
    Enfin, arme ultime, les Européens avaient pour eux la supériorité technique. Les empires de l’Amérique précolombienne étaient arrivés à un haut niveau de civilisation, la qualité des routes incas était exceptionnelle, l’urbanisme de Tenochtitlan, le système des canaux sur lesquels on se déplaçait, la propreté, la richesse des marchés éblouirent les conquérants qui n’avaient de leur vie jamais vu de ville plus belle. Mais ils avaient pour eux les chevaux – inconnus en Amérique –, les armes à feu – qui terrifièrent les Indiens –, et l’art maritime qui leur avait permis d’arriver jusque-là, les instruments de navigation et les bateaux à haut bord qui permettent d’affronter l’océan – les célèbres caravelles. Notons que rien de tout cela, ni la poudre à canon, ni la boussole, ni le sextant, n’était né en Occident, mais avait été inventé en Chine et était arrivé en Europe par l’intermédiaire des Arabes.
    Ne l’oublions pas en effet : d’autres civilisations avaient montré avant la nôtre leur degré de développement. Avant les Portugais, combien d’autres peuples capables de former des navigateurs intrépides ! Les Arabes bien sûr, grands voyageurs sur les routes du monde durant ce que nous appelons le Moyen Âge, mais aussi les Chinois. Leurs explorations précèdent de peu les aventures de Colomb. Nombre d’entre elles furent entreprises dans la première moitié du xv e sous la conduite d’un incroyable personnage de la Chine impériale, Zheng He, amiral et eunuque. Elles permirent de nouer des relations de commerce en Insulinde, à Java, à Sumatra, en Inde, et d’établir des relations diplomatiques jusqu’aux royaumes de la côte orientale de l’Afrique. Il s’est même trouvé, il y a quelques années, un ancien marin britannique devenu historien, un certain Gavin Menvies, pour affirmer que les Chinois de Zheng He avaient « découvert l’Amérique » soixante-dix ans avant les Espagnols. La thèse a été démontée par tous les historiens sérieux. Prenons-la pour ce qu’elle nous offre : un peu de rêve. Imaginons que l’histoire se soit passée dans ce sens-là : les Chinois débarquent chez les Aztèques et les Incas par le Pacifique. Admettons qu’ils ne cherchent que le commerce et vendent ce qu’ils ont, la poudre à canon, les instruments de navigation, les bateaux. Que se serait-il passé ? Aurait-on vu, un demi-siècle avant Colomb, l’Inca en majesté, ou un cacique aztèque, couvert d’or et de plumes magnifiques, débarquer un beau matin, sur une plage, quelque part entre Lisbonne et Anvers ? Avançons sur cette pure hypothèse d’école et posons-nous la question : combien de temps aurait-il fallu aux Européens pour venir se prosterner devant lui en le prenant pour le Messie ?

    Coureurs des bois et Indiens d’Honfleur
    On ne saura jamais ce qu’aurait pu être une autre « rencontre de ces deux mondes », pacifique, heureuse, enrichissante pour l’une et l’autre parties. Seules quelques exceptions viennent nous en donner un aperçu. La plupart des conquérants furent cupides, cruels et racistes. Pas tous. On en a vu aimer et respecter les peuples qu’ils rencontraient. Nombreux sont même ceux qui ont décidé de refaire leur vie chez les Indiens. Ce sera le cas d’Espagnols ou de Portugais faits prisonniers au départ, et qui, in fine , choisiront de rester dans ce camp. Ce sera

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