Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
voyage, Colomb accoste dans des îles qu’il pense être les Indes. Ce sont les Antilles. Il vient de découvrir l’Amérique, il vient d’ouvrir une voie où toutes les ambitions s’engouffreront bientôt : ce sera le temps des conquérants, les conquistadors . En 1519-1521, le premier d’entre eux, Hernan Cortés, pose pied en Amérique centrale, monte vers le nord et, avec une poignée d’hommes, en s’alliant habilement avec les tribus hostiles aux Aztèques, réussit à mettre à bas leur puissant empire, à en prendre la capitale Tenochtitlan, et, sur ses ruines, à fonder Mexico, centre de la Nouvelle-Espagne . En 1532, Pizarro, jouant perfidement des rivalités autour de l’Inca, l’empereur du lieu, défait la grande puissance qui depuis le Pérou dominait toute la cordillère andine.
Il aura fallu quarante ans pour que les Espagnols mettent la main sur la moitié d’un continent, s’emparent de ses immenses richesses et déversent sur l’Europe, par caravelles entières, l’or et l’argent qu’ils y ont pillés.
Les Portugais, grâce au navigateur Cabral qui y a accosté par hasard, ont conquis le Brésil en 1500. Très officiellement, dès la fin du xv e siècle, les papes eux-mêmes (traité de Tordesillas de 1494) ont garanti le partage entre les deux pays de ces immenses territoires encore inconnus que l’on va bientôt appeler « le Nouveau Monde ».
François I er en sera furieux – « Le soleil luit pour moi comme pour les autres, s’exclamera-t-il, je voudrais voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde » –, mais bien tard. Lui aussi rêve de la route fabuleuse qui doit mener vers les richesses et les épices. Mais le chemin du sud-ouest est déjà pris. En son nom, des marins téméraires essayent donc par le haut : c’est ainsi que le Malouin Jacques Cartier (1491-1557), cherchant le « passage du Nord-Ouest », commence par explorer l’embouchure du Saint-Laurent, remonte le grand fleuve, établit un poste à Montréal et revendique le Québec au nom de la France. Il faudra attendre près d’un siècle encore et Samuel Champlain (début du xvii e siècle) pour que la colonie se développe.
Au xvi e siècle, la France, comme l’Angleterre d’ailleurs, a donc raté le coche, et n’est présente qu’à la marge dans l’épopée dont nous parlons. Faut-il pour autant, dans une histoire de notre pays, clore aussitôt ce chapitre ? Ce serait dommage. Ces « Grandes Découvertes » ont posé et continuent de poser de nombreuses questions philosophiques, humaines et historiques sur lesquelles on peut s’arrêter un instant.
Le génocide indien
Cette « conquête » du Nouveau Monde, vue du côté espagnol, est une page glorieuse. Vue du côté des vaincus, elle raconte l’histoire d’un effroyable anéantissement. Les historiens ne sont guère d’accord sur les estimations démographiques concernant le continent tout entier, la plupart des peuples qui y vivaient n’usaient pas de l’écriture, et le recensement est difficile à établir. Contentons-nous de chiffres parcellaires, ils sont éloquents : pour Hispaniola, la grande île que se partagent aujourd’hui la République dominicaine et Haïti, on estime une population indienne dépassant le demi-million à la veille de la conquête. En 1514, soit vingt-deux ans plus tard, elle tourne autour de 60 000 personnes. Pour le Mexique 1 , on passe en un siècle de 20 millions d’Indiens à 2. La proportion est la même partout : près de 90 % de la population disparaît. Les causes de cet effondrement sont multiples. On parle beaucoup du « choc microbien », causé par les virus apportés par les Espagnols contre lesquels les populations autochtones n’étaient pas immunisées. Il ne faut pas oublier non plus les guerres, les massacres, la réduction en esclavage, les monstrueuses conditions de travail imposées dans les mines, par exemple, et enfin les suicides de masse qui ravagèrent des populations désespérées par l’effondrement si soudain de leurs valeurs, de leur univers.
Aujourd’hui, personne ne nie plus ces pages noires dont l’évocation soulève le cœur. Même le vocabulaire a changé. Nul historien ne parle plus, par exemple, de « découverte de l’Amérique », qui marque trop clairement le point de vue européen. Depuis les commémorations de 1992, on parle plus fréquemment de la « rencontre des deux mondes ». C’est encore un
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