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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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quatre gaillards en question étaient là. La
charrette annoncée attendait sur le talus. En moins d’une heure,
les fameux sacs furent transportés sur la charrette.
    Lorsqu’il n’y eut plus qu’un sac à prendre,
Djinno ricana :
    – Ne laisserez-vous pas cette consolation
à votre père ?
    – Non, non ! rugit Roland. Je veux
tout !
    Le dernier sac alla rejoindre les autres.
    – Où allons-nous mettre ces
millions ? dit le petit vieux.
    – Des millions ! délirait Roland. Et
tout cela est à moi !…
    – À vous. À vous seul. Il y en a au moins
six.
    – Six millions ! Portons-les à mon
hôtel de la rue Béthisy.
    – Où M. le maréchal viendra tout
fouiller dès qu’il trouvera son armoire vide. Nous avons songé à
cela aussi.
    La charrette se mit en marche. On arriva à une
courtille enclose de murs, où il y avait une maison et un
puits.
    – Cette maison est à vous. On vous la
donne, dit Djinno. Le puits est desséché. Cela fera un excellent
coffre.
    – Oui. Un coffre où vous pourrez puiser,
moi absent.
    – Si nous avions voulu ces millions, nous
n’avions qu’à les prendre sans vous en parler !
    – C’est vrai, c’est vrai ! bégaya
Roland.
    Il éventra l’un des sacs, bourra sa ceinture,
ses poches, les fontes de sa selle, de belles pièces d’or
rutilantes. Puis les sacs furent précipités au fond du puits. On
jeta dessus des pierres et de la terre. Puis Djinno remit à Roland
les clefs de la courtille et de la maison.
    Lorsque Djinno, ses quatre compagnons, la
charrette eurent disparu, Roland se pencha sur le puits et demeura
là, longtemps, méditatif. Il songeait au coup terrible qu’il
portait à son père… Il songeait que, en somme, il était plus vil
que ces truands qu’il voyait pendre, et qui avaient au moins risqué
leur vie pour dévaliser un bourgeois.
    – Truand ! cria distinctement une
voix dans la nuit.
    Il bondit. Durant une heure il écouta. Il
n’entendit plus rien.
    – Je n’ai rien entendu bégaya-t-il. C’est
la peur… Allons ! Je suis riche. Et maintenant, à
Pierrefonds !…
    *
    *
*
    La rue des Francs-Bourgeois était aussi
importante que de nos jours pour son commerce. Le commerce a
changé. Alors, on y louait des arquebuses, des rapières, de bonnes
dagues et des pistolets qui ne manquaient jamais leur coup. En
louant l’arquebuse, on louait ipso facto l’arquebusier, en louant
la rapière, on acquérait du coup le bravo qui allait la
manœuvrer.
    Un cabaret servait de marché ; il y avait
une cote ; les prix variaient aussi selon les saisons, selon
la qualité du dos qu’il fallait daguer ou de la poitrine qu’il
fallait arquebuser.
    Roland de Saint-André, sur le coup de 3 heures
du matin, entra dans ce cabaret, fit venir le patron, aligna un
certain nombre de piles d’écus, et indiqua ce qu’il lui fallait. Le
patron sortit et revint une heure plus tard ; une vingtaine de
cavaliers assez bien montés l’accompagnaient, tous gens sentant
d’une lieue le guet-apens et le meurtre. Le chef se nommait
Lorédan.
    Il entra seul dans le cabaret ; Roland
lui expliqua ce dont il s’agissait ; on convint du prix, dont
Roland versa moitié.
    – Maintenant, dit Lorédan, nous sommes à
vous.
    Le dimanche matin, les dagues, les rapières
louées par Roland prirent au grand trot la route de Picardie, et,
quelques heures plus tard, cette troupe s’arrêta sous les hautes
murailles de Pierrefonds.
    Les chevaux installés dans les étables et les
sacripants remisés en l’unique auberge du pays, Lorédan et Roland
de Saint-André grimpèrent jusqu’aux abords des ponts-levis.
    – Au large ! crièrent des
sentinelles dans les créneaux.
    Là-haut, dans la guérite du veilleur, il y eut
un mugissement de trompe. Dans les cours de la forteresse, on
entendit comme un bruit de prise d’armes. Roland et Lorédan
dégringolèrent l’escarpement. Roland était pâle. Lorédan hochait la
tête.
    – Nous n’entrerons jamais là-dedans,
dit-il.
    – Avant mercredi, j’y serai, répondit
Roland.
    – Pourquoi avant mercredi ?
    – Parce que ce jour-là le roi de France y
entrera, lui ! Pierrefonds n’est pas à lui. Mais il sera bien
accueilli !
    – Les vingt braves que j’ai amenés sont
inutiles, dit Lorédan. La ruse doit ici remplacer la force…
    – Avant mercredi, dit Roland, j’entrerai
ou je serai mort.
    L’auberge était placée au pied du géant. Elle
avait la spécialité de ravitailler

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