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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sa santé, pauvre cher homme !
dit la voix fraîche. Mais, avec vos rires, vous allez réveiller ce
jeune seigneur qui dort à côté. Il est généreux. C’est une bonne
aubaine pour l’auberge. Il ne faut pas l’empêcher de dormir. Je
veux bien tromper Tiphaine, mais non ruiner l’auberge.
    – Au diable le gentilhomme ! cria le
cornette.
    – Par où diable a pu passer l’amoureux de
l’hôtesse ? songea Roland, et par où diable va-t-il s’en
aller ?
    Roland se remit à écouter. En mettant bout à
bout les lambeaux de cette conversation, Roland apprit :
1° Que le sieur Tiphaine, deux ou trois fois la semaine, était
aussi trompé que peut l’être un mari ; 2° Que l’amoureux
s’appelait Agénor, de son petit nom ; 3° Qu’il
appartenait à la garnison du château.
    Roland se dit que le cornette allait lui
ouvrir les portes du château. Il s’installa sur un escabeau, près
de la porte. Il n’entendait plus rien. Mais il en savait
assez : lorsque le cornette s’en irait, il était résolu à lui
dire :
    – Voulez-vous me conduire dans le
château ? Sans quoi, j’aurais, moi, le regret de vous couper
la gorge.
    Roland attendit longtemps. Enfin, il entendit
s’ouvrir la porte de la chambre voisine.
    Roland sortit, et vit une lumière qui
s’enfonçait dans l’escalier. Il se mit à descendre avec une
légèreté silencieuse. L’escalier conduisait à la cuisine. La
lumière continua de descendre et de s’enfoncer dans un escalier en
pierre qui conduisait aux caves.
    – Le cornette a encore soif !
    Roland arrivé au bas de l’escalier, ne vit
plus que la lumière posée sur le sol. Martine et le cornette
avaient disparu.
    Roland se vit dans un caveau, dont la voûte se
soutenait sur huit arcs-doubleaux qui venaient s’appuyer sur un
pilier central massif. Sur l’une des faces de ce caveau s’ouvrait
un couloir qui pouvait se fermer au moyen d’une porte en chêne. À
dix pas de là, le couloir était barré par une nouvelle porte – en
fer, cette fois.
    Le caveau avait dû, autrefois, se trouver sous
quelque pavillon isolé qui servait de retraite en cas d’invasion du
château. Le souterrain reliait le pavillon au château et on pouvait
se sauver par là.
    Roland vit la porte de chêne ouverte. Dans le
souterrain, le cornette faisait ses adieux à la tendre Martine.
    La porte de fer se ferma. Martine revint au
caveau, verrouilla la porte de chêne, reprit sa lumière, s’avança
et…
    – Bonsoir, ma chère hôtesse ! fit
Roland se montrant.
    Martine devint blanche comme sa fine
collerette. Sa petite lampe trembla dans sa main. Martine reconnut
sur-le-champ le généreux seigneur de Paris.
    – Vous êtes gentilhomme, dit-elle, et
vous ne me trahirez pas.
    – À Dieu ne plaise, dit Roland. Mais ne
restons pas ici. Maître Tiphaine pourrait rentrer, et il vous
tuerait.
    L’instant d’après, ils étaient installés dans
la chambre de Roland. Roland, sans mot dire, aligna sur la table
cent pièces d’or. Martine regardait, effarée.
    – Ce soldat, dit Roland, cet Agénor…
    – Il est cornette et vicomte, dit
fièrement Martine.
    – Ma chère hôtesse, dit gravement Roland,
je veux entrer la nuit prochaine dans le château. Vous prierez
M. le vicomte Agénor de vouloir bien m’y introduire…
    – Impossible, dit-elle.
    – Alors, je vous dénonce à votre mari,
qui vous tue. À vous de décider le cornette. Adieu, à la nuit
prochaine !
    Roland prit Martine par la main et la
conduisit jusqu’à sa porte. Un quart d’heure plus tard, il entendit
maître Tiphaine qui revenait bredouille !

III – BRACONNIER À L’AFFÛT
    Florise, sa première stupeur passée, de se
retrouver
sans savoir comment
au fond du vieux manoir
féodal, établit nettement qu’elle avait dû être enlevée, ou par le
roi, ou par Roland et se prépara à la défense. Elle vit qu’il lui
fallait opter entre la mort et la honte. Et elle choisit la
mort.
    *
    *
*
    La nuit du mardi au mercredi.
    Dans une vaste chambre précédant celle de
Florise, les deux matrones bavardaient. Un seul flambeau éclairait
ces deux têtes de sbires femelles. C’étaient deux rudes commères.
L’une d’elles était boiteuse, et s’appelait la Boiteuse. L’autre
avait des moustaches, et s’appelait l’Arquebuse.
    Deux heures du matin sonnèrent à
l’horloge.
    – Je crois que nous pouvons nous coucher,
dit l’Arquebuse. Seigneur Jésus, quand je pense qu’en
quarante-trois un jeune

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