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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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MM. les officiers de la
garnison en pâtés de faisans et venaisons. De plus, on y tenait
buvette pour les archers, les arquebusiers et les moines de
Saint-Jean qui y faisaient escale avant de monter au château.
Maître Tiphaine, patron de cette auberge, était un homme de
cinquante ans, sec, quelque peu sombre.
    Il était marié à une jeune Normande de
vingt-quatre ans, une de ces silencieuses gaillardes dont l’œil
vous raconte tout de suite le genre de poésie qu’elles préfèrent.
Tiphaine, de temps à autre, répétait à Martine :
    – Si jamais tu me trompes, je te tue.
    – Bah ! se disait-elle, je ne serai
jamais tuée qu’une fois !

II – UTILITÉ DE L’ADULTÈRE ET DU
BRACONNAGE
    Ce soir-là, vers 5 heures, dame Tiphaine
épluchait des oignons destinés à la sauce d’un beau lièvre, lequel
devait être mangé par Roland de Saint-André et Lorédan. Tiphaine
mettait du lard en capilotade, rageusement, les yeux mauvais.
    – Martine, dit-il tout à coup, il me
semble que ce blondin du château, ce jeune cornette, ce damné
vicomte… vient bien souvent rôder autour de mon poulailler…
    – Le soupçonnes-tu d’en vouloir à nos
poules ?
    – Je te dis, moi, que c’est autour des
jupes qu’il rôde !
    – Ah ! si c’est cela que tu veux
dire, il vient peut-être bien pour Madelon, qu’en dis-tu ?
    – À moins que ce ne soit pour toi, damnée
bique ! Martine leva sur son mari des yeux pleins de
larmes.
    – Où faut-il mettre les oignons ?
demanda-t-elle.
    – Mets-les là ; mais si jamais tu me
trompes, je te tue !
    – Tu me le répètes dix fois par jour.
    Tiphaine agita furieusement son hachoir. Au
fond, il était parfaitement rassuré par la superbe tranquillité de
Martine. Rassuré tout au moins pour la nuit prochaine. Cette scène
était, en effet, une scène préventive. Après un bon quart d’heure,
il fit :
    – Dis donc, à quelle heure se lève la
lune ce soir ?
    – Est-ce que je sais, moi ; je me
couche comme les poules.
    – C’est que, reprit-il, il paraît que
mercredi prochain un gros seigneur de Paris vient au château, un
gros, comme qui dirait un prince. Et alors, on m’a mandé de là-haut
de me munir d’un bon chevreuil, avec quelques autres bricoles
autour. Il faut que j’aie la grosse pièce cette nuit, c’est pas
trop tôt pour la faire attendrir.
    – Si fait, dit Martine, c’est un peu tôt.
Vas-y demain.
    – Bon ! pensa Tiphaine, j’irai ce
soir ! Alors, tu comprends, la lune se lève à neuf
heures ; je partirai à dix ! aie soin de me préparer mon
arbalète qui est au grenier.
    – Je vais la chercher, dit Martine avec
soumission.
    Martine monta au grenier, et, avant de
s’occuper de l’arbalète, plaça un linge blanc en travers de la
lucarne qui regardait le château. Voici, ce que disait ce
linge :
    – Il fait clair de lune, ce soir. C’est
un temps de braconne. Fin renard, ce soir le poulailler sera sans
défense !
    À 10 heures, Tiphaine sortit de l’auberge dont
il ferma la porte à double tour et dont il emporta les clefs. Quant
aux fenêtres, elles étaient bardées de fer comme des meurtrières de
prison.
    Vingt minutes après le départ de Tiphaine, le
cornette était dans la chambre de Martine. Par où diable peuvent
bien passer les amoureux quand portes, fenêtres et cheminées leur
sont défendues ?
    Martine ne dormait pas, ni le cornette, ni
Roland de Saint-André. Quant à Lorédan et à ses sacripants, ils
ronflaient sur du foin, dans un bâtiment sis à trente pas de
l’auberge, et qui servait de magasin à fourrage.
    Roland, dans sa chambre sans lumière, assis
près de la fenêtre ouverte, contemplait le château qui se plaquait
en noir sur un ciel baigné de lune.
    – Elle est là ! Je n’ai plus que
deux jours pour forcer les portes qui doivent s’ouvrir devant le
roi. Je les forcerai !…
    Ce monologue fut interrompu par un sonore
éclat de rire.
    Roland se redressa et tira son poignard :
il n’y avait personne dans la chambre ! Roland prêta
l’oreille. Et il entendit une voix féminine, assez
fraîche :
    – Allons, ne riez pas si fort, soyez
sage, mon beau cornette.
    – Jolie Martine, répondit une voix plus
mâle, pourquoi ne rirais-je pas quand les pâtés de maître Tiphaine
sont si bons, son vin si généreux, et sa femme si
aimable ?
    Roland entendit un bruit de baisers, puis de
gobelets.
    – À la santé de maître Tiphaine !
ricana la voix mâle.
    – À

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