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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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une joie affreuse. Aussi, c’était trop horrible, de me faire
lire cela… à moi !…
    Renaud saisit les deux mains de la jeune
femme…
    – Marie, dit Renaud, cherchez le papier…
vous le voyez ?…
    – Oui… oui… le ruisseau l’entraîne… Il va
rouler jusqu’à la Seine… Ah !… Dieu soit loué !… Il tombe
dans la Seine !…
    – Suivez-le, Marie, suivez-le ! Ne
le perdez pas de vue !
    – Je le vois, je le vois !…
    – Eh bien, lisez !…
    Roncherolles et Saint-André râlaient
d’épouvante.
    – Lisez ! répéta Renaud.
    – Non ! non !… Pas moi !…
Renaud, pitié pour ta femme !
    – Lisez !…
    Alors, vaincue, d’une voix de détresse
effroyable :
    – 
Monsieur Renaud… la fille… que vous
allez… épouser… s’appelle… Marie… de…
    Un râle, un sanglot de tristesse
ineffable :
    – 
S’appelle… Marie… Marie de
Croixmart…
    Marie s’était affaissée sur les genoux. Elle
avait entouré de ses deux bras les genoux de Renaud, y avait appuyé
sa tête, et, ainsi, elle pleurait… Renaud était immobile, comme
foudroyé… Seulement, il dressa au ciel ses bras et crispa les
poings…
    Et ce groupe dégageait une si formidable
douleur que Roncherolles et Saint-André eurent l’intuition qu’ils
avaient été au delà des bornes imposées à la haine elle-même.
    – Ô ma mère ! prononça enfin Renaud.
Ô ton pauvre corps que j’ai vu se tordre dans les flammes !…
l’abominable souffrance que j’ai lue sur ton pauvre visage !…
Voici, là, à mes pieds, la dénonciatrice !… La fille de
Croixmart !…
    Renaud abaissa ses poings comme s’il allait
écraser la pauvre fille prosternée… Mais il ne toucha pas
Marie :
    – Non, n’est-ce pas, mère martyre ?
Tu ne veux pas que je la tue ?… Ce serait trop simple,
n’est-ce pas ? Que serait ce châtiment d’une seconde auprès de
ce que tu as souffert… auprès de ce que je souffre, moi !… Que
m’ordonnes-tu, mère ?…
    – Oh ! bégaya Saint-André, il parle
de la sorcière morte !… Oh ! si nous allions la voir
apparaître, nous désigner !…
    Renaud poursuivait de sa voix morne :
    – Et pourtant, tu le sais, il faut que je
parte tout de suite !… Dois-je donc la laisser impunie ?…
Oh ! je t’entends…
Je dois partir ! Je dois laisser
en suspens jusqu’à mon retour le choix du châtiment ! Je dois
lui ordonner d’oublier ! Je dois oublier moi-même ! Et,
dans vingt jours, reprendre le jugement au point précis, à la
parole même où je le laisse cette nuit !…
    Renaud, brusquement, saisit les mains de
Marie, et prononça :
    – Oubliez !… Tout. La lettre. Est-ce
effacé ?…
    – Oui, mon bien-aimé !…
    – Mon bien-aimé !
    Un long sanglot pareil à un cri de bête fusa
de ses lèvres tuméfiées. Il râla des lambeaux de paroles
indistinctes. Tout à coup, Renaud parut se calmer. Il se baissa,
saisit Marie dans ses bras.
    – Venez, dit-il aux deux témoins de cette
scène effroyable.
    Il se mit en marche. Depuis l’église jusqu’à
la maison de la rue de la Tisseranderie, il ne faiblit pas.
    Marie dormait, la tête sur son épaule, d’un
sommeil paisible, un bras gracieusement jeté autour du cou de son
mari.
    – Jésus ! cria dame Bertrande
tremblante, en voyant Renaud, vous êtes pareil à un spectre,
seigneur Renaud !…
    Le jeune homme passa sans répondre. Il monta
et déposa Marie sur son lit. Derrière lui, les deux amis étaient
montés… En bas, dame Bertrande priait…
    – Écoutez-moi, dit Renaud d’une voix
rude. Je vais partir. Il me faut huit jours pour aller, huit pour
revenir, deux pour rester là-bas, deux pour l’imprévu. Vingt jours.
Dans vingt jours, je serai de retour. Jurez-moi de veiller sur
elle.
    – Je le jure ! grondèrent les deux
hommes.
    – Je vous la confie. Jurez-moi que dans
vingt jours, je la retrouverai ici. Et vous aurez droit de vie et
de mort sur moi !…
    – Nous le jurons ! dirent-ils
ensemble.
    – Cette fille va demeurer endormie
pendant deux heures. Vous ne lui direz rien de ce qui vient de se
passer, mais seulement que dans vingt jours, je serai près
d’elle.
    Il se tourna vers Marie… Ses lèvres se
crispèrent comme si les sanglots allaient être plus forts que sa
volonté. Mais il se dompta, se pencha sur la jeune femme endormie,
et, d’une voix qui semblait calme :
    – Marie, m’entendez-vous ?…
    – Oui, mon bien-aimé, je

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