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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fréquentées par
les gens de cour. Pourtant il n’y avait plus personne dans la salle
commune, et on allait fermer. Un garçon s’approcha.
    – Une bouteille de vin d’Espagne, dit
Roncherolles. Des plumes. De l’encre. Une feuille. De la cire.
    Les deux acolytes se regardèrent. Ils étaient
livides.
    – Enfin ! soupira Saint-André.
    – Oui, n’est-ce pas ? Il est perdu,
cette fois. Ce que nous cherchions depuis huit jours, il nous
l’offre lui-même !…
    – Oui. Et le Dauphin n’aura pas à se
plaindre, cette nuit.
    – Pour cela il ne faut pas que le mariage
se fasse.
    – Qu’importe ! gronda Saint-André.
L’époux s’en va !
    – Ce serait vrai avec tout autre que
Marie de Croixmart. Cette fille succombera peut-être, si elle est
encore fille. Mariée, le serment de fidélité juré, il faudra la
tuer.
    Le garçon déposait sur la table les objets
demandés.
    – Diable ! Comment faire,
alors ? reprit Saint-André. Il n’y a aucun moyen d’empêcher ce
mariage, à moins d’en revenir à ma première idée, et de poignarder
l’homme.
    – Il y a un moyen, gronda Roncherolles.
Un coup de poignard, on en meurt ou on en guérit. Mais le coup que
je vais porter, moi, il n’en guérira jamais, entends-tu,
jamais !…
    – Sur ma foi, tu me fais peur !…
    – C’est pourtant bien simple. Tiens,
regarde.
    Et Roncherolles se mit à écrire, puis il passa
la feuille à Saint-André, qui la lut, étouffa un cri et
gronda :
    – Oh ! ceci, mon maître, est une
merveille !
    Voici ce que venait d’écrire
Roncherolles :
    « 
Monsieur Renaud,
    « 
La fille que vous allez épouser
s’appelle
MARIE DE CROIXMART. »
    – Gervais ! appela Roncherolles.
    Le garçon accourut.
    – Gervais, veux-tu gagner dix écus d’or à
la salamandre ?
    – Je suis prêt à me jeter au feu pour les
prendre !
    – Bon ! fit Roncherolles. Prends
cette dépêche. Trouve-toi à la demie de minuit devant
Saint-Germain-l’Auxerrois. Tu la remettras à un jeune homme causant
avec moi sous le porche. C’est tout. Tu auras tes dix écus. Le
jeune homme s’appelle M. Renaud. Je t’éventre si tu
oublies !

IV – LA LETTRE
    Quelques minutes avant minuit, Roncherolles et
Saint-André s’arrêtent devant le porche de l’église. Soudain,
au-dessus de leurs têtes, le bronze s’est mis à mugir douze coups
sonores. À ce moment, Renaud s’avance, soutenant Marie dont il
entoure la taille.
    Ce n’est pas le mariage qu’elle a rendu
inutile ; c’est l’holocauste d’amour qui est inutile !
Elle est venue !… En vain, elle s’est débattue contre la ferme
volonté de Renaud. En vain elle a essayé de le pousser à partir sur
l’heure. Tout à coup, elle a cessé de résister, avec l’intuition
qu’un mot de plus allait faire naître des soupçons chez son
fiancé !…
    Et elle est venue, marchant au mariage comme
marchent à l’enfer les damnés…
    Renaud a aperçu Saint-André et Roncherolles et
a eu un cri de joie reconnaissante. Puis leur serrant les
mains :
    – Le laissez-passer ?…
    – Le voici, dit Saint-André en présentant
un papier plié.
    – Le cheval, ajouta-t-il.
    – Attaché aux grilles du porche de
l’église.
    – Bien. Entrons.
    – Il est trop tôt, la messe est pour une
heure…
    – 
La messe est pour minuit,
dit
simplement Renaud. J’ai obtenu cela, je gagne ainsi une heure.
    Saint-André et Roncherolles demeurent
foudroyés.
    – Mes chers bons amis, reprend Renaud,
mes frères, voici Marie, celle qui va être ma femme. Marie, ces
deux-ci sont ce que j’ai de plus cher au monde après mon père et
toi, le comte Jacques d’Albon de Saint-André, le baron Gaëtan de
Roncherolles…
    Ils murmurent quelques paroles confuses. Quant
à Marie, pas un souffle. Défaillante, elle s’avance dans l’église,
où elle voit éclater en lettres de feu le mot qui résonne dans sa
tête :
    – SACRILÈGE !…
    La scène est maintenant dans l’église
Saint-Germain-l’Auxerrois. Quatre cierges éclairent un vieux prêtre
qui, avec des gestes lents, officie devant Renaud et Marie
agenouillés. Un peu en arrière, à demi perdus dans l’ombre,
Saint-André et Roncherolles, blafards, couvent de leur regard ces
deux êtres si jeunes, si beaux…
    Puis le vieillard présente les deux anneaux
aux époux. Et tandis que s’échangent les deux signes d’union, le
prêtre prononce les verbes qui cimentent à jamais l’alliance des
deux âmes. Et

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