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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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son manteau.
Le pont franchi, Catherine s’arrêta devant une immense porte
massive.
    – J’entre avec vous, dit Loyola, mais
c’est pour convaincre d’imposture celui à qui vous faites un tel
honneur.
    En même temps, le général des jésuites mit la
main sur un marteau de bronze ciselé en forme de sphinx. Mais avant
que le marteau ne fût retombé, la porte s’ouvrit.
    Ils entrèrent, et se trouvèrent dans un grand
vestibule éclairé par trois énormes candélabres supportant chacun
trois cierges de cire disposés de façon à former un triangle. Au
fond du vestibule commençait un escalier de marbre rouge. Sur la
première marche, se tenait un petit vieillard vêtu de noir. Il
salua et prononça :
    – Mon maître vous attend.
    Puis il monta. Au premier étage, le petit
vieux ouvrit une porte et s’effaça pour laisser passer les
visiteurs. La salle où ils pénétrèrent alors était étrange dans sa
simplicité.
    Elle était parfaitement ronde et son plafond
s’arrondissait lui-même en un dôme au zénith duquel brillait un
fanal qui versait une lumière douce. Douze portes s’ouvraient sur
cette salle. Sur le fronton de chacune de ces portes était
représenté l’un des signes du zodiaque. Sur la frise qui courait
autour de la muraille, apparaissaient les sept planètes. Les portes
étaient séparées l’une de l’autre par des colonnes de jaspe. Sur
chacune de ces colonnes, était gravé le nom de l’un des mois du
calendrier astrologique.
    Au pied de chaque colonne était accroupie une
figure de marbre aux formes chimériques. Et ces figures
représentaient les douze Génies attachés à chacun des douze signes
du zodiaque.
    Tout l’ameublement consistait en douze
fauteuils de marbre rouge rangés symétriquement par rapport aux
douze portes d’ivoire. Ils étaient placés autour d’une table ronde
supportée par quatre sphinx de marbre. La table était un bloc d’or
pur sur lequel était figuré en relief le signe suprême, le
rayonnant symbolisme de haute magie, la
Rose-Croix
[12] , au
centre de laquelle brillait en lettres de diamants le verbe
sacré :
    INRI
    C’était une fabuleuse mise en scène de
mystère, jetant dans l’âme exorbitée une religieuse horreur en même
temps qu’une admiration tremblante.
    Loyola demeura dédaigneux. Catherine sentit
son cœur grelotter. Et leurs regards se fixèrent sur l’homme qui
s’avançait en souriant : Nostradamus !… Il était vêtu
selon la mode des seigneurs de la cour de France. Il portait
l’épée. Mais à son pourpoint, il n’y avait pas d’autre ornement
qu’une chaîne d’or terminée par une Rose-Croix de rubis. Il était
de haute taille, avec un visage d’une beauté parfaite, mais d’une
pâleur extra-humaine.
    – Noble dame, dit-il, et vous, seigneur,
je vous salue…
    Il fit asseoir Catherine dans le fauteuil
correspondant à la porte sur laquelle était tracé le signe de la
Balance,
et Loyola dans le fauteuil correspondant au
Sagittaire.
Lui-même prit place dans le fauteuil
correspondant au
Lion.
    Ils étaient ainsi placés tous trois de façon à
occuper les trois sommets d’un triangle dont les côtés étaient
égaux.
    – Madame, dit Nostradamus de sa voix
grave, je mets cette nuit ma science à votre service, et j’attends
vos questions.
    – Ta science ! gronda Loyola avec
mépris. Magie !… Vaines chimères ! Impostures !… à
moins que je ne dise CRIME !

III – LOYOLA.
    Nostradamus tourna la tête vers celui qui
l’attaquait.
    – Seigneur gentilhomme, dit-il avec
bonhomie, vous avez dit :
crime.
Vous êtes pareil à
l’aveugle qui nie le soleil. Pourquoi vous faites-vous le champion
de l’ignorance ? Écoutez, madame, voici un triple faisceau de
lumineuses hypothèses : Le monde visible n’est que l’ombre
d’un monde réel qui échappe à nos sens. Figurez-vous un homme dans
une caverne et tournant le dos à l’entrée. Cet homme n’est jamais
sorti de la caverne. Il ignore même qu’elle ait une entrée. Sur la
muraille du fond, il voit s’agiter les ombres de tout ce qui, à
l’extérieur, passe devant la caverne. Que sont ces ombres pour
lui ? La seule
réalité
qu’il connaisse. Et pourtant
ce ne sont que des ombres. La vraie réalité est hors de la caverne…
Supposez maintenant que quelqu’un placé près de cet homme regarde
vers l’entrée ; il verra les êtres
réels
qui
s’agitent
au dehors ;
il surprendra leurs gestes. Ne
connaîtra-t-il pas

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