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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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homme, là, sanglant, qu’elle reconnaît, son fiancé dont
l’effrayante clameur hurle encore :
    – Ma mère ! Ma mère ! Ma
mère !
    – Sa mère ?… Que dit-il ?… Sa
mère ?… je rêve !…
    Les archers se ruent sur Renaud… Marie
bégaie :
    – Celle que j’ai livrée au bûcher… c’est…
sa… mère ?…
    Les hommes montrent le poing aux archers. Les
femmes sanglotent. Croixmart comprend que quelque chose de terrible
se prépare. Les archers, en vain, tentent d’arriver jusqu’à
Renaud…
    – Ma mère ! Ma mère ! Ma
mère !
    – Sa mère ! C’est sa mère !
râle Marie Vacillante.

V – L’ÉMEUTE
    Sur la place, une rafale de rumeurs, soudain.
Une ruée d’êtres déguenillés, surgis on ne sait d’où. Et au moment
où les archers de Croixmart vont enfin saisir Renaud, qui
s’écroule, à demi-mort, le jeune homme se sent emporté par des gens
qui lui crient :
    – Courage ! Nous allons venger la
bonne Providence !
    – Maudite ! murmure Renaud, maudite
soit la dénonciatrice ! Malheur à la fille de
Croixmart !…
    Pourtant, c’est en murmurant le nom de Marie
que Renaud s’évanouit.
    On l’emporte, tandis que le bûcher crépite,
tandis que des vociférations éclatent, tandis qu’une tempête de
fureur soulève l’océan humain qui déferle. Insensée, Marie regarde
et balbutie :
    – Cette femme… là… au bûcher… c’est sa
mère !…
    Où est Renaud ?… Elle ne le voit
plus ! Mais son père est là, tout raide sur son cheval,
l’estramaçon au poing, criant des ordres, protégeant le
bûcher ! De toutes ses forces, il veut ! Brûle,
sorcière ! Brûle, toi qui m’as menacé ! Brûle, jusqu’au
bout ! En avant, mes gens d’armes ! Balayez-moi ces
truands !…
    – Petite-Flambe ! En avant, la Cour
des Miracles !
    – Trinquemaille et Saint-Pancrace !
Trinquemaille !
    – Strapafar, milo dious !
Strapafar !
    – Corpodibale, porco dio,
Corpodibale !
    – Bouracan, sacrament,
Bouracan !…
    Quatre jeunes truands d’une vingtaine
d’années, frénétiques, en lambeaux, conduisent l’attaque…
    Marie regarde le bûcher. Et, tout à coup, un
immense cri d’horreur : le poteau vient de s’abattre ! Le
corps de la sorcière disparaît… L’horrible supplice est
consommé !…
    Morte. La
dame,
la bonne Providence
est morte. Il n’y a plus dans la fournaise qu’un cadavre sans
apparence humaine qui achève de se réduire en cendres… Alors, Marie
se détourne.
    – C’est fini, prononce-t-elle tout
bas.
    Qu’est-ce qui est fini ? Elle ne sait
pas. Le supplice ? Ou bien son amour ? Oui, tout est fini
pour elle au monde, puisqu’entre elle et Renaud il y a maintenant
une malédiction et un cadavre. Fuir ! Il n’y a plus que cette
volonté en elle. S’en aller n’importe où, et mourir sans avoir revu
Renaud !… Agenouillée dans un angle de la chambre, terrorisée,
une femme…
    – Bertrande, je vais partir d’ici.
Veux-tu me suivre ?
    – Oui, oui. C’est affreux. Partons,
demoiselle.
    – Allons-nous-en, dit Marie en claquant
des dents.
    – Votre père ! Et votre
père !…
    – Je n’ai pas de père. Veux-tu que je
m’en aille seule ?
    – Je vous suis ! Seigneur, on se
massacre sur la place !…
    Prudente, dame Bertrande rafle de l’or, des
bijoux, diamants, perles, une fortune… Et, par un escalier dérobé,
les deux femmes descendent. Quelques instants plus tard, Marie
s’éloigne de l’hôtel de Croixmart…
    Sur la place, l’émeute bat des ailes. Deux
cents cadavres autour du bûcher ; des centaines de
blessés ; des cris ; des malédictions ; des mêlées
furieuses ; des groupes, où l’on s’égorge… et là, au pied de
l’hôtel Croixmart, une masse plus hérissée, de tout ce qui tue… Là,
entouré encore d’une vingtaine d’archers, sombre, livide,
l’estramaçon rouge, le seigneur de Croixmart se défend…
    – Pas de quartier ! Tue !
Tue !…
    – Strapafar, vivadiou ! Corpodibale,
madonna ladra !
    – Bouracan !
Trinquemaille !
    Une prodigieuse ruée d’êtres déguenillés qui
s’entraînent. Le halètement monstrueux d’une foule en délire… et,
soudain, un corps tombe !… Un corps sur lequel s’abattent des
bras !… Dix minutes s’écoulent… et alors, un tonnerre de
vivats, un ouragan de rires ! Et ce qu’on voit alors, c’est
l’horreur d’une curée où les chiens sont des hommes, où la bête est
un homme…

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