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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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c’est un corps
déchiré, lacéré, dépecé, mis en
pièces…
C’EST TOUTE LA PRÉDICTION DE LA SORCIÈRE QUI
S’ACCOMPLIT !…
    Et cette tête livide, cette tête qu’on promène
au bout d’une pique, c’est celle du baron Gerfaut, seigneur de
Croixmart, grand juge prévôtal !… Justice est
faite !…

VI – LES CENDRES DU BÛCHER
    Le soir tomba. Sur cette place, où l’émeute
avait agité ses mille bras sanglants, la solitude paraissait plus
effrayante. Sur le bûcher refroidi brillait la lueur d’un falot. Un
homme, en effet, penché sur les cendres du bûcher, les fouillait de
ses mains tremblantes.
    De temps à autre, il ramassait d’un geste
empreint d’une piété tragique un ossement blanchi et, doucement, le
déposait dans une caisse en chêne… Tout à coup, il tomba à
genoux : il venait de découvrir la tête de la suppliciée, une
tête que les flammes avaient à peine atteinte. Un sanglot secoua
les épaules du travailleur nocturne ; il murmura :
    – Ma mère !…
    Dans cette minute, Marie de Croixmart apparut
au coin de la place de Grève et se dirigea vers ce qui avait été le
bûcher. Elle était en grand deuil… Et ce deuil qu’elle portait,
c’était celui de la mère de Renaud… Quant à son père, elle ignorait
sa terrible fin. Dame Bertrande lui avait, par un mensonge, conté
la fuite du grand juge rendu responsable par le roi de la révolte
des truands ; il s’était, disait-elle, réfugié dans son
château de Croixmart en Île-de-France…
    Marie de Croixmart atteignit le bûcher et vit
l’homme.
    – Renaud ! balbutia-t-elle,
pantelante. Seigneur ! Vous avez donc voulu que la fille de
Croixmart s’entendît maudire par le fils de la
suppliciée !…
    Alors, Marie de Croixmart, secouée d’un mortel
frisson, voulut fuir !… À ce moment, Renaud la vit et d’une
voix d’étrange douceur, prononça :
    – Je vous ai appelée, Marie, et vous
voici venue à mon aide. Ô Marie, ma chère fiancée, je vous
bénis !…
    L’âme emplie d’une surnaturelle horreur, Marie
bégaya :
    – Appelée !… Vous dites que vous
m’avez appelée !…
    – Oui, Marie, dit le jeune homme en
allant à elle. Et tu m’as entendu, puisque te voici. Tout à
l’heure, lorsque j’ai commencé à fouiller ces cendres pour y
trouver les restes de ma mère, j’ai eu peur de ne pouvoir aller
jusqu’au bout… Alors, j’ai songé que ton amour me rendrait plus
fort contre la douleur… et je t’ai appelée…
    Un cri de joie retentit dans l’esprit de
Marie.
Dans son esprit,
et non sur ses lèvres, qu’elle
mordit jusqu’au sang…
    – Puissances du ciel ! hurla
l’esprit de Marie silencieuse. Renaud ne me maudit pas ! C’est
que Renaud ignore que je suis la fille de Croixmart !… Renaud,
aujourd’hui, ne m’a pas vue à la fenêtre !… Oh ! qu’il
ignore toujours !…
    Pas une seconde, la pensée ne lui vint
d’avouer qui elle était, de tenter d’expliquer le fatal événement,
que cette dénonciation avait été involontaire. Marie se fit le
serment de vivre toute sa vie près de Renaud, sans lui dire qui
elle était. Mensonge ? Hypocrisie ? Le crime, le
mensonge, l’hypocrisie de Marie eût été de détruire son amour, de
blesser à mort l’homme aimé, en proclamant qu’elle était la fille
de l’assassin.
    En quelques secondes, Marie organisa sa vie de
fille sans nom,
échafauda une existence bâtie sur le
mensonge,
et de ce mensonge, fit une vérité sublime.
    – Renaud, dit-elle d’une voix calme qui
vibrait seulement de son pur amour, mon bien aimé, je suis à toi,
toute. Veux-tu que je t’aide ?
    – Tu m’aides de ta présence, murmura
Renaud, enivré par cette ineffable musique. C’est fini, tiens,
regarde…
    Et prenant le falot, il éclaira l’intérieur de
la caisse. Marie se pencha sur ces pauvres ossements, quelques-uns
tout blancs, d’autres noirs, et murmura une prière. Puis enlaçant
Renaud :
    – Mon fiancé, mon époux, ta douleur,
c’est toute ma douleur. Cette souffrance, n’est-ce pas l’union de
nos deux êtres ?…
    – L’union, oui, dit-il. Rien ne peut nous
séparer…
    – Rien ? fit-elle dans un souffle
haletant.
    – Rien, Marie. Rien.
Pas même la
mort,
crois-moi !
    Renaud, alors, se pencha sur la tête qu’il
venait d’exhumer. Doucement, il l’essuya. Marie se sentait
défaillir. Renaud tremblait. Il s’y prit à deux fois avant de se
sentir assez fort pour soulever ce

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