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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faible poids, et déposer la tête
dans le cercueil. Et, lorsqu’il l’eut prise, enfin, il la garda un
instant dans ses mains.
    Marie, à genoux, crut qu’elle allait mourir.
Et si elle ne s’évanouit pas, c’est qu’elle se disait :
« Si je succombe à la faiblesse, il pourra m’échapper un mot
qui apprenne à Renaud la vérité qui nous tuerait tous
deux !… » Renaud pleurait. Et Marie entendait sa voix
brisée.
    – Ô ma pauvre vieille mère, pardon !
Pardon pour moi, et pardon pour cet ange qui assiste à vos
funérailles. N’est-ce pas, que vous lui pardonnez ? Ce n’est
pas sa faute si je suis resté à Paris, et si vous y avez attendu.
Si elle avait su que la fille de Croixmart vous guettait, elle
m’eût crié de fuir et de vous sauver… n’est-ce pas, ma
fiancée ?…
    – Oui ! répondit Marie en incrustant
ses ongles dans ses mains pour que la douleur l’empêchât de
s’évanouir.
    – Pardonnez-lui donc, mère !
poursuivait Renaud.
    À ce moment, la tête… la tête morte… la tête
exsangue… la tête ouvrit les yeux… [1] . Marie jeta
un cri d’angoisse. Renaud vacilla et devint aussi pâle que cette
tête qu’il tenait. Mais presque aussitôt il se remit et
prononça :
    –
 
Les morts
entendent…
    Le silence était profond. Marie grelottait.
Elle était hors le réel, hors la vie.
    – Tu vois, dit Renaud avec exaltation,
elle nous a pardonné. Marie ! Ma mère a béni notre amour…
    Marie eut un soupir atroce…
    – Ma mère, dormez en paix. Le serment que
je vous ai fait, je le renouvelle : tu seras vengée… la fille
de Croixmart mourra comme tu es morte : par le feu !…
    Marie demeura écrasée, serrant sa langue entre
ses dents pour ne pas crier : Grâce pour moi ! Grâce pour
mon amour !…
    Le bruit du marteau frappant sur les clous la
ranima. Elle se leva… Renaud avait déposé la tête dans le petit
cercueil, et il clouait le couvercle. Il dit :
    – Marie, soyez brave jusqu’au bout.
Éclairez-moi…
    La jeune fille à demi-folle, prit le falot,
s’approcha de Renaud à genoux, et se tint près de lui, tandis qu’il
frappait du marteau. En cet instant, le pas sourd d’hommes en
marche fit retentir les échos endormis de la place de Grève.
    C’était une patrouille d’archers du guet
commandée par un officier. Près de l’officier marchaient deux
gentilshommes. Tous s’arrêtèrent brusquement. Cet inconnu à genoux
dans les cendres du bûcher et achevant de clouer le couvercle d’un
cercueil, cette femme drapée de noir, cette scène éclairée par les
lueurs du falot, ce dut être pour eux une vision créatrice
d’effroi… Ils reculèrent. L’un des gentilshommes s’avança, au
contraire, examina les deux apparitions, étouffa un juron de joie
haineuse, et revint à ses compagnons.
    – Que font ces deux envoyés de
Satan ? gronda l’officier.
    Le gentilhomme lui saisit le bras et murmura à
son oreille :
    – Silence, monsieur !… Rentrez au
Louvre, sans bruit. Et faites savoir aux fils du roi qu’ils aient à
ne plus s’inquiéter…
    L’officier obéit. La patrouille s’éloigna.
Mais les deux gentilshommes étaient restés cachés dans l’ombre. Ces
deux hommes étaient : l’un, le comte Jacques d’Albon de
Saint-André ; l’autre, le baron Gaétan de Roncherolles.

VII – LE CIMETIÈRE DES INNOCENTS
    Ni Marie, ni Renaud, n’avaient rien vu,
emportés qu’ils étaient bien loin des choses de ce monde. Lorsque
le dernier clou fut enfoncé, Renaud se releva, le petit cercueil
dans ses bras. Puis il fit signe à Marie de le suivre.
Silencieusement, ils se mirent en route, lui, portant la caisse de
chêne, elle, portant le falot. Bientôt, ils parvinrent à un enclos
dont Renaud ouvrit la porte à claire-voie. Ils entrèrent. Et Marie
vit alors qu’ils étaient dans le cimetière des Innocents.
    Renaud pénétra dans une cabane qui contenait
les outils du fossoyeur, et en ressortit avec une bêche. Il se mit
à creuser. Quand il eut fini, il vit Marie si pâle, si pétrifiée
que, pour toujours, cette vision se grava dans son esprit.
    Il lui prit la main et la garda un instant
dans la sienne, puis, il combla la fosse au fond de laquelle il
avait déposé le cercueil.
    – Dormez en paix, ma mère. Adieu. Je vais
me mettre à l’œuvre. Je retrouverai la fille de Croixmart…
    Un sanglot l’interrompit. Marie
pantelait :
    – Pourquoi ne parle-t-il pas de mon
père ?… Pourquoi parle-t-il

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