Odyssée
montagnes, hurlent contre elle au milieu des cris des p‚tres ; de même veillaient les gardes, et le doux sommeil n'abaissait point leurs paupières pendant cette triste nuit ; mais ils étaient tournés du côté de la plaine, écoutant si les Troiens s'avançaient.
Et le vieillard Nestôr, les ayant vus, en fut réjoui ; et, les félicitant, il leur dit en paroles ailées :
- C'est ainsi, chers enfants, qu'il faut veiller. que le sommeil ne saisisse aucun d'entre vous, de peur que nous ne soyons le jouet de l'ennemi.
Ayant ainsi parlé, il passa le fossé, et les rois Argiens convoqués au conseil le suivirent, et, avec eux, Mèrionès et l'illustre fils de Nestôr, appelés à délibérer aussi. Et, lorsqu'ils eurent passé le fossé, ils s'arrêtèrent en un lieu d'o˘ l'on voyait le champ de bataille, là o˘ le robuste Hektôr, ayant défait les Argiens, avait commencé sa retraite dès que la nuit eut répandu ses ténèbres. Et c'est là qu'ils délibéraient entre eux. Et le cavalier Gérennien Nestôr parla ainsi le premier:
- ‘ amis, quelque guerrier, s˚r de son coeur audacieux, veut-il aller au milieu des Troiens magnanimes ? Peut-être se saisirait-il d'un ennemi sorti de son camp, ou entendrait-il les Troiens qui délibèrent entre eux, soit qu'ils veuillent rester loin des nefs, soit qu'ils ne veuillent retourner dans leur ville, qu'ayant dompté les Akhaiens. Il apprendrait tout et reviendrait vers nous, sans blessure, et il aurait une grande gloire sous l'Ouranos, parmi les hommes, ainsi qu'une noble récompense. Les chefs qui commandent sur nos nefs, tous, tant qu'ils sont, lui donneraient, chacun, une brebis noire allaitant un agneau, et ce don serait sans égal ; et toujours il serait admis à nos repas et à nos fêtes.
Il parla ainsi, et tous restèrent muets, mais le brave Diomèdès répondit :
- Nestôr, mon coeur et mon esprit courageux me poussent à entrer dans le camp prochain des guerriers ennemis ; mais, si quelque héros veut me suivre, mon espoir sera plus grand et ma confiance sera plus ferme. quand deux hommes marchent ensemble, l'un conçoit avant l'autre ce qui est utile.
Ce n'est pas qu'un seul ne le puisse, mais son esprit est plus lent et sa résolution est moindre.
Il parla ainsi, et beaucoup voulurent le suivre : les deux Aias, nourrissons d'Arès, et le fils de Nestôr, et Mèrionès, et l'Atréide Ménélaos illustre par sa lance. Uaudacieux Odysseus voulut aussi pénétrer dans le camp des Troiens. Et le roi des hommes, Agamemnôn, parla ainsi au milieu d'eux :
- Tydéide Diomèdès, le plus cher à mon ‚me, choisis, dans le meilleur de ces héros, le compagnon que tu Voudras, puisque tous s'offrent à toi ; mais ne néglige point, par respect, le plus robuste pour un plus faible, même s'il était un roi plus puissant.
Il parla ainsi, et il craignait pour le blond Ménélaos mais le brave Diomèdès répondit :
- Puisque tu m'ordonnes de choisir moi-même un compagnon, comment pourrais-je oublier le divin Odysseus qui montre dans tous les travaux un coeur irréprochable et un esprit viril, et qui est aimé de Pallas Athènè ? S'il m'accompagne, nous reviendrons tous deux du milieu des flammes, car il est plein d'intelligence.
Et le patient et divin Odysseus lui répondit :
- Tydéide Diomèdès, ne me loue ni ne me bl‚me outre mesure. Tu parles au milieu des Argiens qui me connaissent. Allons ! la nuit passe ; déjà l'aube est proche ; les étoiles s'inclinent. Les deux premières parties de la nuit se sont écoulées, et la troisième seule nous reste.
Ayant ainsi parlé, ils se couvrirent de leurs lourdes armes. Thrasymèdès, ferme au combat, donna au Tydéide une épée à deux tranchants, car la sienne était restée sur les nefs, et un bouclier. Et Diomèdès mit sur sa tête un casque fait d'une peau de taureau, terne et sans crinière, tel qu'en portaient les plus jeunes guerriers. Et Mèrionès donna à Odysseus un arc, un carquois et une épée. Et le Laertiade mit sur sa tête un casque fait de peau, fortement lié, en dedans, de courroies, que les dents blanches d'un sanglier hérissaient de toutes parts au dehors, et couvert de poils au milieu. Autolykos avait autrefois enlevé ce casque dans …léôn, quand il força la solide demeure d'Amyntôr Orménide ; et il le donna, dans Skandéia, au Kythérien Amphidamas ; et Amphidamas le donna à son hôte Molos, et Molos à son fils Mèrionès. Maintenant Odysseus le mit sur sa
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