Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
accoutumés à vaincre et à commander.
Restez, toutefois, encore à Rome. L'intention du gouvernement est qu'on mette ces gens dans leur tort.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Bologne, le 28 vendémiaire an 5 (19 octobre 1796).
Au peuple de Modène.
J'ai vu avec plaisir en entrant dans votre ville l'enthousiasme qui anime les citoyens, et la ferme résolution où ils sont de conserver leur liberté. La constitution et votre garde nationale seront promptement organisées ; mais j'ai été affligé de voir les excès auxquels se sont portés quelques mauvais sujets indignes d'être Bolonais.
Un peuple qui se livre à des excès est indigne de la liberté ; un peuple libre est celui qui respecte les personnes et les propriétés. L'anarchie produit la guerre intestine et les calamités publiques. Je suis l'ennemi des tyrans ; mais avant tout je suis l'ennemi des scélérats, des brigands qui les commandent lorsqu'ils pillent ; je ferai fusiller ceux qui, renversant l'ordre social, sont nés pour l'opprobre et le malheur du monde.
Peuple de Bologne, voulez-vous que la république française vous protège ? voulez-vous que l'armée française vous estime et s'honore de faire votre bonheur ? voulez-vous que je me vante quelquefois de l'amitié que vous me témoignez ? Réprimez ce petit nombre de scélérats, faites que personne ne soit opprimé : quelles que soient ses opinions, nul ne peut être opprimé qu'en vertu de la loi... ; faites surtout que les propriétés soient respectées.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Ferrare, le 50 vendémiaire an 5 (21 octobre 1796).
À Monsieur le cardinal Mattei.
La cour de Rome a refusé d'adopter les conditions de paix que lui a offertes le directoire ; elle a rompu l'armistice ; et en suspendant l'exécution des conditions, elle arme : elle veut la guerre, elle l'aura ; mais, avant de pouvoir de sang-froid prévoir la ruine et la mort des insensés qui voudront faire obstacle aux phalanges républicaines, je dois à ma nation, à l'humanité, à moi-même, de tenter un dernier effort pour ramener le pape à des sentimens plus modérés, conformes à ses vrais intérêts, à son caractère et à la raison. Vous connaissez, monsieur le cardinal, les forces et la puissance de l'armée que je commande : pour détruire la puissance temporelle du pape, il ne me faudrait que le vouloir. Allez à Rome ; voyez le Saint-Père, éclairez-le sur ses vrais intérêts ; arrachez-le aux intrigans qui l'environnent, qui veulent sa perte et celle de la cour de Rome. Le gouvernement français permet encore que j'écoute des négociations de paix ; tout pourrait s'arranger. La guerre, si cruelle pour les peuples, a des résultats terribles pour les vaincus ; évitez de grands malheurs au pape : vous savez combien je désire finir par la paix une lutte que la guerre terminerait pour moi sans gloire comme sans périls.
Je vous souhaite, monsieur le cardinal, dans votre mission, le succès que la pureté de vos intentions mérite.
BONAPARTE.
Vérone, le 3 brumaire an 5 (24 octobre 1796).
Au citoyen Cacault.
Je vous ferai passer une lettre du ministre Delacroix. Le directoire me prévient que vous êtes chargé de continuer les négociations avec Rome. Vous me tiendrez exactement instruit de ce que vous ferez, afin que je saisisse le moment favorable pour exécuter les intentions du directoire exécutif. Vous sentez bien qu'après la paix avec Naples et avec Gênes, la bonne harmonie qui règne avec le roi de Sardaigne, la reprise de la Corse et notre supériorité décidée dans la Méditerranée, je n'attendrai que le moment pour m'élancer sur Rome et y venger l'honneur national : la grande affaire actuellement est de gagner du temps. Mon intention est, lorsque j'entrerai sur les terres du pape, ce qui encore est éloigné, de le faire, en conséquence de l'armistice, pour prendre possession d'Ancône ; de là, je serai plus à même d'aller plus loin, après avoir mis en ordre mes derrières.
Enfin, le grand art actuellement est de jeter réciproquement la balle pour tromper le vieux renard. Si vous pouviez obtenir un commencement d'exécution de l'armistice, je crois que cela serait bon, mais difficile, à ce que je crois.
Nos affaires reprennent aujourd'hui, et la victoire paraît revenir sous nos drapeaux.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Vérone, le 4 brumaire an 5 (25 octobre 1796).
Au directoire exécutif.
Nous sommes en mouvement : l'ennemi paraît
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