Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
j'apprécie plus que personne les secours réels que rendent à l'état les arts et les sciences, et que je serai toujours empressé de seconder de tout mon zèle vos intentions sur cet objet.
BONAPARTE.
Au citoyen Poussielgue.
J'ai reçu votre lettre du 30.
Les propositions ne sont pas acceptables. Donner toute la Lombardie pour un secours de huit mille hommes, c'est-à-dire pour 5,000, car il n'y en aura jamais davantage, c'est trop demander aujourd'hui, que la paix avec Naples et Gênes est faite. Le Piémont gagne beaucoup à faire une alliance avec nous ; il est sûr par là d'effacer de l'esprit de ses sujets le mépris que leur donne le dernier traité. Ajoutez à cela : 1°. des espérances vagues d'être favorisé dans le traité de paix ; 2°. les fiefs impériaux, ou un équivalent de masse du côté de la rivière de Gênes : cela devrait être bien suffisant.
L'article II est inadmissible ; jamais la France ne garantirait rien qu'autant que le succès permettrait de l'obtenir. Continuez toujours vos négociations.
Tout ici va bien.
BONAPARTE.
Aux membres du congrès d'état.
Je vous autorise, messieurs, à prendre toutes les mesures que vous croyez utiles, en les communiquant au général commandant la Lombardie, et obtenant son approbation.
Vous pouvez, en conséquence, accorder aux étrangers la faculté d'acheter des biens stables dans la Lombardie, rappeler tous les absens et surtout ceux demeurant en pays ennemi, sous peine de séquestrer leurs biens ; saisir les rentes de ceux qui servent chez des puissances ennemies ; chasser tous les prêtres et les moines qui ne sont pas natifs de la Lombardie ; accroître l'imposition directe au point de pouvoir suffire à la solde journalière de la légion lombarde ; changer les municipalités, les préteurs et les professeurs des écoles ; et pour chacune de ces mesures il vous faudra, à chaque acte, le conseil du général commandant la Lombardie.
Quant à la saisie de toute l'argenterie des églises, je la crois nécessaire ; mais je pense que la moitié vous suffit pour la légion lombarde ; l'autre moitié sera versée dans la caisse de l'armée, qui éprouve des besoins réels.
J'ai renvoyé l'exécution de cette mesure essentielle aux commissaires du gouvernement, qui nommeront un agent pour se concerter avec vous.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Vérone, le 5 brumaire an 5 (24 octobre 1796).
Au directoire exécutif.
Je suis fâché, citoyens directeurs, que votre lettre du 20 vendémiaire me soit arrivée trop tard. Je vous prie de vous reporter aux circonstances où je me trouvais : Rome imprimant des manifestes fanatiques ; Naples faisant marcher des forces ; la régence de Modène manifestant ses mauvaises intentions et rompant l'armistice en faisant passer des convois à Mantoue. La république française se trouvait avilie, menacée : ce coup de vigueur, de rompre l'armistice de Modène, a rétabli l'opinion et a réuni Bologne, Ferrare, Modène et Reggio sous un même bonnet. Le fanatisme s'est trouvé déjoué, et les peuples, accoutumés à trembler, ont senti que nous étions encore là : la république avait le droit de casser un armistice qui n'était pas exécuté. La régence même ne désavoue pas d'avoir envoyé des secours dans Mantoue.
Modène, Reggio, Ferrare et Bologne, réunis en congrès, ont arrêté une levée de deux mille huit cents hommes, sous le titre de Première légion italienne : l'enthousiasme est très-grand ; les paysans qui portaient des vivres dans Mantoue sont venus eux-mêmes nous apprendre les routes cachées qu'ils tenaient. La plus parfaite harmonie règne entre nous et les peuples.
A Bologne, ville de soixante-quinze mille âmes, l'enthousiasme est extrême : déjà même la dernière classe du peuple s'est portée à des excès ; ils ne voulaient pas reconnaître le sénat : il a fallu les laisser organiser leur constitution et me prononcer fortement pour le sénat, afin de rétablir l'ordre.
A Ferrare, un évêque cardinal, prince romain qui jouit de 150,000 liv., donne tout au peuple et est toujours dans l'église.
Je l'ai envoyé à Rome sous le prétexte de négocier, mais dans la réalité pour m'en débarrasser : il a été content de sa mission.
La folie du pape est sans égale ; mais la nouvelle de Naples et de la Méditerranée le fera changer. Mon projet, lorsque je le pourrai, est de me rendre à Ancône au moyen de l'armistice, et de n'être ennemi que là.
Je
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