Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
divisions forment leurs bataillons de grenadiers, se rangent en bataille, ayant chacune une demi-brigade d'infanterie légère en avant, soutenue par deux bataillons de grenadiers, et flanquée par la cavalerie. L'infanterie légère se met en tirailleurs ; le général Dommartin, à la gauche, et le général Lespinasse à la droite, font avancer leur artillerie, et la canonnade s'engage avec la plus grande vivacité ; j'ordonne que chaque demi-brigade ploie, en colonne serrée sur les ailes de son second bataillon, ses premier et troisième bataillons.
Le général Duphot, à la tête de la vingt-septième d'infanterie légère, se jette dans la rivière ; il est bientôt de l'autre côté. Le général Bon le soutient avec les grenadiers de la division du général Guieux. Le général Murat fait le même mouvement sur la droite, et est également soutenu par les grenadiers de la division Bernadotte. Toute la ligne se met en mouvement, chaque demi-brigade par échelon, des escadrons de cavalerie en arrière des intervalles. La cavalerie ennemie veut, plusieurs fois, charger notre infanterie, mais sans succès ; la rivière est passée et l'ennemi est partout en déroute. Il cherche à déborder notre droite avec sa cavalerie, et notre gauche avec son infanterie, j'envoie le général Dugua et l'adjudant-général Kellermann à la tête de la cavalerie de réserve : aidés par notre infanterie, commandée par l'adjudant-général Mireur, ils culbutent la cavalerie ennemie, et font prisonnier le général qui la commande.
Le général Guieux fait attaquer le village de Gradisca, et malgré les ombres de la nuit, s'en empare, et met l'ennemi dans une déroute complète ; le prince Charles n'a que le temps de se sauver.
La division du général Serrurier, à mesure qu'elle arrive, passe la rivière, et se met en bataille pour servir de réserve.
Nous avons pris à l'ennemi, dans cette journée, six pièces de canon, un général, plusieurs officiers supérieurs, et fait quatre ou cinq cents prisonniers.
La promptitude de notre déploiement et de notre manoeuvre, la supériorité de notre artillerie épouvantèrent tellement l'armée ennemie, qu'elle ne tint pas et profita de la auit pour fuir.
L'adjudant-général Kellermann a reçu plusieurs coups de sabre en chargeant, à la tête de la cavalerie, avec son courage ordinaire.
Je vais m'occuper de récompenser les officiers qui se sont distingués dans ces différentes affaires.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Gradisca, le 30 ventose an 5 (20 mars 1797).
Au directoire exécutif.
Citoyens directeurs,
Je vous ai rendu compte du passage de la Piave, des combats de Longara, de Sacile, et de la journée du Tagliamento.
Le 28, la division du général Bernadotte part à trois heures du matin, dépasse Palma-Nova, et prend position sur le torrent de la Torre, où les hussards se rencontrent.
La division du général Serrurier prend position sur la droite, celle du général Guieux sur la gauche ; j'envoie le citoyen Lasalle, avec le vingt-quatrième de chasseurs, à Voine.
L'ennemi, à notre approche, évacue Palma-Nova, où nous trouvons trente mille rations de pain et mille quintaux de farine en magasin : il y avait dix jours que le prince Charles s'était emparé de cette place, appartenant aux Vénitiens ; il voulait l'occuper, mais il n'avait pas eu le temps de s'y établir.
Le général Masséna arrive à Saint-Daniel, à Osopo, à Gemona, et pousse son avant-garde dans les gorges.
Le 29, le général Bernadotte s'avance et bloque Gradisca ; le général Serrurier se porte vis-à-vis San-Pietro pour passer l'Isonzo ; l'ennemi a plusieurs pièces de canon et quelques bataillons de l'autre côté pour en défendre le passage.
J'ordonne différentes manoeuvres, qui épouvantent l'ennemi, et le passage s'exécute sans opposition. Je ne dois pas oublier le trait de courage du citoyen Andréossy, chef de brigade d'artillerie, que je charge de reconnaître si la rivière est guéable ; il se précipite lui-même dans l'eau, et la passe et la repasse à pied. Cet officier est d'ailleurs distingué par ses talens et ses connaissances étendues.
Passage de l'Isonzo et prise de Gradisca.
Le général Serrurier se porte sur Gradisca en suivant les crêtes supérieures qui dominent cette ville.
Pour amuser pendant ce temps-là l'ennemi et l'empêcher de s'apercevoir de sa manoeuvre, le général Bernadotte fait attaquer, par des tirailleurs, les retranchemens
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