Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
quartier-général à San-Giovani, le 17 floréal an 4 (6 mai 1796).
Du même au gouverneur du duché de Parme, à Plaisance.
Ayant à conférer avec vous, monsieur, sur des objets de la plus grande importance, vous voudrez bien vous rendre de suite à Castel-San-Giovani. Il serait nécessaire que vous fussiez rendu ici avant deux heures après minuit, devant monter à cheval a cette heure-là.
BONAPARTE.
Au grand quartier-général à Plaisance, le 17 floréal an 4 (6 mai 1796).
Du même au ministre d'Espagne à Parme.
J'ai reçu, monsieur, votre lettre. Comme il n'est pas dans mon coeur, ni dans l'intention du peuple français, de faire mal sans but et de nuire en rien aux peuples, je consens à suspendre toute hostilité contre le duc de Parme et la marche de mes troupes sur Parme ; mais il faut que, dans la nuit, le duc envoie des plénipotentiaires pour conclure la suspension.
Je fais marcher quelques régimens de cavalerie, avec une brigade, à trois lieues de Plaisance : cela ne doit donner aucune inquiétude au duc de Parme, dès l'instant qu'il accepte les conditions dont nous sommes convenus. Je suis charmé que cette occasion me mette à même de vous prouver les sentimens d'estime et de considération avec lesquels, etc.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Plaisance, le 20 floréal an 4 (9 mai 1796).
Du même au citoyen Carnot.
Nous avons enfin passé le Pô. La seconde campagne est commencée, Beaulieu est déconcerté ; il calcule assez mal, et il donne constamment dans les pièges qu'on lui tend : peut-être voudra-t-il donner une bataille, car cet homme-là a l'audace de la fureur et non celle du génie ; mais les six mille hommes que l'on a obligés hier de passer l'Adda, et qui ont été défaits, l'affaiblissent beaucoup ; encore une victoire, et nous sommes maîtres de l'Italie. J'ai accordé une suspension d'armes au duc de Parme ; le duc de Modène m'envoie des plénipotentiaires. Si nous avions un ordonnateur habile, nous serions aussi bien qu'il est possible de l'imaginer. Nous allons faire établir des magasins considérables de blé, des parcs de six cents boeufs sur le derrière. Dès l'instant que nous arrêterons nos mouvemens, nous ferons habiller l'armée a neuf ; elle est toujours à faire peur, mais tout engraisse ; le soldat ne mange que du pain de Gonesse, bonne viande et en quantité, bon vin, etc. La discipline se rétablit tous les jours ; mais il faut souvent fusiller, car il est des hommes intraitables qui ne peuvent se commander.
Ce que nous avons pris a l'ennemi est incalculable. Nous avons des effets d'hôpitaux pour quinze mille malades, plusieurs magasins de blé, farine, etc. Plus vous m'enverrez d'hommes, plus je les nourrirai facilement.
Je vous fais passer vingt tableaux des premiers maîtres, du Corrége et de Michel-Ange.
Je vous dois des remercîmens particuliers pour les attentions que vous voulez bien avoir pour ma femme, je vous la recommande ; elle est patriote sincère, et je l'aime à la folie.
J'espère que les choses vont bien, pouvant vous envoyer une douzaine de millions à Paris ; cela ne vous fera pas de mal pour l'armée du Rhin.
Envoyez-moi quatre mille cavaliers démontés, je chercherai ici à les remonter.
Je ne vous cache pas que, depuis la mort de Stengel, je n'ai plus un officier supérieur de cavalerie qui se batte. Je désirerais que vous me pussiez envoyer deux ou trois adjudans-généraux sortant de la cavalerie, qui aient du feu, et une ferme résolution de ne jamais faire de savantes retraites.
BONAPARTE.
Au directoire exécutif.
Citoyen président, le brave Stengel est mort de la suite de ses blessures. J'ai envoyé à sa famille la lettre que vous lui aviez adressée. Vous recevrez incessamment les articles de la suspension d'armes que j'ai accordée au duc de Parme. Je vous enverrai le plus tôt possible les plus beaux tableaux du Corrége, entre autres un Saint Jérôme, que l'on dit être son chef-d'oeuvre, J'avoue que ce saint prend un mauvais temps pour arriver à Paris : j'espère que vous lui accorderez les honneurs du Muséum. Je vous réitère la demande de quelques artistes connus, qui se chargeront du choix et des détails de transport des choses rares que nous jugerons devoir envoyer à Paris.
Tous les arrangemens sont pris pour les renforts qui doivent venir de l'armée des Alpes ; il n'y aura aucune difficulté pour les passages.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Lodi, le 22 floréal an 4 (11 mai
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