Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome I.
1796).
Au citoyen Carnot.
La bataille de Lodi, mon cher directeur, donne à la république toute la Lombardie. Les ennemis ont laissé deux mille hommes dans le château de Milan, que je vais nécessairement investir. Vous pouvez compter dans vos calculs comme si j'étais à Milan ; je n'y vais pas demain, parce que je veux poursuivre Beaulieu et chercher à profiter de son délire pour le battre encore une fois.
Bientôt il est possible que j'attaque Mantoue. Si j'enlève cette place, rien ne m'arrête plus pour pénétrer dans la Bavière : dans deux décades je puis être dans le coeur de l'Allemagne. Ne pourriez-vous pas combiner mes mouvemens avec l'opération de ces deux armées ? Je m'imagine qu'à l'heure qu'il est, on se bat sur le Rhin ; si l'armistice continuait, l'armée d'Italie serait écrasée. Si les deux armées du Rhin entrent en campagne, je vous prie de me faire part de leur position et ce que vous espérez qu'elles puissent faire, afin que cela puisse me servir de règle pour entrer dans le Tyrol, ou me borner a l'Adige. Il serait digne de la république d'aller signer le traité de paix, les trois armées réunies, dans le coeur de la Bavière, ou de l'Autriche étonnée. Quant à moi, s'il entre dans vos projets que les deux armées du Rhin fassent des mouvemens en avant, je franchirai le Tyrol avant que l'empereur ne s'en soit sérieusement douté. S'il était possible d'avoir un bon commissaire ordonnateur ? celui qui est ici serait bon en second, mais il n'a pas assez de feu et de tête pour être en chef.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Lodi, le 24 floréal an 4 (13 mai 1796).
A M. Ferdinandi, ministre des affaires étrangères du duc de Parme.
J'ai reçu, monsieur, la ratification de la suspension d'armes que vous avez acceptée de la part du duc de Parme. Je vous envoie le général Cervoni, afin que vous puissiez régler avec lui tous les détails de l'exécution de ladite suspension. Vous lui ferez remettre, dans la journée de demain, les 500.000 fr. qui, aux termes de la suspension, doivent être payés dans les cinq jours ; il recevra également les chevaux, et il prendra les mesures nécessaires pour l'exécution de ladite suspension. Je suis charmé, monsieur, que cette circonstance me mette à même de vous exprimer la considération, etc.
BONAPARTE.
Au citoyen Faypoult, ministre de la république, à Gênes.
Je vous suis très obligé des gravures que vous m'avez envoyées, et qui feront le plus grand plaisir à l'armée. Je vous prie d'envoyer, de ma part, vingt-cinq louis au jeune homme qui les a faites ; engagez-le à faire graver le passage étonnant du pont de Lodi. Puisque le fief de Montogio n'est point fief impérial, il n'est pas compris dans l'ordre que j'ai donné pour l'imposition desdits fiefs.
Nous avons pris hier la ville de Pizzigithone, nous avons fait trois cents prisonniers et pris trois pièces de canon. Beaulieu se sauve à toutes jambes ; Crémone est à la république.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Lodi, le 25 floréal an 4 (14 mai 1796).
Au directoire exécutif.
Après le combat de Fiombio, nous poursuivîmes l'ennemi jusqu'à Pizzigithone, mais nous ne pûmes passer l'Adda. Après la bataille de Lodi, Beaulieu se retira par Pizzigithone ; nous nous y rendîmes le 22 ; mais il s'était déjà retiré au-delà de Crémone. Nous avons aussitôt investi et attaqué la ville de Pizzigithone, qui, après une vive canonnade, a été obligée de nous ouvrir ses portes ; nous y avons fait trois cents prisonniers et pris cinq pièces de canon de bronze.
Notre cavalerie s'est mise à la poursuite de l'ennemi. La ville de Crémone a ouvert ses portes ; toute la Lombardie appartient à la république.
On dit que la suspension d'armes, au Rhin, continue toujours. J'imagine qu'à l'heure qu'il est, vous avez porté vos regards sur un objet aussi essentiel ; il paraît même que les ennemis ont publié avec emphase, dans leur camp, que cette suspension était pour trois mois, et qu'ils allaient en conséquence recevoir de grands renforts.
BONAPARTE.
Au citoyen Carnot.
A la réception de la lettre du directoire, du 18, vos intentions étaient remplies, et le Milanais est à nous. Je marcherai bientôt, pour exécuter vos vues, sur Livourne et sur Rome ; tout cela se fera dans peu de temps.
J'écris au directoire relativement à l'idée de diviser l'armée ; je vous jure que je n'ai vu en cela que la patrie. Au reste, vous me trouverez
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