Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome II.
Damiette.
Vous devez avoir reçu du contre-amiral Ganteaume des lettres qui ont dû vous faire connaître le besoin où nous sommes d'avoir des nouvelles d'Europe, et de recevoir notre second convoi.
BONAPARTE.
Au directoire exécutif.
Je vous ai expédié un officier de l'armée, avec ordre de ne rester que sept à huit jours à Paris, et de retourner au Caire.
Je vous envoie différentes relations de petits événemens et différens imprimés.
L'Égypte commence à s'organiser.
Un bâtiment arrivé à Suez a amené un Indien qui avait une lettre pour le commandant des forces françaises en Égypte : cette lettre s'est perdue. Il paraît que notre arrivée en Égypte a donné une grande idée de notre puissance aux Indes, et a produit un effet très-défavorable aux Anglais : on s'y bat.
Nous sommes toujours sans nouvelles de France ; pas un courrier depuis messidor. Cela est sans exemple dans les colonies même.
Mon frère, l'ordonnateur Sucy et plusieurs courriers que je vous ai expédiés, doivent être arrivés.
Expédiez-nous des bâtimens sur Damiette.
Les Anglais avaient réuni une trentaine de petits bâtimens, et étaient à Aboukir ; ils ont disparu. Ils ont trois vaisseaux de guerre et deux frégates devant Alexandrie.
Le général Desaix est dans la Haute-Égypte, poursuivant Mourad-Bey, qui, avec un corps de mameloucks, s'échappe et fuit devant lui.
Le général Bon est à Suez.
On travaille avec la plus grande activité aux fortifications d'Alexandrie, Rosette, Damiette, Belbeis, Salahieh, Suez et du Caire.
L'armée est dans le meilleur état et a peu de malades.
Il y a en Syrie quelques rassemblemens de forces turques. Si sept jours de désert ne m'en séparaient, j'aurais été les faire expliquer.
Nous avons des denrées en abondance, mais l'argent est très-rare, et la présence des Anglais rend le commerce nul.
Nous attendons des nouvelles de France et d'Europe ; c'est un besoin vif pour nos âmes : car si la gloire nationale avait besoin de nous, nous serions inconsolables de ne pas y être.
BONAPARTE.
Au chef de division Dumanoir.
Vous voudrez bien, citoyen, faire partir, le plus promptement possible, un bâtiment pareil à celui dans lequel s'est embarqué le citoyen Louis Bonaparte : il sera approvisionné pour un mois d'eau et deux de vivres. Il prendra à son bord le citoyen ... chargé d'une mission.
Vous remettrez au commandant du bâtiment que vous expédierez, l'ordre que je vous envoie qu'il ouvrira à trois lieues en mer.
BONAPARTE.
Au citoyen ... officier, chargé de dépêches.
Le bâtiment sur lequel vous vous embarquerez, vous conduira à Malte. Vous remettrez les lettres que je vous envoie à l'amiral Villeneuve et au général commandant de Malte.
Le commandant de la marine, à Malte, vous donnera sur-le-champ un bâtiment pour vous conduire dans un port d'Italie qu'il jugera le plus sûr, d'où vous prendrez la poste pour vous rendre en toute diligence à Paris et remettre les dépêches que je vous fais passer au gouvernement.
Vous resterez huit à dix jours à Paris : après quoi vous reviendrez en toute diligence, en venant vous embarquer dans un port du royaume de Naples ou à Ancône.
Vous éviterez Alexandrie et aborderez avec votre bâtiment à Damiette.
Avant de partir, vous aurez soin de voir un de mes frères, membre du corps législatif ; il vous remettra tous les papiers et imprimés qui auraient paru depuis messidor.
Je compte, dans tous les événemens imprévus qui pourraient survenir dans votre mission, sur votre zèle, qui est de faire parvenir vos dépêches au gouvernement, et d'en apporter les réponses.
BONAPARTE.
Au citoyen ...
Vous vous dirigerez sur Malte, citoyen, en passant hors de vue de toute terre. Si vous apprenez que le port soit bloqué, vous aborderez de préférence à la cale de Massa-Sirocco, où il y a des batteries qui vous mettront à l'abri de toute insulte.
Là, vous débarquerez l'officier que vous avez à votre bord.
Vous instruirez le Commandant de la marine à Malte et le contre-amiral Villeneuve, de tout ce que vous aurez vu en mer, et du nombre des vaisseaux qui sont devant Alexandrie, et vous demanderez les ordres du commandant de la marine.
Vous reviendrez m'apporter les dépêches du général commandant à Malte, et du contre-amiral Villeneuve, et, si vous ne pouvez pas aborder à Alexandrie, vous aborderez à Damiette ou sur tout autre point de la côte, depuis le Marabou jusqu'à Orum-Faregge à trente lieues
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