Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
l'arrière-garde russe, l'ont entamée, et lui ont fait quatre cents prisonniers.
L'empereur témoigne également sa satisfaction aux grenadiers d'Oudinot, qui, au combat d'Amstetten, ont repoussé de ces belles et formidables positions les corps russes et autrichiens, et ont fait quinze cents prisonniers, dont six cents Russes.
S.M. est satisfaite des premier, seizième et vingt-deuxième régimens de chasseurs ; neuvième et dixième régimens de hussards, pour leur bonne conduite dans toutes les charges qui ont eu lieu depuis l'Inn, jusqu'aux portes de Vienne, et pour les huit cents prisonniers russes faits à Stein.
Le prince Murat, le maréchal Lannes, la réserve de cavalerie avec leurs corps d'armée sont entrés à Vienne le 22, se sont emparés le même jour du pont sur le Danube, ont empêché qu'il ne fût brûlé, l'ont passé sur-le-champ, et se sont mis à la poursuite de l'armée russe.
Nous avons trouvé dans Vienne plus de deux mille pièces de canon ; une salle d'armes garnie de cent mille fusils ; des munitions de toutes espèces ; enfin, de quoi former tout l'équipage de trois ou quatre armées.
Le peuple de Vienne a paru voir l'armée avec amitié.
L'empereur ordonne qu'on porte le plus grand respect aux propriétés, et que l'on ait les plus grands égards pour le peuple de cette capitale, qui a vu avec peine la guerre injuste que l'on a faite, et qui nous témoigne, par sa conduite, autant d'amitié qu'il montre de haine pour les Russes, peuple qui, par ses habitudes et ses moeurs barbares, doit inspirer les mêmes sentimens à toutes les nations policées.
NAPOLÉON.
Au palais de Schoenbrünn, le 24 brumaire an 14 (15 novembre 1805).
Vingt-quatrième bulletin de la grande armée.
Au combat de Diernstein, le général-major autrichien Smith, qui dirigeait les mouvemens des Russes, a été tué, ainsi que deux généraux russes. Il paraît que le colonel Wattier n'est pas mort ; mais que son cheval ayant été blessé dans une charge, il a été fait prisonnier. Cette nouvelle a causé la plus vive satisfaction à l'empereur, qui fait un cas particulier de cet officier.
Une colonne de quatre mille hommes d'infanterie autrichienne et un régiment de cuirassiers ont traversé nos postes, qui les ont laissé passer sur un faux bruit de suspension d'armes qui avait été répandu dans notre armée. On reconnaît à cette extrême facilité le caractère du Français, qui, brave dans la mêlée, est d'une générosité souvent irréfléchie hors de l'action.
Le général Milhaud, commandant l'avant-garde du corps du maréchal Davoust, a pris cent quatre-vingt-onze pièces de canon, avec tous les caissons d'approvisionnemens. Ainsi, la presque totalité de l'artillerie de la monarchie autrichienne est en notre pouvoir.
Le palais de Schoenbrünn, dans lequel l'empereur est logé, a été bâti par Marie-Thérèse, dont le portrait se trouve dans, presque tous les appartemens.
Dans le cabinet où travaille l'empereur, est une statue de marbré qui représente cette souveraine. L'empereur, en la voyant, a dit que si cette grande reine vivait encore, elle ne se laisserait point conduire par les intrigues d'une femme telle que madame Colloredo. Constamment environnée, comme elle le fut toujours, des grands de son pays, elle aurait connu la volonté de son peuple ; elle n'aurait pas fait ravager son pays par les Cosaques et les Moscovites ; elle n'aurait pas consulté, pour se résoudre á faire la guerre à la France, un courtisan comme ce Cobetilzel, qui, trop éclairé sur les intrigues de la cour, craint de désobéir à une femme étrangère, investie du funeste crédit dont elle abuse ; un scribe comme ce Collembach ; un homme enfin aussi universellement haï que Lamberty.
Elle n'aurait pas donné le commandement de son armée à des hommes tels que Mack, désigné non par la volonté du souverain, non par la confiance de la nation, mais par l'Angleterre et la Russie. C'est en effet une chose remarquable que cette unanimité d'opinions dans nue nation toute entière contre les déterminations de la cour ; les citoyens de toutes les classes, tous les hommes éclairés, tous les princes même se sont opposés à la guerre. On dit que le prince Charles, au moment de partir pour l'armée d'Italie, écrivit encore à l'empereur pour lui représenter l'imprudence de sa résolution, et lui prédire la destruction de la monarchie. L'électeur de Saltzbourg, les archiducs, les grands, tinrent
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