Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
des renforts à Krems, et de se maintenir sur le Danube.
Le combat de Diernstein a déconcerté leurs projets ; ils ont vu par ce qu'avaient fait quatre mille Français, ce qui leur arriverait à forces égales.
Le maréchal Mortier s'est mis à leur poursuite, pendant que d'autres corps d'armée passent le Danube sur le pont de Vienne, pour les déborder par la droite ; le corps du maréchal Bernadotte est en marche pour les déborder par la gauche.
Hier 22, à dix heures du matin,, le prince Murat traversa Vienne. A la pointe du jour, une colonne de cavalerie s'est portée sur le pont du Danube et a passé, après différens pourparlers avec des généraux autrichiens. Les artificiers ennemis chargés de brûler le pont, l'essayèrent plusieurs fois, mais ne purent y réussir.
Le maréchal Lannes et le général Bertrand, aides-de-camp de l'empereur, ont passé le pont les premiers.
Les troupes ne se sont point arrêtées dans Vienne, et ont continué leur marche pour suivre leur direction.
Le prince Murat a établi son quartier-général dans la maison du duc Albert : le duc Albert a fait beaucoup de bien à la ville ; plusieurs quartiers manquaient d'eau, il en a fait venir à ses frais, et a dépensé des sommes notables pour cet objet.
Ci-joint l'état de l'artillerie et des munitions trouvées dans Vienne ; la maison d'Autriche n'a pas d'autre fonderie ni d'autre arsenal que Vienne. Les Autrichiens n'ont pas eu le temps d'évacuer au-delà du cinquième ou du quart de leur artillerie et d'un matériel considérable. Nous avons des munitions pour faire quatre campagnes et renouveler quatre fois nos équipages d'artillerie, si nous les perdions. Nous avons aussi des approvisionnemens de siége pour armer un grand nombre de places.
L'empereur s'est établi au palais de Schoenbrünn. Il s'est rendu aujourd'hui à Vienne, à deux heures du matin ; il a passé le reste de la nuit à visiter les avant-postes sur la rive gauche du Danube, ainsi que les positions, et s'assurer si le service se faisait convenablement. Il était rentré à Schoenbrünn à la petite pointe du jour.
Le temps est devenu très-beau ; la journée est une des plus belles de l'hiver, quoique froide. Le commerce et toutes les transactions vont à Vienne comme à l'ordinaire ; les habitans sont pleins de confiance et très-tranquilles chez eux. La population de cette ville est de deux cent-cinquante mille âmes. On ne l'estime pas diminuée de dix mille personnes par l'absence de la cour et des grands seigneurs.
L'empereur a reçu à midi M. de Wrbna, qui se trouve à la tête de l'administration de toute l'Autriche.
Le corps d'armée du maréchal Soult a traversé Vienne aujourd'hui, à neuf heures du matin. Celui du maréchal Davoust la traverse en ce moment.
Le général Marmont a eu à Léoben différens petits avantages d'avant-postes.
L'armée bavaroise reçoit tous les jours un grand accroissement.
L'empereur vient de faire à l'électeur de nouveaux présens ; il lui a donné quinze mille fusils pris dans l'arsenal de Vienne, et lui a fait rendre toute l'artillerie que, dans différentes circonstances, l'Autriche avait pris dans les états de Bavière.
La ville de Kuffstein a capitulé entre les mains du colonel Pompeï.
Le général Milhaud a poussé l'ennemi sur la route de Brünn jusqu'à Volkersdorff. Aujourd'hui, à midi, il avait fait six cents prisonniers et pris un parc de quarante pièces de canon attelées.
Le maréchal Lannes est arrivé à deux heures après midi à Stokerau ; il y a trouvé un magasin immense d'habillemens, huit mille paires de souliers et de bottines, et du drap pour faire des capottes à toute l'armée.
On a aussi arrêté sur le Danube plusieurs bateaux qui descendaient ce fleuve, et qui étaient chargés d'artillerie, de cuir et d'effets d'habillemens.
(Suit le relevé de l'inventaire général des bouches à feu et armes existantes en ce moment à Vienne, au grand arsenal.)
Au quartier impérial de Vienne, le 23 brumaire an 14 (14 novembre 1805).
Ordre du jour.
L'empereur témoigne sa satisfaction au quatrième régiment d'infanterie légère, au trente-deuxième de ligne, pour l'intrépidité qu'ils ont montrée au combat de Diernstein, où leur fermeté à conserver la position qu'ils occupaient a forcé l'ennemi à quitter celle qu'il avait sur le Danube.
S.M. témoigne sa satisfaction au dix-septième régiment de ligne et au trentième, qui, au combat de Lambach, ont tenu tête à
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