Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
réponse à une lettre que nous rapporterons à cause de son originalité, et parce qu'elle fait connaître l'un des plus dignes enfant de nos armées victorieuses. Léon Aune, sergent des grenadiers de la trente-deuxième demi-brigade, au citoyen Bonaparte, premier consul.].
J'ai reçu votre lettre, mon brave camarade ; vous n'aviez pas besoin de me parler de vos actions : je les connais toutes.
Vous êtes le plus brave grenadier de l'armée, depuis la mort de Benezette. Vous avez eu un des cent sabres que j'ai distribués à l'armée. Tous les soldats étaient d'accord que c'était vous qui le méritiez davantage.
Je désire beaucoup vous voir. Le ministre de la guerre vous envoie l'ordre de venir à Paris.
BONAPARTE.
Toulon, le 16 frimaire an 8
Citoyen consul,
Votre arrivée sur le territoire de la république a consolé toutes les ames pures, principalement la mienne, n'ayant plus d'espoir qu'en vous. Je viens a vous comme à mon Dieu tutélaire, vous priant de donner une place dans votre bon souvenir à Léon, que vous avez tant de fois comblé d'honneur au champ de bataille.
N'ayant pu m'embarquer pour l'Egypte, y cueillir de nouveaux lauriers sous votre commandement, je me trouve au dépôt de votre demi-brigade en qualité de sergent. Ayant appris par mes camarades que vous aviez souvent parlé de moi en Egypte, je vous prie de ne pas m'abandonner, en me faisant connaître que vous vous souvenez de moi. Il est inutile de vous rappeler les affaires où je me suis montré comme un républicain, et mérité l'estime de mes supérieurs ; néanmoins, à l'affaire de Montenotte j'ai sauvé la vie au général Rampon et au chef de brigade Masse, comme ils vous l'ont certifié eux-mêmes ; à l'affaire de Dego, j'ai pris un drapeau à l'ingénieur en chef de l'armée ennemie ; à l'affaire de Lodi, j'ai été le Premier à monter à l'assaut et j'ai ouvert les portes à nos frères d'armes ; à l'affaire de Borghetto, j'ai passé le premier sur des pontons, le pont étant rompu, j'ai fondu sur l'ennemi, et pris le commandant de ce poste ; a l'hôpital, étant fait prisonnier, j'ai tué le commandant ennemi, et par cet acte de bravoure, quatre cents hommes, prisonniers comme moi, ont été rejoindre leurs corps respectifs. En outre, j'ai cinq blessures sur le corps ; j'ose tout espérer de vous, et suis bien persuadé que vous aurez toujours égard aux braves qui ont si bien servi leur patrie.
Salut et respect.
LÉON AUNE.
Paris, le 27 nivose an 8 (17 janvier 1800).
Au général Lefebvre, commandant la dix-septième division militaire.
Je reçois, citoyen général, le rapport que vous me faites sur les événemens qui viennent de se passer dans le département de l'Orne [C'était l'annonce d'une victoire remportée par le général de brigade Merle sur les chouans du département de l'Orne, organisé en légion royale du Perche.]. Faites connaître au général Merle et au commissaire du gouvernement Marceau, que j'attends, pour leur donner une marque publique de la satisfaction que j'éprouve de leur conduite, que tous les rebelles qui sont encore dans le département de l'Orne, aient vécu. Le brigadier-fourrier du neuvième régiment, Bache, sera promu au grade de sous-lieutenant.
BONAPARTE.
Paris, le 28 nivose an 8 (18 janvier 1800).
Au citoyen Lévêque, commissaire du gouvernement près l'administration centrale du Calvados.
Les consuls de la république, citoyen, ne peuvent qu'approuver l'intention que vous manifestez de rester au poste où vous vous trouvez dans des circonstances difficiles. Ils apprécient les sentimens qui vous déterminent et comptent que vous déploierez tout votre zèle pour maintenir dans le département du Calvados la tranquillité qui y règne encore.
Ils ne doutent pas que si elle venait à être troublée, les rebelles n'éprouvassent, par l'effet de vos soins, la même résistance qui vient, dans le département de l'Orne, d'être couronnée d'un succès complet.
Le général Gardanne, qui commande la division, brûle de détruire les rebelles ; secondez-le de tous vos moyens.
Le premier consul, BONAPARTE.
Paris, le 9 pluviose an 8 (29 janvier 18oo).
Au général Lefebvre.
Le général Brune, citoyen général, a fait filer sur Vannes, toutes les troupes qui se trouvaient dans les départemens de la Sarthe, de la Mayenne et de l'Orne ; j'imagine qu'il aura également appelé à lui le général Gardanne.
Ainsi les vingt-deuxième et quatorzième divisions
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