Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
qui, bien loin d'avoir prêché la guerre et le désordre, de s'être montrés avides de sang et de meurtre, ont employé tous leurs soins et consacré les efforts les plus courageux à calmer le peuple et à le ramener au bon ordre. Plusieurs Français leur doivent la vie. L'empereur a voulu voir ces religieux, et lorsqu'il a appris qu'ils étaient de l'ordre des Bénédictins, dont les membres se sont toujours illustrés dans les lettres et dans les sciences, soit en France, soit en Italie, il a daigné exprimer la satisfaction qu'il éprouvait de leur avoir cette obligation.
En général, le clergé de cette ville est bon ; les moines vraiment dangereux sont ces dominicains fanatiques qui s'étaient emparés de l'inquisition, et qui, ayant baigné leurs mains dans le sang d'un Français, ont eu la lâcheté sacrilége, de jurer sur l'évangile que l'infortuné dont on leur demandait compte, n'était point mort et avait été conduit à l'hôpital, et qui ensuite ont avoué qu'après qu'il eut été privé de la vie on avait jeté son corps dans un puits, où on l'a en effet trouvé. Hommes hypocrites et barbares, qui prêchez l'intolérance, qui suscitez la discorde, qui excitez à verser le sang, vous n'êtes pas les ministres de l'évangile ! Le temps où l'Europe voyait sans indignation célébrer par des illuminations, dans les grandes villes, le massacre des protestans, ne peut renaître.
Les bienfaits de la tolérance sont les premiers droits des hommes ; elle est la première maxime de l'évangile, puisqu'elle est le premier attribut de la charité. S'il fût une époque où quelques faux docteurs de la religion chrétienne prêchaient l'intolérance, alors ils n'avaient pas en vue les intérêts du ciel, mais ceux de leur influence temporelle ; ils voulaient s'emparer de l'autorité chez des peuples ignorans. Lorsqu'un moine, un théologien, un évêque, un pontife prêche l'intolérance, il prêche sa condamnation ; il se livre à la risée des nations.
Le duc de Dalmatie doit être ce soir à Lugo. De nombreuses colonnes de prisonniers sont en marche pour se rendre ici.
Le général de brigade Duvernay s'est porté avec cinq cents chevaux sur Toro. Il y a rencontré deux ou trois cents hommes restes des débris de l'insurrection ; il les a chargés et en a tué ou pris le plus grand nombre. Le colonel des hussards hollandais a été blessé dans cette charge.
Valladolid, 9 janvier 1809.
Vingt-septième bulletin de l'armée d'Espagne.
Après le combat de Prieros contre l'arrière-garde anglaise, le duc de Dalmatie jugea nécessaire de déposter promptement l'ennemi du col de Piedra-Filla. Il fit une marche très-longue, et il en recueillit le fruit. Il prit quinze cents Anglais, cinq pièces de canon, beaucoup de caissons. Il obligea l'ennemi à détruire considérablement d'affûts, de voitures, de bagages et de munitions. Les précipices étaient remplis de ces débris ; le désordre était tel, que les divisions Lorges et Lahoussaye ont trouvé parmi les équipages abandonnés, des voitures remplies d'or et d'argent : c'était une partie du trésor de l'armée anglaise : on évalue ce qui est tombé entre les mains des divisions à deux millions.
Le 4 au soir, l'avant-garde de l'armée française était à Castillo et à Nocedo.
Le lendemain 5, l'arrière-garde ennemie a été rencontrée à Puente de Ferrerya au moment où elle faisait une fougasse pour faire sauter le pont ; une charge de cavalerie a rendu cette tentative inutile. Il en a été de même au pont de Crueril.
Le 5 au soir, les divisions Lorges et Lahoussaye étaient à Constantin, et l'ennemi à peu de distance de Lugo.
Le 6, le duc de Dalmatie s'est mis en marche pour arriver sur cette ville.
L'armée anglaise souffre considérablement ; elle n'a presque plus de munitions et de bagages, et la moitié de sa cavalerie est à pied. Depuis le départ de Benavente jusqu'au 5 de ce mois, on a compté sur la route dix-huit cents chevaux anglais tués.
Les débris du corps de la Romana errent partout.
Dans la journée du 1er janvier, le huitième régiment de dragons chargea un carré d'infanterie espagnole et le culbuta. Les régimens du roi, de Mayorca, d'Ibernia, de Barcelonne et de Naples ont été faits prisonniers.
Le général Maupetit ayant rencontré du côté de Zamora, avec sa division de dragons, une colonne de huit cents fuyards, l'a chargée et dispersée, et en a pris ou tué la plus grande partie.
Les paysans
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