Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
lorsque les armées espagnoles étaient détruites ; qu'enfin elle a commencé l'année, fuyant l'épée dans les reins, poursuivie par l'ennemi qu'elle n'a pas osé combattre, et par les malédictions de ceux qu'elle avait excités, fit qu'elle aurait dû défendre : de telles entreprises et de semblables résultats ne peuvent appartenir qu'à un pays qui n'a pas de gouvernement. Fox, ou même Pitt, n'auraient pas commis de telles fautes. S'engager dans une lutte de terre contre la France qui a cent mille hommes de cavalerie, cinquante mille chevaux d'équipages et neuf cent mille hommes d'infanterie ; c'est, pour l'Angleterre, pousser la folie jusqu'à ses derniers excès ; c'est être avide de honte, c'est enfin diriger les affaires de la Grande-Bretagne comme pouvait le désirer le cabinet des Tuileries. Il fallait bien peu connaître l'Espagne pour attacher quelque importance à des mouvemens populaires, et pour espérer qu'en y soufflant le feu de la sédition, cet incendie aurait quelques résultats et quelque durée. Il ne faut que quelques prêtres fanatiques pour composer et répandre des libelles, pour porter un désordre momentané dans les esprits ; mais il faut autre chose pour constituer une nation en armes.
Lors de la révolution de France il fallut trois années et le régime de la convention pour préparer des succès militaires ; et qui ne sait encore à quelles chances la France fut exposée ? Cependant elle était excitée, soutenue par la volonté unanime de recouvrer les droits qui lui avaient été ravis dans des temps d'obscurité. En Espagne, c'étaient quelques hommes qui soulevaient le peuple pour conserver la possession exclusive de droits odieux au peuple. Ceux qui se battaient pour l'inquisition, les Franciscains et les droits féodaux, pouvaient être animés d'un zèle ardent pour leurs intérêts personnels, mais ne pouvaient inspirer à toute une nation une volonté ferme et des sentimens durables. Malgré les Anglais, les droits féodaux, les Franciscains et l'inquisition n'existent plus en Espagne.
Après la prise de Roses, le général Gouvion-Saint-Cyr s'est dirigé sur Barcelonne avec le septième coups ; il a dispersé tout ce qui se trouvait aux environs de cette place, et il a fait sa jonction avec le général Duhesme. Cette réunion a porté son armée à quarante mille hommes.
Les ducs de Trévise et d'Abrantès ont enlevé tous les ouvrages avancés de Sarragosse. Le général du génie Lacoste prépare ses moyens pour s'emparer de cette ville sans perte.
Le roi d'Espagne s'est rendu à Aranjuez pour passer en revue le premier corps commandé par le duc de Bellune.
Astorga, 2 janvier 1809.
Vingt-quatrième bulletin de l'armée d'Espagne.
L'empereur est arrivé à Astorga le 1er janvier.
La route de Bénavente à Astorga est couverte de chevaux anglais morts, de voitures d'équipages, de caissons d'artillerie et de munitions de guerre. On a trouvé à Astorga des magasins de draps, de couvertures, et d'outils de pionniers. Dans la route d'Astorga à Villa-Franca, le général Colbert commandant l'avant-garde de cavalerie du duc d'Istrie, a fait deux mille prisonniers, pris des convois de fusils, et délivré une quarantaine d'hommes isolés qui étaient tombés entre les mains des Anglais.
Quant à l'armée de la Romana, elle est réduite presqu'à rien. Ce petit nombre de soldats, sans habits, sans souliers, sans solde, sans nourriture, ne peut plus être compté pour quelque chose.
L'empereur a chargé le duc de Dalmatie de la mission glorieuse de poursuivre les Anglais jusqu'au lieu de leur embarquement, et de les jeter dans la mer l'épée dans les reins.
Les Anglais sauront ce qu'il en coûte pour faire un mouvement inconsidéré devant l'armée française. La manière dont ils sont chassés du royaume de Léon et de la Galice, et la destruction d'une partie de leur armée leur apprendra sans doute à être plus circonspects dans leurs opérations sur le continent.
La neige a tombé à gros flocons pendant toute la journée du 1er janvier. Ce temps, très-mauvais pour l'armée française, est encore plus mauvais pour une armée qui bat en retraite.
En Catalogne, le général Gouvion-Saint-Cyr est entré à Barcelonne.
A Sarragosse, les ducs de Conegliano et de Trévise se sont emparés, avec peu de perte, du Monte-Torrero ; ils ont fait un millier de prisonniers, et ont entièrement cerné la ville.
Les mineurs ont commencé leurs travaux.
Dans
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