Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
c'est une suite ordinaire et inévitable des marches forcées et des retraites précipitées. Les habitans du royaume de Léon et de la Galice ont les Anglais en horreur. Sous ce rapport, les événemens qui viennent de se passer équivalent à une grande victoire.
La ville de Zamora, dont les habitans avaient été exaltés par la présence des Anglais, a fermé ses portes au général de cavalerie Maupetit.
Le général Darricau s'y est porté avec quatre bataillons. Il a escaladé la ville, l'a prise, et a fait passer les plus coupables par les armes.
De toutes les provinces de l'Espagne, la Galice est celle qui manifeste le meilleur esprit ; elle reçoit les Français comme des libérateurs qui l'ont délivrée à la fois des étrangers et de l'anarchie. L'évêque de Lugo et le clergé de toute la province manifestent les plus sages dispositions.
La ville de Valladolid a prêté serment au roi Joseph, et a fait une adresse à S.M.I. et R.
Six hommes, chefs d'émeutes et des massacres contre les Français, ont été condamnés à mort. Cinq ont été exécutés. L clergé est venu demander la grâce du sixième qui est père de quatre enfans. S.M. a commué sa peine ; elle a dit qu'elle voulait en cela témoigner sa satisfaction pour la bonne conduite que le clergé séculier de Valladolid a tenue en plusieurs occasions importantes.
Valladolid, 16 janvier 1809.
Vingt-neuvième bulletin de l'armée d'Espagne.
Le 10 janvier, le quartier-général du duc de Bellune était à Aranjuez.
Instruit que les débris de l'armée battue à Tudéla s'étaient réunis du côté de Cuença et avaient été joints par les nouvelles levées de Grenade, de Valence et de Murcie, le roi d'Espagne conçut la possibilité d'attirer l'ennemi. A cet effet, il fit replier tous les postes qui s'avançaient jusqu'aux montagnes de Cuença au-delà de Tarançon et de Huete. L'armée espagnole suivit ce mouvement. Le 12 elle prit position à Uclès. Le duc de Bellune se porta alors à Tarançon et à Fuente de Padronaro. Le 13 la division Villatte marcha droit à l'ennemi, tandis que le duc de Bellune, avec la division Ruffin, tournait par Alcazar. Aussitôt que le général Villatte découvrit les Espagnols, il marcha au pas de charge, et mit en déroute les douze ou treize mille hommes qu'avait l'ennemi et qui cherchèrent à se retirer par Carascosa sur Alcazar ; mais déjà le duc de Bellune occupait la route d'Alcazar. Le neuvième régiment d'infanterie légère, le vingt-quatrième de ligne, et le quatre-vingt-seizième présentèrent à l'ennemi un mur de baïonnettes. Les Espagnols mirent bas les armes. Trois cents officiers, deux généraux, sept colonels, vingt lieutenant-colonels et douze mille hommes ont été faits prisonniers. On a pris trente drapeaux et toute l'artillerie. Le nommé Venegas, qui commandait ces troupes, a été tué.
Cette armée avec ses drapeaux et son artillerie, escortée par trois bataillons, fera demain 17 son entrée à Madrid.
Ce succès fait honneur au duc de Bellune et à la conduite des troupes. Le général Villatte a manoeuvré avec habileté.
Le général Ruffin s'est distingué. Il en a été de même du général Latour-Maubourg. Ses dragons se sont comportés avec intrépidité. Le jeune Sopransi, chef d'escadron au premier de dragons, s'est précipité au milieu des ennemis, en déployant une singulière bravoure. Il a apporté six drapeaux au duc de Bellune.
Le général d'artillerie Sénarmont s'est conduit comme il l'a fait dans toutes les circonstances. Lorsque l'armée ennemie se vit coupée, elle changea de direction. Le général Sénarmont était alors engagé dans une gorge avec son artillerie, et c'est sur cette gorge que l'ennemi se dirigea pour y chercher un passage. L'artillerie avait peu d'escorte, mais les canonniers de la grande-armée n'en ont pas besoin. Le général Sénarmont plaça ses pièces en bataillon carré et tira à mitraille. La colonne ennemie changea encore de direction et se porta sur le point où elle est venue mettre bas les armes. Le duc de Bellune se loue de M. Château son premier aide-de-camp, et de M. l'adjudant commandant Aimé. Il donne des éloges au général Sémélé, aux colonels Jamin, Meunier, Mouton Duvernay, Lacoste, Pescheux et Combelle, tous officiers dont la bravoure et l'habileté ont été éprouvées dans cent combats.
En Galice les Anglais continuent d'être poursuivis l'épée dans les reins. Après avoir été chassés de
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