Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
espagnols de la Galice et du royaume de Léon sont impitoyables pour les traînards anglais. Malgré les sévères défenses qui ont été faites, on trouve tous les jours beaucoup d'Anglais assassinés.
Le quartier-général du duc d'Elchingen est à Villa-Franca, sur les confins de la Galice et du royaume de Léon.
Le duc de Bellune est sur le Tage.
Toute la garde impériale se concentre à Valladolid.
Les villes de Valladolid, de Palencia, de Ségovie, d'Avila, d'Astorga, de Léon, etc., envoient de nombreuses députations au roi. La fuite de l'armée anglaise, la dispersion des restes des armées de la Romana et de l'Estramadure, et les maux que les troupes des différentes armées font peser sur le pays, rallient les provinces autour de l'autorité légitime.
La ville de Madrid s'est particulièrement distinguée. Les procès-verbaux constatant le serment prêté devant le saint-Sacrement par vingt-huit mille sept cents chefs de famille, ont été mis sous les yeux de l'empereur. Les citoyens de Madrid ont promis à Sa Majesté, que, si elle place sur le trône le roi son frère, ils le seconderont de tous leurs efforts et le défendront de tous leurs moyens.
Valladolid, 13 janvier 1809.
Vingt-huitième bulletin de l'armée d'Espagne.
La partie du trésor de l'ennemi qui est tombée entre les mains de nos troupes était d'un million huit cent mille francs. Les habitans assurent que les Anglais ont emporté huit à dix millions.
Le général anglais jugeant qu'il était impossible que l'infanterie et l'artillerie l'eussent suivi, et eussent gagné sur lui un certain nombre de marches, surtout dans des montagnes aussi difficiles que celles de la Galice, comprit qu'il ne devait avoir à sa poursuite que des voltigeurs et de la cavalerie. Il prit donc la position de Castro, sa droite appuyée à la rivière de Tamboya, qui passe à Lugo, et qui n'est pas guéable.
Le duc de Dalmatie arriva le 6 en présence de l'ennemi. Il employa les journées du 7 et du 8 à le reconnaître, et à réunir son infanterie et son artillerie, qui étaient encore en arrière. Il forma son plan d'attaque. La gauche seule de l'ennemi était attaquable ; il manoeuvra sur cette gauche. Ses dispositions exigèrent quelques mouvemens dans la journée du 8, le duc de Dalmatie étant dans l'intention d'attaquer le lendemain 9. Mais l'ennemi s'en étant douté, fit sa retraite pendant la nuit, et le matin, notre avant-garde entra à Lugo. L'ennemi a abandonné trois cents malades anglais dans les hôpitaux de la ville, un parc de dix-huit pièces de canon et trois cents chariots de munitions. Nous lui avons fait sept cents prisonniers. La ville et les environs de Lugo sont encombrés de cadavres de chevaux anglais. Ainsi voilà plus de deux mille cinq cents chevaux que les Anglais ont tués dans leur retraite.
Il fait un temps affreux ; la neige et la pluie tombent continuellement.
Les Anglais gagnent à toute force la Corogne où ils ont quatre cents bâtimens de transport pour leur embarquement.
Ils ont déjà perdu leurs bagages, leurs munitions, une partie même du matériel de leur artillerie, et plus de trois mille hommes faits prisonniers.
Le 10, notre avant-garde était à Betancos, à peu de distance de la Corogne.
Le duc d'Elchingen est avec son corps d'armée sur Lugo.
En comptant les malades, les hommes égarés, ceux qui ont été tués par les paysans, et ceux qui ont été faits prisonniers par nos troupes, on peut calculer que les Anglais ont perdu le tiers de leur armée. Ils sont réduits à dix mille hommes et ne sont pas encore embarqués. Depuis Sahagun, ils ont fait une retraite de cent cinquante lieues par un mauvais temps, dans des chemins affreux, au milieu des montagnes et toujours l'épée dans les reins.
On a de la peine à concevoir la folie de leur plan de campagne. Il faut l'attribuer non au général qui commande, et qui est un homme habile et sage, mais à cet esprit de haine et de rage qui anime le ministère anglais. Jeter ainsi en avant trente mille hommes pour les exposer à être détruits, ou à n'avoir de ressource que dans la fuite, c'est une conception qui ne peut être inspirée que par l'esprit de passion, ou par la plus extravagante présomption. Le gouvernement anglais, comme le menteur du théâtre, est parvenu à se persuader lui-même ; il s'est pris dans son propre piége.
La ville de Lugo a été pillée et saccagée par l'ennemi. On ne peut imputer ces désastres au général anglais ;
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