Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
de Wurtzbourg, frère de l'empereur d'Autriche, a montré les mêmes sentimens, et a déclaré que si les Autrichiens avançaient sur ses états, il se retirerait, s'il le fallait, au-delà du Rhin ; tout l'esprit de vertige et les injures de la cour de Vienne sont généralement appréciés. Les régimens des petits princes, toutes les troupes alliées, demandent à l'envi à marcher à l'ennemi.
Une chose notable, et que la postérité remarquera comme une nouvelle preuve de l'insigne mauvaise foi de la maison d'Autriche, c'est que le même jour qu'elle faisait écrire au roi de Bavière la lettre, elle faisait publier dans le Tyrol la proclamation du général Jellachich : le même jour on proposait au roi d'être neutre et on insurgeait ses sujets.
Comment concilier cette contradiction, ou plutôt, comment justifier cette infamie ?
Ratisbonne, 24 avril 1809.
Ordre du jour.
Soldats !
Vous avez justifié mon attente : vous avez suppléé au nombre par votre courage ; vous avez glorieusement marqué la différence qui existe entre les soldats de César et les armées de Xerxès.
En peu de jours nous avons triomphé dans les trois batailles de Tann, d'Abensberg et d'Eckmühl, et dans les combats de Peissing, Landshut et de Ratisbonne. Cent pièces de canon, quarante drapeaux, cinquante mille prisonniers, trois équipages attelés, trois mille voitures attelées portant les bagages, toutes les caisses des régimens, voilà le résultat de la rapidité de vos marches et de votre courage.
L'ennemi enivré par un cabinet parjure, paraissait ne plus conserver aucun souvenir de vous ; son réveil a été prompt ; vous lui avez paru plus terribles que jamais. Naguère il a traversé l'Inn et envahi le territoire de nos alliés ; naguère il se promettait de porter la guerre au sein de notre patrie. Aujourd'hui, défait, épouvanté, il fuit en désordre ; déjà mon avant-garde a passé l'Inn ; avant un mois nous serons à Vienne.
Burghausen, 30 avril 1809.
Troisième bulletin de la grande armée.
L'empereur est arrivé le 27, à six heures du soir, à Mulhdorf. S. M. a envoyé la division du général de Wrede à Lauffen, sur l'Alza, pour tâcher d'atteindre le corps que l'ennemi avait dans le Tyrol, et qui battait en retraite à marches forcées. Le général de Wrede arriva le 28 à Lauffen, rencontra l'arrière-garde ennemie, prit ses bagages, et lui fit bon nombre de prisonniers ; mais l'ennemi eut le temps de passer la rivière et brûla le pont.
Le 27, le duc de Dantzick arriva à Wanesburk et le 28 à Altenmarck.
Le 29, le général de Wrede avec sa division, continua sa marche sur Salzbourg : à trois lieues de cette ville, sur la route de Lauffen, il trouva des avant-postes de l'armée ennemie. Les Bavarois les poursuivirent l'épée dans les reins, et entrèrent pêle-mêle avec eux dans Salzbourg. Le général de Wrede assure que la division du général Jellachich est entièrement dispersée. Ainsi, ce général a porté la peine de l'infâme proclamation par laquelle il a mis le poignard aux mains des Tyroliens.
Les Bavarois ont fait cinq cents prisonniers. On a trouvé à Salzbourg des magasins assez considérables.
Le 28, à la pointe du jour, le duc d'Istrie arriva à Burghausen, et posta une avant-garde sur la rive droite de l'Inn. Le même jour, le duc de Montebello arriva à Burghausen. Le comte Bertrand disposa tout pour raccommoder le pont que l'ennemi avait brûlé. La crue de la rivière occasionnée par la fonte des neiges, mit quelque retard au rétablissement du pont. Toute la journée du 29 fut employée à ce travail. Dans la journée du 30, le pont a été rétabli et toute l'armée a passé.
Le 28, un détachement de cinquante chasseurs, sous le commandement du chef d'escadron Margaron, est arrivé à Dittemaning, où il a rencontré un bataillon de la fameuse landwerh qui à son approche se jeta dans un bois.
Le chef d'escadron Margaron l'envoya sommer ; après s'être long-temps consultés, mille hommes de ces redoutables milices postés dans un bois fourré et inaccessible à la cavalerie, se sont rendus à cinquante chasseurs. L'empereur voulut les voir ; ils faisaient pitié : ils étaient commandés par de vieux officiers d'artillerie, mal armés et plus mal équipés encore.
Le génie arrogant et farouche de l'Autrichien s'était entièrement découvert dans le moment de fausse prospérité dont leur entrée à Munich les avait éblouis. Ils feignirent de caresser
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