Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
Nicolsbourg. L'ennemi, coupé de la Hongrie et de la Moravie, se trouvait acculé du côté de la Bohême.
Tel est le récit de la bataille de Wagram, bataille décisive et à jamais célèbre, où trois à quatre cent mille hommes, douze à quinze cents pièces de canon se battaient pour de grands intérêts, sur un champ de bataille étudié, médité, fortifié par l'ennemi depuis plusieurs mois. Dix drapeaux, quarante pièces de canon, vingt mille prisonniers, dont trois ou quatre cents officiers et bon nombre de généraux, de colonels et de majors, sont les trophées de cette victoire. Les champs de bataille sont couverts de morts, parmi lesquels on trouve les corps de plusieurs généraux, et entre autres d'un nommé Normann, Français, traître à sa patrie, qui avait prostitué ses talens contre elle.
Tous les blessés de l'ennemi sont tombés en notre pouvoir. Ceux qu'il avait évacués au commencement de l'action, ont été trouvés dans les villages environnans. On peut calculer que le résultat de cette bataille sera de réduire l'armée autrichienne à moins de soixante mille hommes.
Notre perte a été considérable : on l'évalue à quinze cents hommes tués et à trois ou quatre mille blessés.
Le duc d'Istrie, au moment où il disposait l'attaque de la cavalerie, a eu son cheval emporté d'un coup de canon ; le boulet est tombé sur sa selle, et lui a fait une légère contusion à la cuisse.
Le général de division Lasalle a été tué d'une balle. C'était un officier du plus grand mérite et l'un de nos meilleurs généraux de cavalerie légère.
Le général bavarois de Wrede, et les généraux Seras, Grenier, Vignolle, Sahuc, Frère et Defrance ont été blessés.
Le colonel prince Aldobrandini a été frappé au bras par une balle. Les majors de la garde Daumesnil et Corbineau et le colonel Sainte-Croix, ont aussi été blessés. L'adjudant-commandant Duprat a été tué. Le colonel du neuvième d'infanterie de ligne est resté sur le champ de bataille. Ce régiment s'est couvert de gloire.
L'état-major fait dresser l'état de nos pertes.
Une circonstance particulière de cette grande bataille, c'est que les colonnes les plus rapprochées de Vienne n'en étaient pas à douze cents toises. La nombreuse population de cette capitale couvrait les tours, les clochers, les toits, les monticules pour être témoin de ce grand spectacle.
L'empereur d'Autriche avait quitté Wolkersdorf le 6, à cinq heures du matin, et était monté sur un belvédère d'où il voyait le champ de bataille, et où il est resté jusqu'à midi. Il est alors parti en toute hâte.
Le quartier-général français est arrivé à Wolkersdorf, dans la matinée du 7.
Wolkersdorf, 9 juillet 1809.
Vingt-sixième bulletin de la grande armée.
La retraite de l'ennemi est une déroute. On a ramassé une partie de ses équipages ; ses blessés sont tombés en notre pouvoir ; on compte déjà au-delà de douze mille hommes ; tous les villages en sont remplis. Dans cinq de ses hôpitaux seulement on en a trouvé plus de six mille.
Le duc de Rivoli, poursuivant l'ennemi par Stokerau, est déjà arrivé à Hollabrunn.
Le duc de Raguse l'avait d'abord suivi sur la route de Brunn, qu'il a quittée à Wolfersdorf pour prendre celle de Znaïm. Aujourd'hui, à neuf heures du matin, il a rencontré à Laa une arrière-garde qu'il a culbutée, et à laquelle il a fait neuf cents prisonniers. Il sera demain à Znaïm.
Le duc d'Auerstaedt est arrivé aujourd'hui à Nicolsbourg.
L'empereur d'Autriche, le prince Antoine, une suite d'environ deux cents calèches, carrosses et autres voitures, ont couché, le 6, à Erensbrunn ; le 7, à Hollabrunn, et le 8 à Znaïm, d'où ils sont partis le 9 au matin : selon les rapports des gens du pays qui les conduisaient, leur abattement était extrême.
L'un des princes de Rohan a été trouvé blessé sur le champ de bataille. Le feld-maréchal lieutenant Wussakowicz est parmi les prisonniers.
L'artillerie de la garde s'est couverte de gloire ; le major d'Aboville qui la commandait, a été blessé. L'empereur l'a fait général de brigade. Le chef d'escadron d'artillerie Grenier a eu un bras emporté. Ces intrépides canonniers ont montré toute la puissance de cette arme terrible.
Les chasseurs à cheval de la garde ont chargé, le jour de là bataille de Wagram, trois carrés d'infanterie qu'ils ont enfoncés ; ils ont pris quatre pièces de canon.
Les chevau-légers polonais de la garde ont
Weitere Kostenlose Bücher