Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
prières conformes aus sentimens qui nous animent.
Notre Seigneur Jésus-Christ, quoique issu du sang de David, ne voulut aucun règne temporel. Il voulut au contraire qu'on obéît à César dans le règlement des affaires de la terre ; il ne fut animé que du grand objet de la rédemption, et du salut des âmes. Héritier du pouvoir de César, nous sommes résolus à maintenir l'indépendance de notre trône et de nos droits. Nous persévérons dans le grand oeuvre du rétablissement de la religion. Nous environnerons ses ministres de la considération que nous seul pouvons leur donner. Nous écouterons leur voix dans tout ce qui a rapport au spirituel et au règlement des consciences.
Au milieu des soins des camps, des alarmes et des sollicitudes de la guerre, nous avons été bien aise de vous donner connaissance de ces sentimens afin de faire tomber dans le mépris ces oeuvres de l'ignorance et de la faiblesse, de la méchanceté ou de la démence, par lesquelles on voudrait semer le trouble et le désordre dans nos provinces.
On ne nous détournera pas du grand but vers lequel nous tendons, et que nous avons déjà en partie heureusement atteint, le rétablissement des autels de notre religion, en nous portant à croire que ses principes sont incompatibles, comme l'ont prétendu les Grecs, les Anglais, les protestans et les calvinistes, avec l'indépendance des trônes et des nations. Dieu nous a assez éclairé pour que nous soyons loin de partager de pareilles erreurs : notre coeur et ceux de nos sujets n'éprouvent point de semblables craintes. Nous savons que ceux qui voudraient faire dépendre de l'intérêt d'un temporel périssable, l'intérêt éternel des consciences et des affaires spirituelles, sont hors de la charité, de l'esprit et de la religion de celui qui a dit : Mon empire n'est pas dans ce monde. Cette lettre n'étant à d'autres fins, je prie Dieu, monsieur l'évêque, qu'il vous ait en sa sainte garde.
NAPOLÉON.
Vienne, 14 juillet 1809.
Vingt-huitième bulletin de la grande armée.
Le Danube a crû de six pieds. Les ponts de bateaux qu'on avait établis devant Vienne depuis la bataille de Wagram, ont été rompus par les effets de la crue. Mais nos ponts d'Ebersdorf, solides et permanens, n'en ont pas souffert. Ces ponts et les ouvrages de l'île de Lobau sont le sujet de l'admiration des militaires autrichiens. Ils avouent que de tels travaux à la guerre sont sans exemple depuis les Romains.
L'archiduc Charles ayant envoyé le général-major Weisseuvof complimenter l'empereur, et depuis, le baron Wimpffen et le prince Jean de Lichtenstein ayant fait la même politesse en son nom, S. M., a jugé à propos de lui envoyer le duc de Frioul, grand-maréchal du palais, qui l'a trouvée Budweis et a passé une partie de la journée d'hier à son quartier-général.
L'empereur est parti hier à neuf heures du matin de son camp de Znaïm, et est arrivé au palais de Schoenbrunn à trois heures après-midi. S. M. a visité les environs du village de Spilz qui forme la tête du pont de Vienne. Elle a ordonné au général comte Bertrand différens ouvrages qui doivent avoir été tracés et commencés aujourd'hui.
Le pont sur pilotis de Vienne sera rétabli dans le plus court délai.
S. M. a nommé maréchaux de l'empire le général Oudinot, le duc de Raguse et le général Macdonald ; le nombre des maréchaux était de onze. Cette nomination le porte à quatorze : il reste encore deux places vacantes. Les places de colonel-général des Suisses et de colonel-général des chasseurs sont aussi vacantes.
Le colonel-général des chasseurs est, d'après nos constitutions, grand-officier de l'empire.
S. M. a témoigné sa satisfaction de la manière dont la chirurgie a servi, et particulièrement des services du chirurgien en chef Heurteloup.
Le 7, S. M. traversant le champ de bataille a fait enlever un grand nombre de blessés et y a laissé le duc de Frioul, grand-maréchal du palais, qui y a passé toute la journée.
Le nombre des blessés autrichiens tombés en notre pouvoir s'élève de douze à treize mille.
Les Autrichiens ont eu dix-neuf généraux tués ou blessés. On a remarqué comme un fait singulier que les officiers français, soit de l'ancienne France, soit des nouvelles provinces, qui se trouvaient au service d'Autriche, ont pour la plupart péri.
On a intercepté plusieurs courriers, et l'on a trouvé dans les lettres dont ils étaient porteurs, une correspondance suivie
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