Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
les services qu'ils ont rendus à la civilisation européenne.
L'histoire m'a indiqué la conduite que je devais tenir envers Rome.
Les papes, devenus souverains d'une partie de l'Italie, se sont constamment montrés les ennemis de toute puissance prépondérante dans la Péninsule. Ils ont employé leur influence spirituelle pour lui nuire. Il m'a donc été démontré que l'influence spirituelle exercée dans mes états par un souverain étranger, était contraire à l'indépendance de la France, à la dignité et à la sûreté de mon trône. Cependant, comme je reconnais la nécessité de l'influence spirituelle des descendans du premier des pasteurs, je n'ai pu concilier ces grands intérêts qu'en annulant la donation des empereurs français, mes prédécesseurs, et en réunissant les états romains à la France.
Par le traité de Vienne, tous les rois et souverains, mes alliés, qui m'ont donné tant de témoignages de la constance de leur amitié, ont acquis et acquerront un nouvel accroissement de territoire.
Les provinces Illyriennes portent sur la Save les frontières de mon grand empire. Contigu avec l'empire de Constantinople, je me trouverai en situation naturelle de surveiller les premiers intérêts de mon commerce dans la Méditerranée, l'Adriatique et le Levant. Je protégerai la Porte, si la Porte s'arrache à la funeste influence de l'Angleterre : je saurai la punir si elle se laisse dominer par des conseils astucieux et perfides.
J'ai voulu donner une nouvelle preuve de mon estime à la nation suisse, en joignant à mes titres celui de son médiateur, et mettre un terme à toutes les inquiétudes que l'on cherche à répandre parmi cette brave nation.
La Hollande, placée entre l'Angleterre et la France, en est également froissée. Cependant, elle est le débouché des principales artères de mon empire.
Des changemens deviendront nécessaires ; là sûreté de mes frontiéres et l'intérêt bien entendu des deux pays l'exigent impérieusement.
La Suède a perdu, par son alliance avec l'Angleterre, après une guerre désastreuse, la plus belle et la plus importante de ses provinces. Heureuse cette nation, si le prince sage qui la gouverne aujourd'hui eût pu monter sur le trône quelques années plus tôt ! Cet exemple prouve de nouveau aux rois que l'alliance de l'Angleterre est le présage le plus certain de leur ruine.
Mon allié et ami, l'empereur de Russie, a réuni à son vaste empire, la Finlande, la Moldavie, la Valachie, et un district de la Gallicie. Je ne suis jaloux de rien de ce qui peut arriver de bien à cet empire. Mes sentimens pour son illustre souverain sont d'accord avec ma politique.
Lorsque je me montrerai au-delà des Pyrénées, le léopard épouvanté cherchera l'Océan, pour éviter la honte, la défaite et la mort. Le triomphe de mes armes sera le triomphe du génie du bien sur celui du mal, de la modération, de l'ordre, de la morale, sur la guerre civile, l'anarchie et les passions malfaisantes. Mon amitié et ma protection rendront, je l'espère, la tranquillité et le bonheur aux peuples des Espagnes.
Messieurs les députés des départemens au corps législatif, j'ai chargé mon ministre de l'intérieur de vous faire connaître l'historique de la législation, de l'administration et des finances, dans l'année qui vient de s'écouler. Vous y verrez que toutes les pensées que j'ai conçues pour l'amélioration de mes peuples, se sont suivies avec la plus grande activité ; que dans Paris, comme dans les parties les plus éloignées de mon empire, là guerre n'a apporté aucun retard dans les travaux.
Les membres de mon conseil d'état vous présenteront différens projets de lois, spécialement la loi sur les finances ; vous y verrez leur état prospère. Je ne demande à mes peuples aucun nouveau sacrifice, quoique les circonstances m'aient obligé à doubler mon état militaire.
Paris, 2 janvier 1810.
A M. le comte Dejean, ministre de l'administration de la guerre.
Monsieur le comte Dejean, j'accepte votre démission ; je regrette de ne plus vous compter parmi mes ministres. J'ai été satisfait de vos services ; mais cinquante années d'expérience vous rendent nécessaire aux travaux que j'ai entrepris sur toutes mes frontières et que je suis encore dans l'intention d'accroître. Vous continuerez là à me donner des preuves de vos talens et de votre attachement à ma personne. Comptez toujours sur mon estime : cette lettre n'étant à autre
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