Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
quartier-général de ses positions, est un très beau château qui a été construit par M. de Finckenstein, gouverneur de Frédéric II, et qui appartient maintenant à M. de Dohna, grand-maréchal de la cour de Prusse.
Le froid a repris depuis deux jours. Le printemps n'est encore annoncé que par le dégel. Les arbustes les plus précoces ne donnent aucun signe de végétation.
Finckenstein, le 13 avril 1817.
Soixante-douzième bulletin de la grande armée.
Les opérations du maréchal Mortier ont réussi comme on pouvait le désirer. Les Suédois ont eu l'imprudence de passer la Peene, de déboucher sur Anklam et Demmin, et de se porter sur Passewalk. Le 16, avant le jour, le maréchal Mortier réunit ses troupes, déboucha de Passewalk sur la route d'Anklam, culbuta les positions de Belling et de Ferdinandshoff, fit quatre cents prisonniers, prit deux pièces de canon, entra pêle-mêle avec l'ennemi dans Anklam, et s'empara de son pont sur la Peene.
La colonne du général suédois Cardell a été coupée. Elle était à Uckermünde, lorsque nous étions déjà à Anklam. Le général en chef d'Armfeld a été blessé d'un coup de mitraille ; tous les magasins de l'ennemi ont été pris.
La colonne coupée du général Cardell a été attaquée le 17 à Uckermünde, par le général de brigade Veau. Elle a perdu trois pièces de canon et cinq cents prisonniers ; le reste s'est embarqué sur des chaloupes canonnières sur le Haff. Deux autres pièces de canon et cent hommes ont été pris du côté de Demmin.
Le baron d'Essen qui se trouve commander l'armée suédoise en l'absence du général d'Armfeld, a proposé une trêve au général Mortier, en lui faisant connaître qu'il avait l'autorisation spéciale du roi pour sa conclusion. La paix et même une trêve accordée à la Suède remplirait les plus chers désirs de l'empereur, qui a toujours éprouvé une véritable douleur de faire la guerre à une nation généreuse, brave, géographiquement et historiquement amie de la France. Et dans le fait, le sang suédois doit-il être versé pour la défense de l'empire Ottoman ou pour sa ruine ! Doit-il être versé pour maintenir l'équilibre des mers ou pour leur-asservissement ? Qu'a à craindre la Suède de la France ? Rien.
Qu'a-t-elle à craindre de la Russie ? Tout. Ces raisons sont trop solides pour que, dans un cabinet aussi éclairé, et chez une nation qui a des lumières et de l'opinion, la guerre actuelle n'ait promptement un terme. Immédiatement après la bataille d'Iéna, l'empereur fit connaître le désir qu'il avait de rétablir les anciennes relations de la Suède avec la France. Ces premières ouvertures furent faites au ministre de Suède à Hambourg ; mais elles furent repoussées. L'instruction de l'empereur à ses généraux a toujours été de traiter les Suédois comme des amis avec lesquels la nature des choses ne tardera pas à nous remettre en paix. Ce sont-là les plus chers intérêts des deux peuples. «S'ils nous faisaient du mal, ils le pleureraient un jour ; et nous, nous voudrions réparer le mal que nous leur aurions fait. L'intérêt de l'état l'emporte tôt ou tard sur les brouilleries et sur les petites passions.» Ce sont les propres termes des ordres de l'empereur. C'est dans ce sentiment que l'empereur a contremandé les opérations du siège de Stralsund, en a fait revenir les mortiers et les pièces qu'on y avait envoyés de Stettin. Il écrivait dans ces ternies au général Mortier : «Je regrette déjà ce qui s'est fait. Je suis fâché que le beau faubourg de Stralsund ait été brûlé. Est-ce à nous à faire du mal à la Suède ? Ceci n'est qu'un rêve : c'est à nous à la défendre, et non à lui faire du mal. Faites-lui en le moins que vous pourrez ; proposez au gouverneur de Stralsund un armistice, une suspension d'armes, afin d'alléger et de rendre moins funeste une guerre que je regarde comme criminelle, parce qu'elle est impolitique.»
Une suspension d'armes a été signée le 18, entre le maréchal Mortier et le baron d'Essen.
Le siège de Dantzick se continue.
Le 16 avril, à huit heures du soir, un détachement de deux mille hommes, et six pièces de canon de la garnison de Glatz, marcha sur la droite de la position de Frankenstein ; le lendemain, 17, à la pointe du jour, une nouvelle colonne de huit cents hommes sortit de Silberberg. Ces troupes réunies marchèrent sur Frankenstein et commencèrent l'attaque à cinq heures du
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