Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
défendaient mille Russes, et cinq redoutes garnies d'artillerie, et qui est très-importante pour le siége, puisqu'elle prend de revers la position que l'on attaque. Les Russes ont été surpris dans leurs corps-de-garde : quatre cents ont été égorgés à la baïonnette, sans avoir le temps de se défendre, et six cents ont été faits prisonniers. Cette expédition qui a eu lieu dans la nuit du 6 au 7, a été faite en grande partie par les troupes de Paris, qui se sont couvertes de gloire.
Le temps devient plus doux, les chemins sont excellens, les bourgeons paraissent sur les arbres, l'herbe commence à couvrir les campagnes ; mais il faut encore un mois pour que la cavalerie puisse trouver à vivre.
L'empereur a établi à Magdebourg, sous les ordres du maréchal Brune, un corps d'observation qui sera composé de près de quatre-vingt mille hommes, moitié Français, et l'autre moitié Hollandais et confédérés du Rhin ; les troupes hollandaises sont au nombre de vingt mille hommes.
Les divisions françaises Molitor et Boudet, qui font aussi partie de ce corps d'observation, arrivent le 15 mai a Magdebourg. Ainsi on est en mesure de recevoir l'expédition anglaise sur quelque point qu'elle se présente. S'il est certain qu'elle débarquera, il ne l'est pas qu'elle puisse se rembarquer.
Finckenstein, le 16 mai 1807.
Soixante-quatorzième bulletin de la grande armée.
Le prince Jérôme ayant reconnu que trois ouvrages avancés de Neiss, qui étaient le long de la Biélau, gênaient les opérations du siége, a ordonné au général Vandamme de les enlever. Ce général à la tête des troupes wurtembergeoises, a emporté ces ouvrages dans la nuit du 30 avril au premier mai, a passé au fil de l'épée les troupes ennemies qui les défendaient, a fait cent vingt prisonniers et, pris neuf pièces de canon. Les capitaines du génie Depouthou et Prost, le premier, officier d'ordonnance de l'empereur, ont marché à la tête des colonnes, et ont fait preuve de grande bravoure. Les lieutenans Hohendorff, Bawer et Mulher, se sont particulièrement distingués.
Le 2 mai, le lieutenant-général Camrer a pris le commandement de la division wurtembergeoise.
Depuis l'arrivée de l'empereur Alexandre à l'armée, il paraît qu'un grand conseil de guerre a été tenu à Bartenstein, auquel ont assisté le roi de Prusse et le grand-duc Constantin ; que les dangers que courait Dantzick ont été l'objet des délibérations de ce conseil ; que l'on a reconnu que Dantzick ne pouvait être sauvé que de deux manières : la première en attaquant l'armée française, en passant la Passarge, en courant la chance d'une bataille générale, dont l'issue, si l'on avait du succès, serait d'obliger l'armée française à découvrir Dantzick ; l'autre en secourant la place par mer. La première opération paraît n'avoir pas été jugée praticable, sans s'exposer à une ruine et à une défaite totale ; et on s'est arrêté au plan de secourir Dantzick par mer.
En conséquence, le lieutenant-général Kaminski, fils du feld-maréchal de ce nom, avec deux divisions russes, formant douze régimens, et plusieurs régimens prussiens, ont été embarqués à Pilau.
Le 13, soixante-six bâtimens de transport, escortés par trois frégates, ont débarqué les troupes à l'embouchure de la Vistule, au port de Dantzick, sous la protection du fort de Weischelmunde.
L'empereur donna sur le champ l'ordre au maréchal Lannes, commandant le corps de réserve de la grande-armée, de se porter à Marienbourg, où était son quartier-général, avec la division du général Oudinot, pour renforcer l'armée du maréchal Lefebvre. Il arriva en une marche, dans le même temps que l'armée ennemie débarquait. Le 13 et le 14, l'ennemi fît des préparatifs d'attaque ; il était séparé de la ville par une espace de moins d'une lieue, mais occupé par les troupes françaises. Le 15, il déboucha du fort sur trois colonnes ; il projetait de déboucher par la droite de la Vistule. Le général de brigade Schramm, qui était aux avant-postes avec le deuxième régiment d'infanterie légère, et un bataillon de Saxons et de Polonais, reçut les premiers feux de l'ennemi, et le contint à portée de canon de Weischelmunde.
Le maréchal Lefebvre s'était porté au pont situé au bas de la Vistule, avait fait passer le douzième d'infanterie légère et des Saxons, pour soutenir le général Schramm. Le général Gardanne, chargé de la
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