Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
défense de la droite de la Vistule, y avait également appuyé le reste de ses forces. L'ennemi se trouvait supérieur et le combat se soutenait avec une égale opiniâtreté. Le maréchal Lannes, avec la réserve d'Oudinot, était placé sur la gauche de la Vistule, par où il paraissait la veille que l'ennemi devait déboucher ; mais voyant les mouvemens de l'ennemi démasqués, le maréchal Lannes passa la Vistule, avec quatre bataillons de la réserve d'Oudinot.
Toute la ligne et la réserve de l'ennemi furent mises en déroute et poursuivies jusqu'aux palissades, et à neuf heures du matin l'ennemi était bloqué dans le fort de Weischelmunde. Le champ de bataille était couvert de morts. Notre perte se monte à vingt-cinq hommes tués et deux cents blessés. Celle de l'ennemi est de neuf cents hommes tués, quinze cents blessés et deux cents prisonniers. Le soir on distinguait un grand nombre de blessés, qu'on embarquait sur les bâtimens qui, successivement, ont pris le large pour retourner à Koenigsberg. Pendant cette action, la place n'a fait aucune sortie, et s'est contentée de soutenir les Russes par une vive canonnade. Du haut de ses remparts délabrés et à demi démolis, l'ennemi a été témoin de toute l'affaire. Il a été consterné de voir s'évanouir l'espérance qu'il avait d'être secouru. Le général Oudinot a tué de sa propre main trois Russes. Plusieurs de ses officiers d'état-major ont été blessés. Le douzième et le deuxième régimens d'infanterie légère se sont distingués. Les détails de ce combat n'étaient pas encore arrivés à l'état-major.
Le journal du siège de Dantzick fera connaître que les travaux se poursuivent avec une égaie activité, que le chemin couvert est couronné, et que l'on s'occupe des préparatifs du passage du fossé.
Dès que l'ennemi sut que son expédition maritime était arrivée devant Dantzick, ses troupes légères observèrent et inquiétèrent toute la ligne, depuis la position qu'occupe le maréchal Soult le long de la Passarge, devant la division du général Morand, sur l'Alle. Elles furent reçues à bout portant par les voltigeurs, perdirent un bon nombre d'hommes, et se retirèrent plus vite qu'elles n'étaient venues.
Les Russes se présentèrent aussi à Malga, devant le général Zayonchek, commandant le corps d'observation polonais, et enlevèrent un poste de Polonais.
Le général de brigade Fischer marcha à eux, les culbuta, leur tua une soixantaine d'hommes, un colonel et deux capitaines. Ils se présentèrent également devant le cinquième corps, insultèrent les avant-postes du général Gazan à Willenberg ; ce général les poursuivit pendant plusieurs lieues. Ils attaquèrent plus sérieusement la tête du pont de l'Omulew de Drenzewo. Le général de brigade Girard marcha à eux avec le quatre-vingt-huitième et les culbuta dans la Narew. Le général de division Suchet arriva, poussa les Russes l'épée dans les reins, les culbuta dans Ostrolenka, leur tua une soixantaine d'hommes, et leur prit cinquante chevaux. Le capitaine du soixante-quatrième Laurin, qui commandait une grand'garde, cerné de tous côtés par les Cosaques, fît la meilleure contenance, et mérita d'être distingué. Le maréchal Masséna, qui était monté à cheval avec une brigade de troupes bavaroises, eut lieu d'être satisfait du zèle et de la bonne contenance de ces troupes.
Le même jour 13, l'ennemi attaqua le général Lemarrois, à l'embouchure du Bug. Ce général avait passé cette rivière le 10 avec une brigade bavaroise et un régiment polonais, avait fait construire en trois jours des ouvrages de tête de pont, et s'était porté sur Wiskowo, dans l'intention de brûler les radeaux auxquels l'ennemi faisait travailler depuis six semaines. Son expédition a parfaitement réussi, tout a été détruit ; et dans un moment, ce ridicule ouvrage de six semaines fut anéanti.
Le 13, à neuf heures du matin, six mille Russes, arrivés de Nur, attaquèrent le général Lemarrois dans son camp retranché. Ils furent reçus par la fusillade et la mitraille ; trois cents Russes restèrent sur le champ de bataille : et quand le général Lemarrois vit l'ennemi, qui était arrivé sur les bords du fossé, repoussé, il fit une sortie et le poursuivit l'épée dans les reins.
Le colonel du quatrième de ligne bavarois, brave militaire, a été tué. Il est généralement regretté. Les Bavarois ont perdu vingt hommes, et ont eu une
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