Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
d'Yorck et de Kleist, et forte de près de quatre-vingt mille hommes, a été, en quatre jours, battue, dispersée, anéantie, sans affaire générale, et sans occasionner aucune perte proportionnée à de si grands résultats.
Le 17 février au matin.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
L'empereur, en partant de Nogent le 9, pour manoeuvrer sur les corps ennemis qui s'avançaient par la Ferté et Meaux sur Paris, laissa les corps du duc de Bellune et du général Gérard en avant de Nogent ; le septième corps du duc de Reggio, à Provins, chargé de la défense des ponts de Bray et de Montereau, et le général Pajol sur Montereau et Melun.
Le duc de Bellune, ayant eu avis que plusieurs divisions de l'armée autrichienne avaient marché de Troyes dans la journée du 10, pour s'avancer sur Nogent, fit repasser la Seine à son corps de l'armée, laissant le général Bourmont avec douze cents hommes à Nogent pour la défense de la ville.
L'ennemi se présenta le 11 pour entrer dans Nogent. Il renouvela ses attaques toute la journée, et toujours en vain ; il fut vivement repoussé, avec perte de quinze cent hommes tués ou blessés.
Le général Bourmont avait barricadé les rues, crénelé les maisons, et pris toutes ses mesures pour une vigoureuse défense. Ce général, qui est un officier de distinction, fut blessé au genou ; le colonel Ravier le remplaça. L'ennemi renouvela l'attaque le 12, mais toujours infructueusement. Nos jeunes troupes se sont couvertes de gloire.
Ces deux journées ont coûté à l'ennemi plus de deux mille hommes.
Le duc de Bellune, ayant appris que l'ennemi avait passé à Bray, jugea convenable de faire couper le pont de Nogent, et se porta sur Nangis. Le duc de Reggio ordonna de faire sauter les ponts de Montereau et de Melun, et se retira sur la rivière d'Yères.
Le 16, l'empereur est arrivé sur l'Yères, et a porté son quartier-général à Guignes.
Le soir de la bataille de Vauchamp (le 14), le duc de Raguse fit attaquer l'ennemi à huit heures sur Etoges ; il lui a pris neuf pièces de canon, et il a achevé la destruction de la division russe : on a compté sur ce seul point, au champ de bataille, treize cents morts.
Les succès obtenus à la bataille de Vauchamp ont été beaucoup plus considérables qu'on ne l'a annoncé.
L'exaspération des habitans de la campagne est à son comble. Les atrocités commises par les cosaques surpassent tout ce que l'on peut imaginer. Dans leur féroce ivresse, ils ont porté leurs attentats sur des femmes de soixante ans et sur des jeunes filles de douze ; ils ont ravagé et détruit les habitations. Les paysans, ne respirant que la vengeance, conduits par des vieux militaires réformés, et armés avec des fusils de l'ennemi ramassés sur le champ de bataille, battent les bois, et font main-basse sur tout ce qu'ils rencontrent : on estime déjà à plus de deux mille hommes ceux qu'ils ont pris ; ils en ont tué plusieurs centaines. Les Russes épouvantés se rendent à nos colonnes de prisonniers, pour y trouver un asile. Les mêmes causes produiront les mêmes effets dans tout l'empire ; et ces armées, qui entraient, disaient-elles, sur notre territoire pour y porter la paix, le bonheur, les sciences et les arts, y trouveront leur anéantissement.
A. S. l'impératrice-reine et régente.
L'empereur a fait marcher, le 18 au matin, sur les ponts de Bray et de Montereau.
Le duc de Reggio s'est porté sur Provins.
S. M. étant informée que le corps du général de Wrede et des Wurtembergeois était en position à Montereau, s'y est porté avec les corps du duc de Bellune et du général Gérard, la garde à pied et à cheval.
De son côté, le général Pajol marchait de Melun sur Montereau.
L'ennemi a défendu la position.
Il a été culbuté et si vivement, que la ville et les ponts sur l'Yonne et la Seine ont été enlevés de vive force ; de sorte que ces ponts sont intacts, et nous les passons pour suivre l'ennemi.
Nous avons dans ce moment environ trois mille prisonniers bavarois et wurtembergeois, dont un général et cinq pièces de canon.
Le 19 février 1814.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le duc de Raguse marchait sur Châlons lorsqu'il apprit qu'une colonne de la garde impériale russe, composée de deux divisions de grenadiers, se portait sur Montmirail. Il fit volte-face, marcha à l'ennemi, lui prit trois cents hommes, le repoussa sur Sézanne, d'où les mouvemens de l'empereur ont obligé ce
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