Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
armées ennemies repasseront le Rhin.
Les villes de Guise et de Saint-Quentin ont aussi fermé leurs portes et déclaré qu'elles ne les ouvriraient que s'il se présentait devant elles des forces suffisantes et de l'infanterie. Elles n'ont pas fait comme Reims, qui a eu la faiblesse d'ouvrir ses portes à cent cinquante cosaques, et qui, pendant huit jours, les a complimentés et bien traités. Nos annales conserveront le souvenir des populations qui ont manqué à ce qu'elles devaient à elles-mêmes et à l'honneur. Elles exalteront, au contraire, celles qui, comme Lyon, Chalons-sur-Saône, Tournus, Sens, Saint-Jean-de-Losne, Vitry, Châlons-sur-Marne, ont payé leurs dettes envers la patrie, et se sont souvenues de ce qu'exigeait la gloire du nom français. La Franche-Comté, les Vosges et l'Alsace ne l'oublieront pas au moment du mouvement rétrograde des alliés. Le duc de Castiglione, qui a réuni à Lyon une armée d'élite, marche pour fermer la retraite aux ennemis.
Le 21 février 1814.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le baron Marulaz, commandant à Besançon, écrit ce qui suit :
Le 31 janvier, l'ennemi a fait une attaque du côté de Bréguille, dans la nuit ; il a fait jouer sur la ville deux batteries d'obusiers et de canons, et il a tenté une attaque sur le fort de Chandonne : il a partout été repoussé, aux cris de vive l'empereur. Il a perdu plus de douze cents hommes. Quelque part que l'ennemi se présente, nous sommes en mesure de le bien recevoir.
Tous les cosaques qui s'étaient répandus jusqu'à Orléans, se reploient en toute hâte. Partout les paysans les poursuivent, et prennent et tuent un grand nombre. A Nogent, ces Tartares, qui n'ont rien d'humain, ont incendié des granges, auxquelles ils mettaient le feu à la main. Les habitans étant sortis pour venir l'éteindre, les cosaques les ont chargés et ont rallumé le feu. Dans un village de l'Yonne, les cosaques s'amusant à incendier une belle ferme, le tocsin sonna, et les habitans en jetèrent une trentaine dans les flammes.
L'empereur Alexandre a couché le 17 à Bray ; il avait fait marquer son quartier-général pour le jour suivant à Fontainebleau. L'empereur d'Autriche n'a pas quitté Troyes.
L'empereur Napoléon a eu le 20 au soir son quartier-général à Nogent.
Toute l'armée entière se dirige sur Troyes.
Le général Gérard est arrivé avec son corps et la division de cavalerie du général Roussel, à Sens ; il a son avant-garde à Villeneuve-l'Archevêque. L'avant-garde du duc de Reggio est à moitié chemin de Nogent à Troyes, à Châtres et à Mesgrigny ; celle du duc de Tarente est à Pavillon.
Le duc de Raguse est à Sézanne, observant les mouvemens du général Wintzingerode, qui, ayant quitté Soissons, s'est porté par Reims sur Châlons, pour se réunir au débris de général Blücher. Le duc de Raguse tomberait sur son flanc gauche s'il s'engageait de nouveau.
Soissons est une place à l'abri d'un coup de main. Le général Wintzingerode, à la tête de quatre à cinq mille hommes de troupes légères, la somma de se rendre. Le général Rusca répondit comme il devait. Wintzingerode mit ses douze pièces de canon en batterie ; malheureusement le premier coup tua le général Rusca. Mille hommes de gardes nationales étaient la seule garnison qu'il y eût dans la place ; ils s'épouvantèrent, et l'ennemi entra à Soissons, où il commit toutes les horreurs imaginables. Les généraux qui se trouvaient dans la place, et qui devaient prendre le commandement à la mort du général Rusca, seront traduits à un conseil d'enquête ; car cette ville ne devait pas être prise.
Le duc de Trévise à réoccupé Soissons le 19, et en a réorganisé la défense.
Le général Vincent écrit de Château-Thierry que deux cent cinquante coureurs ennemis étant revenus à Fère-en-Tardenoy, M. d'Arbaud-Missun s'est porté contre eux, avec soixante chevaux du troisième régiment des gardes-d'honneur qu'il a réunis, et avec le secours des gardes nationaux des villages, il a battu ces coureurs, en a tué plusieurs, et a chassé le reste.
Le général Milhaud a rencontré l'ennemi à Saint-Martin-le Bosnay, sur la vieille route de Nogent à Troyes. L'ennemi avait huit cents chevaux environ. Il l'a fait attaquer par trois cents hommes, qui l'ont culbuté, lui ont fait cent soixante prisonniers, tué une vingtaine d'hommes et pris une centaine de chevaux.
Il a poursuivi l'ennemi et le poursuit encore
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