Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
chaque citoyen dans ce qu'il a de plus cher, et ravager ce beau pays dont la gloire et la prospérité furent, dans tous les temps, l'objet de leur haine jalouse.
Malgré les succès que l'armée coalisée vient d'obtenir et dont elle ne s'enorgueillira pas long-temps, le théâtre de la guerre est encore loin de nous ; mais si quelques coureurs, attirés par l'espoir du pillage, osaient se répandre dans vos campagnes, ils vous trouveraient armés pour défendre vos femmes, vos enfans, vos propriétés.
Blois, 3 avril 1814.
Proclamation de l'impératrice-reine et régente.
Français,
Les événemens de la guerre ont mis la capitale au pouvoir de l'étranger.
L'empereur, accouru pour la défendre, est à la tête de ses armées si souvent victorieuses.
Elles sont en présence de l'ennemi, sous les murs de Paris. C'est de la résidence que j'ai choisie, et des ministres de l'empereur, qu'émaneront les seuls ordres que vous puissiez reconnaître.
Toute ville au pouvoir de l'ennemi cesse d'être libre ; toute direction qui en émane est le langage de l'étranger, ou celui qu'il convient à ses vues hostiles de propager.
Vous serez fidèles à vos sermens, vous écouterez la voix d'une princesse qui fut remise à votre foi, qui fait sa gloire d'être Française, d'être associée aux destinées du souverain que vous avez librement choisi.
Mon fils était moins sûr de vos coeurs au temps de nos prospérités.
Ses droits et sa personne sont sous votre sauve-garde.
MARIE-LOUISE.
Discours de Napoléon à sa garde lorsqu'il apprit l'entrée des alliés à Paris.
«Officiers, sous-officiers et soldats de la vieille garde ! l'ennemi nous a dérobé trois marches, il est entré dans Paris. J'ai fait offrir à l'empereur Alexandre une paix achetée par de grands sacrifices : la France avec ses anciennes limites, en renonçant à ses conquêtes, et perdant tout ce que nous avons gagné depuis la révolution. Non-seulement il a refusé, il a fait plus encore ; par les suggestions perfides d'hommes à qui j'ai accordé la vie, que j'ai comblés de bienfaits, il les autorise à porter la cocarde blanche, et bientôt il voudra la substituer à notre cocarde nationale... Dans peu de jours, j'irai l'attaquer dans Paris. Je compte sur vous... Ai-je raison ? (Ici s'élevèrent des cris nombreux : vive l'empereur, oui, à Paris, à Paris)... Nous irons leur prouver que la nation française sait être maîtresse chez elle ; que si elle l'a été souvent chez les autres, elle le sera toujours sur son sol, et qu'enfin elle est capable de défendre sa cocarde, son indépendance et l'intégrité de son territoire. Allez communiquer ces sentimens à vos soldats.»
Fontainebleau, 4 avril 1814.
Ordre du jour.
L'empereur remercie l'armée pour l'attachement qu'elle lui témoigne, et principalement parce qu'elle reconnaît que la France est en lui, et non pas dans le peuple de la capitale. Le soldat suit la fortune et l'infortune de son général, son honneur et sa religion. Le duc de Raguse n'a pas inspiré ces sentimens à ses compagnons d'armes ; il est passé aux alliés. L'empereur ne peut approuver la condition sous laquelle il a fait cette démarche ; il ne peut accepter la vie ni la liberté de la merci d'un sujet. Le sénat s'est permis de disposer du gouvernement français ; il a oublié qu'il doit à l'empereur le pouvoir dont il abuse maintenant ; que c'est lui qui a sauvé une partie de ses membres de l'orage de la révolution, tiré de l'obscurité et protégé l'autre contre la haine de la nation. Le sénat se fonde sur les articles de la constitution, pour la renverser ; il ne rougit pas de faire des reproches à l'empereur, sans remarquer que, comme le premier corps de l'état, il a pris part à tous les événemens. Il est allé si loin qu'il a osé accuser l'empereur d'avoir changé des actes dans la publication ; le monde entier sait qu'il n'avait pas besoin de tels artifices : un signe était un ordre pour le sénat, qui toujours faisait plus qu'on ne désirait de lui. L'empereur a toujours été accessible aux sages remontrances de ses ministres, et il attendait d'eux dans cette circonstance, une justification la plus indéfinie des mesures qu'il avait prises. Si l'enthousiasme s'est mêlé dans les adresses et discours publics, alors l'empereur a été trompé ; mais ceux qui ont tenu ce langage, doivent s'attribuer à eux-mêmes la suite funeste de leurs flatteries. Le sénat ne rougit pas de parler
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