Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
arrivé à Dresde, et a déjà eu plusieurs conférences avec le duc de Bassano.
La Russie vient d'obtenir du roi de Prusse que le papier russe ait un cours forcé dans les états prussiens, et comme le papier prussien perd déjà soixante-dix pour cent, cette ordonnance ne semble pas propre à relever le crédit de la Prusse.
La ville de Berlin est tourmentée de toutes les manières, et chaque jour les vexations s'y font sentir davantage. Cette capitale compare déjà sa situation à celle de plusieurs villes de France en 1793.
S. M. l'empereur a fait le 28 une course de huit à dix heures aux environs de Dresde.
On a reçu des nouvelles de Modlin et de Zamosc.
Ces places sont dans la meilleure situation, soit pour les vivres et les munitions de guerre, soit pour les fortifications.
Magdebourg, le 12 juillet 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
L'empereur est arrivé aujourd'hui ici à sept heures du matin. S. M. est aussitôt montée à cheval, et a visité les fortifications, qui rendent Magdebourg une des plus fortes places de l'Europe.
S. M. est partie de Dresde le 10, à trois heures du matin. Elle a déjeuné à Torgau, a visité les fortifications de cette place, et y a vu la brigade de troupes saxonnes commandée par le général Lecocq. A six du soir, elle est arrivée à Wittemberg, et en a visité les fortifications.
Le 11, à cinq heures du matin, S. M. a passé en revue trois divisions (les cinquième, sixième et sixième bis) arrivant de France ; elle a nommé aux emplois vacans, et a accordé des récompenses à plusieurs officiers et soldats.
Parti de Wittemberg à trois heures après-midi, l'empereur est arrivé à six heures à Dessau, où S. M. a vu la division du général Philippon.
S. M. a quitté Dessau à deux heures du matin, et dès cinq heures elle se trouvait à Magdebourg, où sont campées les trois divisions du corps du général comte Vandamme.
Dresde, le 15 juillet 1813.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
L'empereur est parti de Magdebourg le 13, après avoir vu les divisions du corps du général Vandamme, et s'est rendu à Leipsick.
Le 14, à cinq heures du matin, S. M. a vu le troisième corps de cavalerie, que commande le duc de Padoue.
Dans l'après-midi, S. M. a vu sur la grande place de Leipsick le reste des troupes du duc de Padoue, qu'elle n'avait pas pu voir le matin. Elle est montée ensuite en voiture, à cinq heures du soir, pour Dresde, où elle est arrivée à une heure après minuit.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le duc de Vicence, grand-écuyer, et le comte de Narbonne, ambassadeur de France à Vienne, ont été nommés par l'empereur ses ministres plénipotentiaires à Prague.
Le comte de Narbonne était parti le 9.
On croit que le duc de Vicence partira le 18.
Le conseiller intime d'Anstett, plénipotentiaire de l'empereur de Russie, était arrivé le 12 juillet à Prague.
Une convention avait été signée à Neumarkt pour la prolongation de l'armistice jusqu'à la mi-août.
De notre camp impérial de Dresde, le 14 août 1813.
Lettre de l'empereur au duc de Massa, grand-juge ministre de la justice.
«Monsieur le duc de Massa, notre grand-juge ministre de la justice,
«Nous avons appris avec la plus grande peine la scène scandaleuse qui vient de se passer à Bruxelles, aux assises de la cour impériale.
Notre bonne ville d'Anvers, après avoir perdu plusieurs millions par la déprédation publique et avouée des agens de l'octroi, a perdu son procès et a été condamnée aux dépens. Le jury, dans cette circonstance, n'a pas répondu à la confiance de la loi, et plusieurs jurés, trahissant leur serment, se sont livrés publiquement à la plus honteuse corruption. Dans cette circonstance, quoiqu'il soit dans nos principes et dans notre volonté que nos tribunaux administrent la justice avec la plus grande indépendance, cependant, comme ils l'administrent en notre nom et à la décharge de notre conscience, nous ne pouvons pas ignorer et tolérer un pareil scandale, ni permettre que la corruption triomphe et marche tête levée dans nos bonnes villes de Bruxelles et d'Anvers.
«Notre intention est qu'à la réception de la présente lettre, vous ayez à ordonner à notre procureur impérial près la cour de Bruxelles de réunir les juges qui ont présidé la session des assises, et de dresser procès-verbal en forme d'enquête de ce qui est à leur connaissance, et de ce qu'ils pensent relativement à la scandaleuse
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