Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
l'empereur se porta à Zittau, fit marcher sur-le-champ les troupes du prince Poniatowski, força les débouchés de la Bohême, passa la grande chaîne des montagnes qui séparent la Bohême de la Lusace, et entra à Gobel, pendant le temps que le général Lefèvre-Desnouettes, avec une division d'infanterie et de cavalerie de la garde, s'emparait de Hambourg, franchissait le col des montagnes à Georgenthal, et que le général polonais Reminski s'emparait de Friedland et de Reichenberg.
Cette opération avait pour but d'inquiéter les alliés sur Prague, et d'acquérir des notions certaines sur leurs projets.
On apprit là ce que nos espions avaient déjà fait connaître, que l'élite de l'armée russe et prussienne traversait la Bohême, se réunissant sur la rive gauche de l'Elbe.
Nos coureurs poussèrent jusqu'à seize lieues de Prague.
L'empereur était de retour de Bohême à Zittau le 20 à une heure du matin ; il laissa le duc de Bellune avec le deuxième corps à Zittau, pour appuyer le corps du prince Poniatowski ; il plaça le général Vandamme, avec le premier corps, à Rumbourg, pour appuyer le général Lefèvre-Desnouettes, ces deux généraux occupant en force le col, et faisant construire des redoutes sur le mamelon qui domine sur le col. L'empereur se porta par Lauban en Silésie, où il arriva le 20 avant sept heures du soir.
L'armée ennemie de Silésie avait violé l'armistice, traversé le territoire neutre dès le 12. Ils avaient le 15 insulté tous nos avant-postes, et enlevé quelques vedettes.
Le 16, un corps russe se plaça entre le Bober et le poste de Spiller, occupé par deux cents hommes de la division Charpentier. Ces braves qui se reposaient sur la foi des traités, coururent aux armes, passèrent sur le ventre des ennemis et les dispersèrent. Le chef de bataillon la Guillermie les commandait.
Le 18, le duc de Tarente donna l'ordre au général Zucchi de prendre la petite ville de Lahn ; il s'y porta avec une brigade italienne ; il exécuta bravement son ordre, et fit perdre à l'ennemi plus de cinq cents hommes : le général Zucchi est un officier d'un mérite distingué. Les troupes italiennes ont attaqué, à la baïonnette, les Russes, qui étaient en nombre supérieur.
Le 19, l'ennemi est venu camper à Zobten.
Un corps de douze mille Russes a passé le Bober et a attaqué le poste de Siebenicken, défendu par trois compagnies légères. Le général Lauriston fait prendre les armes à une partie de son corps, part de Loewenberg, marche à l'ennemi et le culbute dans le Bober. La brigade du général Lafitte, de la division Rochambeau, s'est distinguée.
Cependant, l'empereur, arrivé le 20 à Lauban, était, le 21, à la pointe du jour, à Loewenberg, et faisait jeter des ponts sur le Bober. Le corps du général Lauriston passa à midi. Le général Maison culbuta, avec sa valeur accoutumée, tout ce qui voulut s'opposer à son passage, s'empara de toutes les positions, et mena l'ennemi battant jusqu'auprès de Goldberg. Le cinquième et le onzième corps l'appuyèrent. Sur la gauche, le prince de la Moskwa faisait attaquer le général Saken par le troisième corps, en avant de Bunzlau, le culbutait, le mettait en déroute, et lui faisait des prisonniers.
L'ennemi se mit en retraite.
Un combat eut lieu le 23 août devant Goldberg. Le général Lauriston s'y trouvait à la tête des cinquième et onzième corps. Il avait devant lui les Russes qui couvraient la position de Flensberg, et les Prussiens qui s'étendaient à droite sur la route de Liegnitz. Au moment où le général Gérard débouchait par la gauche sur Nieder-au, une colonne de vingt-cinq mille Prussiens parut sur ce point ; il la fit attaquer au milieu des baraques de l'ancien camp ; elle fut enfoncée de toutes parts ; les Prussiens essayèrent plusieurs charges de cavalerie qui furent repoussées à bout-portant ; ils furent chassés de toutes leurs positions, et laissèrent sur le champ de bataille près de cinq mille morts, des prisonniers, etc.
A la droite, le Flensberg fut pris et repris plusieurs fois ; enfin, le cent trente-cinquième régiment s'élança sur l'ennemi et le culbuta entièrement. L'ennemi a perdu sur ce point mille morts et quatre mille blessés.
L'armée des alliés se retira en désordre et en toute hâte sur Jauer.
L'ennemi ainsi battu en Silésie, l'empereur prit avec lui le prince de la Moskwa, laissa le commandement de l'armée de Silésie au duc de Tarente, et
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