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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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et dont
l’avenir dépendait d’une ruse qui était née comme une farce pour devenir une
affaire de vie ou de mort à grande échelle. « Si j’avais commis une gaffe
lors de la préparation et de la conception de Mincemeat, songea Montagu,
j’aurai pu faire rater Husky. »
    Son inquiétude aurait été en partie au moins soulagée s’il
avait pu voir les scènes de désespoir qui se jouaient au quartier général de
l’Abwehr à Madrid, où Leissner, Kuhlenthal et les autres espions allemands
n’avaient qu’une seule idée en tête : accéder au contenu de la mallette du
major Martin. Une semaine après l’enterrement, les documents étaient arrivés à
l’Amirauté, à Madrid, et avaient immédiatement été remis à l’amiral Moreno en
personne. Ensuite, ils semblent avoir disparu dans le labyrinthe de la marine
espagnole. Les Allemands étaient désespérés ; les Britanniques étaient
toujours aussi déterminés à récupérer les documents ; le seul obstacle
était la bureaucratie espagnole, aussi inefficace, suffisante et oisive que
possible. « Les procédures officielles sont toujours très lentes »,
avait averti Hillgarth. Là, les rouages semblaient s’être complètement grippés.
    Le major Kuhlenthal se plia en quatre pour essayer de
découvrir où se trouvaient les papiers et pour savoir qui soudoyer pour les
récupérer. Il semblerait que l’amiral Moreno ait réceptionné personnellement
l’attaché-case, puis qu’il ait tout remis à l’Alto Estado Mayor, le chef
d’état-major. Kuhlenthal disposait de plusieurs contacts hauts placés dans
l’état-major, mais après enquête, l’Abwehr reçut pour toute réponse
qu’« ils n’avaient pas reçu les documents ou leurs copies et, d’ailleurs,
qu’ils ne savaient pas de quoi il était question ». L’étape suivante était
le ministère de la Guerre, mais la réponse était la même. L’Abwehr se tourna
vers la Gestapo, qui possédait un bureau permanent en Espagne. Le chef de la
Gestapo en Espagne reçut l’ordre de contacter ses informateurs à la Dirección
General de Seguridad , ou DGS, l’appareil sécuritaire de l’état, pour les
mettre sur l’affaire. « À nouveau ils échouèrent, car personne n’était au
courant de l’affaire. » La dernière personne connue à avoir eu la mallette
était l’amiral Moreno, qui le reçut d’« un fonctionnaire du bureau du
commandant de la marine [de Cadix] » ; mais personne ne semblait
savoir à qui il la remit et les Allemands « n’osaient pas approcher le
ministère de la Marine » car Moreno avertirait certainement les
Britanniques de la chasse en cours.
    Les Allemands se tournèrent alors vers l’un des espions en
qui ils avaient le plus confiance, un officier de l’aviation espagnole, le
capitaine Groizar, « un valeureux ouvrier pour les Allemands »,
d’après les dires de l’agent Andros, doté de contacts militaires étendus.
Groizar apporta « qu’il avait entendu parler du corps et des documents qui
s’étaient échoués sur la côte et il promit de contacter le chef
d’état-major ». Groizar semblerait avoir travaillé, à un titre
indéterminé, pour les services de renseignement espagnols, profitant « de
nombreux privilèges et avantages pour enquêter sur tout ce qui pouvait
l’intéresser ». Le capitaine espagnol se rendit d’abord chez le chef
d’état-major, sans succès ; il frappa ensuite à la porte de la DGS, mais
fut « incapable de recevoir des informations fraîches » ; il
contacta alors « certains hauts fonctionnaires de la police »,
toujours en pure perte. Les enquêtes de Groizar ne produisirent aucun résultat,
mais en furetant dans tous les coins et recoins de la hiérarchie militaire
espagnole, les Allemands déclenchèrent une vague de spéculation autour de la
mallette disparue. « Les documents suscitèrent un grand intérêt, raconta
Andros par la suite. Groizar était si persévérant dans ses recherches que le
lieutenant-colonel Barrón, secrétaire général de la Direction générale de la
Sécurité, finit par s’intéresser personnellement à l’affaire. »
    Cela marqua un tournant. Le colonel José López Barrón
Cerruti était le plus haut gradé de la police secrète, un fervent fasciste et
un vrai dur à cuire. Il avait combattu dans la Division Bleue, une unité de
volontaires espagnols, qui fut envoyée sur le front russe pour se battre aux
côtés des troupes de Hitler, et

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