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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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vice-consul Haselden qu’il avait reçu l’ordre de remettre les effets
du mort, sous bonne garde, à son officier supérieur à San Fernando, Cadix, qui
se chargerait de leur transfert au ministère de la Marine à Madrid. Il partagea
aussi cette information avec le vice-consul d’Allemagne, Adolf Clauss. Haselden
transmit l’information à Hillgarth, qui envoya un télégramme à Londres par les
canaux perméables habituels :
    Le vice-consul de Huelva a vu le corps. Autopsie réalisée.
Verdict de noyade plusieurs jours auparavant. Officiers militaires et navals
présents aux funérailles.
    1. Portefeuille contenant des lettres privées
    2. Plaques d’identité
    3. Papiers d’identité
    4. Médaille et crucifix
    5. Porte-documents en cuir noir, verrouillé et attaché
à une chaîne. Après ouverture, enveloppe visible à l’intérieur. Possibilité que
ce soit l’objet de votre [télégramme] 041321.
    Le vice-consul a été informé que tous les effets doivent
être envoyés au C en C, à Cadix (qui est malheureusement pro-Allemand). Tôt ou
tard, ils devraient arriver au ministère de la Marine et m’être remis. Le
vice-consul n’a pas eu (répéter pas eu) l’occasion d’entrer en possession de la
mallette. Fais tout mon possible, mais crains que trop de manifestations
d’intérêt ne fassent qu’accroître la curiosité officielle, qui est déjà en
éveil.
    Montagu et Cholmondeley renvoyèrent un message de même
nature, subtilement empreint de signes de panique grandissante :
« Papiers secrets probablement dans la mallette noire. Information urgente
demandée sur sa découverte sur la plage. Si elle a été trouvée, il faut la
récupérer immédiatement. Si elle s’échoue ultérieurement, il faut s’assurer
qu’elle ne tombe pas entre de mauvaises mains. »
    Au même moment, ils envoyèrent un autre message, par
« voie spéciale très secrète », pressant Hillgarth de continuer à
prendre l’apparence d’un officiel harcelé à qui l’on demande de faire
l’impossible. « Normalement, vous devriez recevoir des messages désespérés
vous demandant de vous procurer immédiatement les documents secrets et de
harceler les Espagnols. Vous devez faire en sorte de parvenir aux résultats
attendus tout en préservant les apparences. » Hillgarth n’avait pas besoin
de plus d’instructions : « Compris et rôle joué sans relâche »,
répondit-il.
    Alors que Hillgarth jouait le rôle d’un espion sous
pression, Adolf Clauss, quant à lui, ne faisait pas semblant d’exercer des
pressions. L’espion allemand avait averti le quartier général de l’Abwehr, à
Madrid, dès que le corps avait été découvert. Quand il apprit qu’une mallette
contenant des documents s’était aussi échouée, il informa Madrid pensant qu’il
lui suffirait de quelques jours pour en copier le contenu. Les messages
échangés entre Londres et Madrid avaient, comme prévu, été interceptés par les
oreilles indiscrètes, et les chefs de l’Abwehr à Madrid étaient maintenant en
alerte maximale et connaissaient l’existence d’une cache de documents secrets
que les Anglais étaient pressés de récupérer. Ce qui, au départ, avait semblé
être une occasion en or, se transformait en cauchemar pour l’homme de l’Abwehr
à Huelva. Clauss avait « promis d’obtenir des copies des documents, mais
il était incapable de tenir sa promesse ». Gómez-Beare se trouvait aussi à
Huelva, menant « une enquête discrète pour savoir si un sac ou des papiers
s’étaient échoués sur la côte ». Clauss fut certainement informé de la
présence de l’homme de Gibraltar, ce qui a dû faire monter la pression d’un
cran.
    L’agent Andros rapporta : « Alors que les
Allemands locaux ne parvenaient pas à obtenir des copies de ces documents
auxquels ils attachaient la plus haute importance, l’affaire fut portée jusqu’à
Madrid soit par Leissner personnellement, soit par Kuhlenthal. »
L’ambitieux Karl-Erich Kuhlenthal y vit l’occasion d’ajouter une autre plume à
son chapeau d’espion.
    La réputation de Clauss était en jeu, et pour empirer encore
les choses, ses collègues et ses chefs s’immiscèrent dans l’affaire. Grâce à
ses propres informateurs, l’Abwehr au Portugal avait eu vent de ce qui se
tramait et proposa son aide. Clauss fut « convoqué à Villarreal de San
Antonio [à Ayamonte] pour une conférence » sur la conduite à tenir dans
cette situation.

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