Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
théâtre d’opérations particulier devaient recevoir
des décorations supplémentaires pour la simple raison que les Américains y
servent aussi, nous serons confrontés à une bonne dose de mécontentement chez
les soldats qui se battent ailleurs et au moins aussi âprement, voire plus.
Personnellement, je pense que nous devrions remercier les Américains pour leur
offre, mais qu’elle risquait de causer trop d’anomalies et que nous sommes
désolés de ne pas pouvoir l’accepter. C’est à l’ordre du jour de la prochaine
réunion et j’espère que l’on prendra vite une décision.
Bonne chance
Bien à toi,
Archie Nye
Général Sir Harold R.L.G. Alexander,
G.C.B., C.S.I., D.S.O., M.C.
Quartier Général, 18 e groupe
d’armées
La lettre tirait sur toutes les cordes. Elle laissait
entendre qu’il n’y avait non pas un, mais deux débarquements prévus :
l’armée du général Wilson, sous le commandement de Montgomery, attaquerait en
deux endroits en Grèce, selon un plan portant le nom de code
« Husky » ; le général Alexander, sous le commandement
d’Eisenhower, se préparait à lancer une autre offensive en Méditerranée
occidentale, sous le nom de code « Brimstone ». La cible de diversion
pour cette dernière opération était la Sicile. La lettre énonçait ouvertement
l’intention de tromper les Allemands en leur faisant croire qu’une offensive
était imminente en Sicile, en précisant que les entraînements amphibies en
Afrique du Nord et le bombardement des aérodromes de Sicile viendraient étayer
cette impression. Évidemment, les entraînements et les bombardements étaient
effectués en préparation de la véritable offensive sur la Sicile. Husky était
le vrai nom de code de ce débarquement ; si, à l’avenir, les Allemands
avaient vent d’une autre allusion à Husky, ils supposeraient que cela faisait
référence au débarquement en Grèce.
La lettre de Nye mentionnait une seconde offensive en
Méditerranée occidentale, mais sans préciser la cible fictive de l’opération
Brimstone. Elle n’expliquait pas non plus pourquoi une lettre si importante
était transportée par cet officier particulier. Rien n’expliquait la présence
du major Martin en Afrique du Nord, la veille d’une offensive majeure. Une
seconde lettre était nécessaire. Comme Martin appartenait aux Opérations
Combinées, le colonel Neville des Royal Marines, qui avait été consulté à
propos de l’uniforme, rédigea une lettre qui serait signée par Lord Louis
Mountbatten, chef des Opérations Combinées, et adressée à l’amiral Sir Andrew
Cunningham, commandant en chef en Méditerranée.
Cunningham était l’adjoint d’Eisenhower dans la marine.
C’était un Écossais coriace, aux yeux injectés de sang, qui n’avait pas quitté
l’uniforme depuis la Guerre des Boers. Comme pour Alexander, son nom et son
rang seraient connus des Allemands ; mais contrairement à Alexander,
l’amiral Cunningham, qui n’avait rien de doux ni de raffiné, préférait le
fracas du champ de bataille au confort et à l’apparat dus à son rang. Son
expression favorite quand les choses semblaient aller trop bien était :
« It’s too velvety-arsed and Rolls-Royce for me. » [4]
La lettre indiquait clairement que Martin, expert reconnu en
matière de barges de débarquement, venait conseiller l’amiral Cunningham dans
ses préparatifs en vue de la prochaine offensive amphibie.
En réponse : S.R. 1924/43
Quartier Général des Opérations Combinées
1A Richmond Terrace
Whitehall, S.W.1
21 avril
Cher Amiral de la Flotte,
J’ai promis au VCIGS que le major
Martin s’arrangerait avec vous pour la transmission de la lettre qu’il porte
sur lui pour le général Alexander. C’est un courrier urgent et très
« sensible » et comme elle contient quelques remarques qui ne doivent
pas passer sous les yeux de certaines personnes au War Office, elle ne pouvait
pas être envoyée par câble. Je suis certain que vous veillerez à ce qu’elle
soit acheminée en toute sécurité et sans tarder.
Je pense que Martin est l’homme que
vous cherchez. Il est silencieux et timide de prime abord, mais il sait ce
qu’il fait. Il était plus précis que certains d’entre nous concernant l’issue
probable des événements de Dieppe et il s’en est bien sorti lors des essais de
barges et d’équipements qui se sont déroulés en Écosse.
J’aimerais le récupérer dès que
l’offensive
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