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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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si elle était transportée de la façon dont ce document allait
l’être ». Il y eut même un bref mais virulent débat sur l’orthographe du
nom de la ville grecque de « Kalamata ». L’opération semblait se
noyer dans les détails.
    Comme à son habitude, Montagu essaya de glisser quelques
notes d’humour dans la lettre. Il voulait que Nye écrive : « Si ce
n’est pas trop te demander, pourrais-tu me faire envoyer une caisse d’oranges
ou de citrons par l’un de tes ADC. On manque terriblement de fruits frais,
surtout à cette époque de l’année. » Les chefs d’état-major supprimèrent
ce passage, ne voulant pas que le général Nye ait l’air d’un pique-assiette.
Même pour les Allemands. Surtout pour les Allemands. Montagu essaya un autre
registre : « Comment ça se passe avec Eisenhower ? Je suppose
que ce n’est pas trop désagréable de travailler avec lui… » Cette remarque
fut aussi supprimée car trop cavalière pour un général. Ensuite, Montagu tenta
un trait d’esprit au détriment du général Montgomery, connu pour avoir la grosse
tête : « As-tu toujours la même taille de chapeau ou as-tu besoin de
deux tailles de plus, comme Monty ? » Cela fut aussi censuré.
Finalement, Montagu réussit à glisser une toute petite blague à la fin de la
lettre, liée à l’habitude très moquée qu’avait Montgomery de donner des ordres
tous les jours. « Monty ne va pas bien ? Il n’a pas donné d’ordre du
jour depuis au moins quarante-huit heures. » Cela fut conservé, pour le
moment du moins.
    Montagu, qui était toujours prompt à s’enflammer, commença à
monter dangereusement en pression au fur et mesure que la date butoir
approchait et que la lettre était corrigée et annotée, peaufinée et remodelée,
avant d’être déchirée et entièrement réécrite. Des pages et des pages de
brouillons furent classés dans les archives, couvertes des gribouillis et des
commentaires de plus en plus furieux de Montagu.
    Finalement, les chefs d’état-major eurent une idée :
pourquoi le général Nye n’écrirait-il pas la lettre lui-même, puisque ce serait
« le meilleur moyen qu’elle paraisse authentique » ? Archie Nye
n’était pas un orfèvre des mots, mais il connaissait assez bien le général
Alexander et il avait son style personnel. Nye lut toutes les versions
précédentes, puis écrivit la lettre avec ses propres mots. Le passage clé faisait
référence au général Sir Henry « Jumbo » Wilson, alors
commandant en chef au Moyen-Orient, laissant entendre qu’il allait mener une
offensive sur la Grèce ; il indiquait que la Sicile avait été prévue comme
cible de diversion pour une offensive simultanée dans une autre partie de la
Méditerranée ; il faisait référence à des affaires courantes, qui étaient
authentiques, comme la nomination d’un nouveau commandant de la brigade de la
Garde et une offre par les Américains de décerner la médaille Purple Heart aux
soldats britanniques servant aux côtés des troupes américaines. Mais surtout,
la lettre sonnait juste. Au bout de tant de semaines passées à essayer de
réaliser le faux lui-même, Montagu admit que la lettre de Nye « convenait
parfaitement ». Les fausses cibles « n’étaient pas mentionnées de but
en blanc mais très clairement indiquées », laissant à l’ennemi le soin
d’additionner deux et deux pour parvenir au moins à six.
    Bevan écrivit à Nye pour lui demander de faire
dactylographier la lettre, puis de la signer avec une encre qui ne résistait
pas à l’eau, car une signature indélébile risquait d’éveiller les soupçons.
« Votre signature à l’encre risque de devenir illisible à cause du contact
avec l’eau de mer et, par conséquent, il est conseillé de taper votre titre et
votre nom complet à la machine au-dessous de la signature. »
    Bevan apporta une dernière correction. « Il est fait
trois fois référence au général Wilson en tant que “Jumbo”, “Jumbo Wilson” et
“Wilson”. Ne serait-il pas plus plausible d’y référer pour la première fois en
tant que “Jumbo Wilson” puis de s’en tenir à “Jumbo”. »
    Nye répondit : « Je l’ai intentionnellement
désigné de différentes façons (et j’ai commis quelques petites fautes
grammaticales) pour ne pas être accusé d’écrire une lettre trop parfaite.
D’ailleurs, quand on dicte des lettres, comme on le fait habituellement, il
arrive que des

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