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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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28-29 avril) ». Jewell arriva
au quartier général des sous-marins, un ensemble d’appartements réquisitionnés
à Swiss Cottage, au Nord de Londres, où le contre-amiral Barry l’envoya à une
adresse de St James. Là, il fut accueilli par Montagu, Cholmondeley, le
capitaine Raw, chef d’état-major de l’amiral pour les sous-marins, ainsi que
par divers ordres de mission.
    Le lieutenant Norman Limbury Auchinleck Jewell avait trente
ans, un sourire jovial et des yeux très bleus. Poli et charmant, Bill Jewell,
comme on l’appelait, n’en était pas moins coriace, impitoyable, téméraire à
l’occasion et sans peur. Il avait vu de rudes combats en Méditerranée et dans
l’Atlantique. Son sous-marin avait été la cible de grenades sous-marines, de
torpilles, de mitrailleuses et même la RAF lui avait tiré dessus par
erreur ; il avait passé soixante-dix-huit heures à s’asphyxier à petit feu
avec son équipage, dans un sous-marin à demi paralysé au fond de la mer ;
il avait participé à plusieurs opérations clandestines qui, si elles avaient
été interceptées, l’auraient exposé à des accusations d’espionnage et,
peut-être, à un peloton d’exécution allemand. En quatre ans de guerre des mers,
Jewell avait vu tant de secrets, de bizarreries et de violence que la demande
de déposer un cadavre dans l’océan au large de l’Espagne ne le décontenançait
pas le moins du monde. « Pendant la guerre, n’importe quel plan pouvant
sauver des vies valait la peine d’être essayé », fit-il remarquer.
    Jewell ne fut jamais informé de l’identité du cadavre, ni de
la nature exacte des documents qu’il transportait ; il était inutile de
lui rappeler « la nécessité vitale du secret ». L’homme de grande
taille et à la moustache extravagante fut présenté comme « un chef
d’escadrille pour les renseignements de la RAF ». Cholmondeley lui
expliqua que le corps serrait apporté jusqu’au sous-marin, en Écosse,
« emballé, entièrement habillé et prêt », à l’intérieur d’un grand
tube métallique. Le coffre pourrait être soulevé par deux hommes, mais ne
devait surtout pas être traîné par une seule poignée, car l’acier était assez
fin pour limiter autant que possible le poids de l’ensemble » et il
pourrait céder s’il était manipulé brutalement. L’idée que le conteneur puisse
céder et que le corps en sorte était trop horrible pour être envisagée. Le
coffre pouvait être glissé par la trappe à torpilles pour être ensuite caché
sur le pont inférieur. Jewell recevrait aussi un canot pneumatique dans un
emballage séparé, une mallette fermée à clé fixée à une chaîne et trois cartes
d’identité pour William Martin, munies de trois photographies différentes. À
ses moments perdus, Montagu frottait les fausses cartes d’identité de Martin
sur son pantalon pour les patiner.
    Jewell demanda s’il devait informer les hommes qui étaient
sous son commandement de la nature de cet objet encombrant ? Montagu lui
expliqua que le lieutenant pourrait mettre ses officiers dans la confidence
après le départ, mais qu’il fallait simplement dire au reste de l’équipage que
le conteneur « enfermait un instrument de mesure météorologique
automatique top secret et qu’il était essentiel que son existence et sa
position ne soient pas dévoilées, sinon il serait récupéré par les Espagnols,
et les Allemands en connaîtraient les plans ».
    Jewell fit remarquer que si les conditions météorologiques
étaient difficiles, les officiers pourraient avoir besoin d’un coup de main de
l’équipage pour faire monter le coffre sur le pont. Si un membre de l’équipage
repérait le corps, il faudrait lui dire que « nous soupçonnons les
Allemands de récupérer les papiers trouvés sur les corps échoués sur la côte et
que, par conséquent, ce corps allait être surveillé : si nos soupçons sont
fondés, on demandera aux Espagnols de se débarrasser des Allemands
concernés ». Cette histoire serait aussi racontée aux officiers, mais
« le lieutenant Jewell devait bien [leur] faire comprendre qu’ils ne
connaîtraient jamais le résultat et que si des informations filtraient à propos
de l’opération, non seulement les dangereux agents allemands ne seraient pas
éliminés, mais les vies des observateurs seraient en danger ».
    Lorsqu’il atteindrait une position située « entre
Portil Pillar et Punta Umbria, juste à

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