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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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son visage tout près du mien.
    — Tu es jeune, tu as la peau lisse.
    Il m’a caressé la joue.
    — Moi, je suis resté sept ans enchaîné sur le banc d’une chiourme. Regarde…
    Il effleura du bout des doigts sa cicatrice.
    — Ils m’ont marqué comme un cheval, un taureau. J’ai moi-même appliqué sur ma peau la lame d’un sabre rougie au feu. Je suis devenu Dragut-le-Brûlé. Quand tu auras vécu cela, alors tu sauras reconnaître la puissance d’Allah !
    Il s’est redressé, m’a de nouveau tiré sur les cheveux, m’obligeant à le regarder.
    — Tu deviendras peut-être capitan-pacha, comme moi. Allah est généreux avec ceux qui L’ont reconnu. Et le sultan veille sur ceux qui le rejoignent.
    J’ai répondu dans un murmure :
    — Je crois en Jésus-Christ, Notre-Seigneur.

DEUXIÈME PARTIE

8.
    Seigneur, parce que j’avais proclamé ma foi en Vous, Dragut a, d’une inclinaison de tête, ordonné qu’on me fouette.
    À tour de rôle, les deux gardes m’ont cinglé les mollets, les cuisses, les bras que j’avais toujours liés dans le dos.
    J’ai entendu le sifflement des lanières, puis la douleur m’a envahi et, à chaque coup, mon corps, malgré moi, s’est cabré.
    Le sang m’obscurcissait la vue et celui qui coulait de mes narines glissait jusque dans ma bouche.
    Puis Dragut a crié et ils ont cessé de me frapper.
    Je n’étais plus qu’un corps inerte qu’on a traîné dans les ruelles. À chaque fois que les deux gardes soulevaient le long bâton passé sous mes aisselles, voulant ainsi me contraindre à marcher, j’étais incapable de tenir debout et de faire un pas.
    Ils me laissaient retomber, me tirant comme on fait d’un animal capturé et blessé qu’on conduit au boucher pour l’égorger.
    Mes genoux heurtaient les pavés et je sentais le long de mes mollets le sang suinter de mes écorchures.
    Dragut n’avait pas voulu que je meure.
    J’ai laissé pendre ma tête. Le bâton me cisaillait les épaules et j’avais l’impression que ma poitrine se fendait par le milieu.
    Sans comprendre où j’étais ni combien de temps s’était écoulé, j’ai deviné qu’on nettoyait mon visage et mes plaies.
    Je n’ai perçu autour de moi que des silhouettes à peine distinctes dans la pénombre. J’ai entendu des chuchotements.
    Puis j’ai enfin reconnu la voix de Diego de Sarmiento et je Vous ai remercié, Seigneur, d’avoir permis qu’il vive.
    Je me suis redressé.
    Une cinquantaine d’hommes étaient serrés les uns contre les autres dans une pièce ronde à peine éclairée par deux étroites ouvertures. Sarmiento était assis près de moi, sa main me caressait le front.
    Il s’est penché, a murmuré à mon oreille que les gardes m’avaient jeté dans cette salle de la tour de la forteresse de Toulon. C’est là qu’ils enfermaient à la fois les chrétiens rebelles, ceux qui avaient tenté de fuir, donc promis au supplice, et ceux qui avaient refusé de devenir esclaves en se prétendant gentilshommes. Ces captifs-là, dont les familles allaient payer une rançon, devaient, dans l’attente de son versement, être respectés.
    — Ici, a expliqué Sarmiento, il y a des hommes qui seront bientôt libres et d’autres qu’on empalera ou écorchera.
    Il m’a pris la main, l’a serrée.
    — Et toi ? a-t-il demandé.
    Il s’est emporté quand il a appris que j’avais refusé d’être racheté.
    — Il faut toujours choisir d’être libre ! s’est-il récrié.
    — Et s’il fallait, pour cela, perdre son honneur, abandonner sa foi ? Devenir un renégat ?
    Il n’a pas répondu, préférant me raconter ce qu’il avait vu.
    La ville était occupée par plusieurs dizaines de milliers d’infidèles : des marins de la flotte de Dragut, des janissaires qui y vivaient avec leurs femmes. Chaque jour, des charrois apportaient de toute la Provence, sur ordre du roi Très Chrétien, des poules, des chevreaux, des lapins, des fruits. Il y avait même, amarrés aux quais du port ou ancrés dans la rade aux côtés des galères infidèles, des navires français commandés par un certain Polin que François I er avait nommé chef et capitaine général de l’armée du Levant.
    Chaque soir, Polin s’attablait avec Dragut et on faisait bombance. Les deux flottes devaient appareiller pour gagner Constantinople.
    Sarmiento a craché à terre.
    — Les Français disent Istanbul, comme les Turcs, a-t-il ajouté.
    Il s’est emporté, parlant d’une

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