Par le sang versé
enfants. »
– Je n’ai pas dit ça, objecte Charton.
– C’est-ce que vous avez fait, car vous saviez que je vous vaincrais, colonel.
– Ce n’est pas vous qui m’avez vaincu, général, c’est la jungle, la nature, la proximité de la frontière, l’appui de la population civile que vous vous êtes assuré par la terreur. »
Furieux, Giap se lève.
« C’est un mensonge ! (S’adressant aux spectateurs, il poursuit :) Ne notez pas ça. »
Toute la nuit, le dialogue s’éternise sans qu’il en sorte rien. À l’aube, les militaires disparaissent. Un nouvel homme arrive, c’est le premier commissaire politique.
« Camarade Charton, nous allons vous rééduquer », déclare-t-il en guise de préambule.
Aussitôt, Charton pense au lieutenant Faulque, mourant, sur sa civière. « Attention, mon colonel, quand ils vous appelleront camarade, méfiez-vous… »
Ce n’est que quatre ans plus tard, lors de sa libération des camps viets, que le colonel Charton apprendra que Faulque a survécu. Le lieutenant du B. E. P. a fait partie du troupeau de morts-vivants que le Viet-minh rendit aux Français sous condition qu’un Junker vienne les chercher sur la piste de That-Khé – une piste trop courte pour un avion de cette puissance et où son atterrissage était considéré comme impossible.
Le pilote qui avait réalisé l’exploit de poser son appareil, de charger les mourants et de repartir sans casse, était le capitaine de Fontange. On prétend que ce jour-là il était plus soûl que d’habitude. Ce n’est pas les quarante hommes à qui il sauva la vie qui le lui reprochèrent…
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier le service de presse du ministère des Armées qui a bien voulu m’ouvrir l’accès des archives de la Légion étrangère et m’a permis de consulter les journaux de marche de ses régiments en Indochine.
Le colonel commandant le 1 er régiment étranger d’infanterie, les officiers et sous-officiers du service historique de la Légion ainsi que l’équipe de Képi Blanc me procurèrent, à cet égard, un inestimable secours. Qu’ils soient ici remerciés pour leur amicale et efficace coopération.
La rédaction de cet ouvrage n’aurait pas été possible, en outre, sans l’aide des officiers, sous-officiers et légionnaires qui acceptèrent de me recevoir longuement pour évoquer à mon profit leurs souvenirs de ces combats. Je remercie donc : le général Gaultier ; les colonels Charton, Mattei, Raphanaud, Jacquot ; les commandants Magnillat et Lalague ; les capitaines Sallard et Roux ; le lieutenant Frajder, l’adjudant-chef Giacoletto, les sergents-chefs Clary, Dora, Zorro, Spies ; les caporaux et légionnaires Berger, Woliner, Dolinko, Capron, Saliceti, Giordano, Legrain, Stanis, Zeisel, Helft et Pravikoff ; ainsi que tous ceux qui m’ont demandé de respecter leur anonymat.
La mort subite du sergent-chef Maréchal me permet, hélas ! de ne pas respecter cette dernière règle en ce qui le concerne et de dire à quel point son amour et sa connaissance de la Légion, à laquelle il avait voué toute sa vie, m’ont été précieux.
À propos des officiers dont les noms reviennent fréquemment au cours de ce récit, je tiens à préciser que leurs exploits me furent dévoilés par les hommes qui servirent sous leurs ordres. En plus de ma gratitude, qu’ils acceptent mes excuses si j’ai blessé leur modestie que je sais immense : en les décrivant, j’ai surtout voulu que tous les officiers de la Légion étrangère et des Troupes coloniales ayant combattu en Indochine puissent se reconnaître à travers eux.
IMPRIMÉ EN FRANCE PAR BRODARD ET TAUPIN 6, place d’Alleray Paris. Usine de La Flèche, le 05 06 1972.6593 5 Dépôt légal n° 1355,2 e trimestre 1972. L E L IVRE DE P OCHE 22, avenue Pierre l’ r de Serbie Paris. 30 31 3178.01
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