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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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écorché, sanglant et dévoré par les insectes. Sa
peau, détachée après des découpes au ventre, aux bras et aux jambes, était
suspendue à quelques pas, telle une répugnante oriflamme. Curieusement son
visage paraissait reposé, comme s’il n’avait pas souffert. Dans sa litière, la
duchesse d’Aquitaine lui jeta un regard impassible, se signant seulement en
murmurant quelque prière. Elle avait reconnu l’exécrable besogne de Mercadier.
Si elle estimait le routier pour sa fidélité aux Plantagenêt, elle
désapprouvait sa cruauté inutile. L’abbé se signa à son tour, ainsi que toute
l’escorte.
    À une lieue du château, leur convoi avait
rencontré des mercenaires de Mercadier qui contrôlaient les passages depuis
Limoges. Le sergent qui les commandait leur avait donné un valet d’armes pour
les guider. C’est lui que Locksley interrogea sur l’écorché :
    — Qui est-ce ?
    — Pierre Basile, celui qui a tiré sur notre
roi. Richard avait demandé à Mercadier de le libérer, mais notre chef n’a pas
voulu. Par chance pour lui, il est mort de peur peu avant qu’on ne l’écorche.
    — Si c’était la volonté de Richard, il
fallait la respecter.
    — Notre roi est au plus mal, c’est Mercadier
qui commande désormais, répliqua le valet. Il a aussi fait pendre tous les
défenseurs bien que le Cœur de Lion ait demandé qu’on les libère.
    Ils passèrent la clôture. Quelques tentes étaient
dressées dans le village où régnait une grande animation. Des soldats
renforçaient l’enceinte de bois, tandis que d’autres transportaient des pierres
et de la terre pour consolider la butte. Un forgeron préparait des armes et un
charron réparait des roues. Une cuisine avait été aménagée dans une des
maisons. On apercevait des lièvres et des volailles embrochées dans une
cheminée et d’autres gibiers pendus à des poutres par les pattes. Plus loin, on
cuisait de gros pains dans le four banal. Des domestiques et des servantes
circulaient, transportant des paniers, des jarres et des marmites. Tout le
monde paraissait occupé. Quelques paysans des environs avaient apporté des
légumes, d’autres des moutons et des porcs et attendaient d’être payés par un
clerc chargé de l’approvisionnement. Locksley aperçut même un baladin avec sa
viole. Il remarqua surtout le grand chêne où pendaient deux ou trois douzaines
de corps dont plusieurs femmes et enfants. La plupart des hommes avaient les
mains coupées. Malgré le fumet des cuisines, on ne sentait que les effluves de
la mort.
    Cette fois, il ne posa pas de question sur les
pendus. À quoi bon en savoir plus ? Ce ne pouvait être que des habitants
du village ou les défenseurs du château.
    Ils continuèrent jusqu’au pont-levis baissé et
entrèrent dans la cour du château. Au fond s’élevait le grand donjon contre
lequel s’appuyait un échafaudage de bois. Une échelle de trois toises de haut
permettait l’accès à la porte brisée que deux menuisiers s’activaient à
réparer. À l’autre extrémité de la cour se dressait une petite chapelle au
porche en arc brisé ainsi qu’une grange. En face s’étendait une longue salle
adossée à la courtine. Locksley confia son heaume à son écuyer et mit pied à
terre avant de s’approcher de la litière d’Aliénor. Un serviteur et un écuyer
l’aidaient déjà à descendre, tandis que Mercadier arrivait, venant de la grande
salle devant laquelle était dressé l’écu du Cœur de Lion.
    Locksley n’avait rencontré le chef des Brabançons
qu’une fois, quand il avait rejoint Richard l’année précédente, avant de
rentrer en Angleterre. Tout dans le mercenaire lui avait déplu. Sa façon de
s’exprimer, son allure, sa férocité, son absence de morale et surtout son
habileté à convaincre Richard pour qu’il se laisse aller à ses plus bas instincts.
    Le comte de Huntington savait le roi d’Angleterre
avide et cruel. Mais si, comme les lions, il aimait le sang, c’était aussi un
talentueux troubadour et un chevalier généreux et héroïque qui appréciait la
franchise et le courage. C’était pour ces qualités que Robert de Locksley
l’aimait. Pourtant, au retour des Baux, quand il avait revu Richard, il l’avait
trouvé changé depuis leur rencontre dans la forêt de Sherwood. Au contact de
Mercadier, le roi d’Angleterre avait perdu son éclat. Il était devenu violent,
impitoyable et coléreux. S’il avait toujours le cœur d’un

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