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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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lion, il en avait
désormais la cruauté et la fourberie. Pour ces raisons, Locksley n’était pas
resté avec lui.
    — Comment va mon fils ? demanda Aliénor.
    — Pas bien, ma reine, grimaça Mercadier en
s’agenouillant pour embrasser un pli de sa robe.
    Elle le contourna et entra dans la salle, Locksley
et l’abbé du Pin derrière elle.
    C’était une pièce voûtée et obscure, éclairée
uniquement par quelques flambeaux. La puanteur des excréments et des chairs
putréfiées y était insoutenable. Pour la première fois, Aliénor comprit que son
fils était perdu.
    — Richard ! fit-elle d’une voix
étranglée en se précipitant vers lui.
    Le roi ouvrit les yeux tandis que le chirurgien
s’écartait.
    — Ma mère bien-aimée, je t’attendais pour que
tu recueilles mes dernières volontés, soupira-t-il.
    — Mon fils, je ne veux pas que tu
meures ! cria-t-elle dans un sanglot.
    — Notre Seigneur en a décidé autrement, ma
mère, répliqua-t-il d’un ton éteint. Père Milon ! fit-il en reconnaissant
l’abbé qui s’approchait. Et vous, Locksley ! Je ne pouvais demander de
meilleurs compagnons pour m’aider à franchir le passage.
    Il s’adressa à l’abbé :
    — Mon père, seul le désir de revoir ma mère
m’a fait rester vivant, mais je sens que la vie m’abandonne. Êtes-vous prêt à
entendre mes dernières volontés ? Je les ai déjà dictées à un notaire et
vous n’aurez qu’à y porter votre sceau. Après, vous m’entendrez en confession.
    — Je vous écoute, mon fils, dit le prêtre en
s’agenouillant.
    — Je quitterai ce monde nu comme j’y suis
arrivé. Je remets mon royaume à mon frère Jean.
    — Mais Arthur de Bretagne ? intervint
Robert de Locksley.
    Arthur était le jeune fils posthume de Geoffroy,
frère cadet de Richard et aîné du prince Jean. Il avait douze ans. C’était lui l’héritier
du trône d’Angleterre et Richard l’avait d’ailleurs déclaré son successeur huit
ans plus tôt.
    — Arthur n’est pas capable de régner,
intervint Aliénor qui détestait Constance de Bretagne, la mère du jeune prince
qu’elle accusait de vouloir céder l’héritage des Plantagenêt à Philippe
Auguste.
    Richard ferma les yeux, comme pour approuver. Ils
en avaient déjà parlé. Il doutait de faire le bon choix, mais il ne se sentait
plus la force de contrarier sa mère.
    — Jean sera un bon roi pour tes sujets, mon
fils, j’y veillerai.
    — Tu devras l’aider, ma mère, car il est
faible. Je veux que le quart de ma fortune soit distribué à mes serviteurs et
aux pauvres. Le notaire en a la liste. Le reste ira à mon neveu Othon [6] . Enfin, je veux que
mon corps soit enterré à Fontevrault et que mon cœur repose dans ma cathédrale
de Rouen. Quant à mes entrailles, qu’elles restent à Châlus.
    Il eut un sourire ironique dans lequel Locksley
reconnut le roi qu’il avait tant aimé.
    — Mon père est à Fontevrault et il est juste
que je le rejoigne, expliqua-t-il à son attention. Mon cœur de lion ira à
Rouen, car ses habitants ne m’ont jamais trahi. Quant aux gens de ce pays,
limousins et poitevins, toujours infidèles et félons, ils ne méritent que mes
excréments.
    Locksley se força à sourire aussi.
    — Huntington, approche-toi. J’ai un ultime
service à te demander, et je sais pouvoir te faire confiance. Regarde sur ce
coffre.
    Locksley se tourna dans la direction indiquée. Sur
le meuble se trouvait une statuette d’or d’un pied de haut représentant le dieu
Mercure.
    — On m’avait raconté qu’un laboureur avait
trouvé douze statues d’or, toutes de taille humaine, mais ce n’étaient que des
statues de pierre, sauf celle-ci. Je suis venu à Châlus pour ce trésor qui
n’existait pas, alors que j’aurais dû conduire mes hommes jusqu’à Limoges. Je
meurs pour rien, sinon pour cette statuette, aussi je veux que tu la portes à
mon frère, le comte de Mortain [7] .
Il la gardera en souvenir de moi.
    — Au prince Jean ? demanda Locksley
abasourdi.
    — Je sais que vous vous êtes querellés, mais
c’est du passé et la paix doit désormais régner entre vous. L’Angleterre aura
besoin de tous ses enfants pour combattre Philippe. Le roi de France est un
démon. Il est sournois et déloyal, c’est un fourbe dont tu dois te méfier, et mon
frère encore plus.
    Robert de Locksley ne savait que dire. Il n’avait
pas pire ennemi que le prince Jean qui avait toujours agi dans l’ombre

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