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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Et si le maçon n’est pas content de lui, il sera branché ce soir et
fera la giguedouille au bout de la hart pour nous délasser.
    Il éclata de rire et Mercadier approuva de la
tête. Il paraissait calmé quand il s’adressa à nouveau à Locksley :
    — On vous fera de la place dans les maisons
du village pour cette nuit. Le Mulet, occupe-t’en !
    — Votre merci, seigneur Mercadier, mais c’est
inutile, répondit courtoisement Locksley, comprenant que le capitaine routier
avait cédé, mais qu’il ne voulait pas perdre la face. Nous avons des tentes sur
nos mules. Il suffit de les faire monter. J’aurai seulement besoin d’un
serviteur.
    Le capitaine hocha la tête et retourna dans la
pièce où se mourait le roi.
    — Voulez-vous que je vous montre le village,
seigneur comte ? demanda familièrement Le Mulet comme s’il
s’adressait à un frère d’armes.
    — Volontiers, noble chevalier, répondit
Locksley qui jugea que si cet homme restait avec lui quelques semaines, il
était inutile de se le mettre à dos.
    L’autre l’accompagna jusqu’aux cuisines. C’était
la fin de l’après-midi et les entrailles du Saxon criaient de malefaim. Il
avala un lapin rôti en compagnie du Mulet, ce qui lui permit de se renseigner
sur le siège, sur Richard et sur Mercadier. Il lui demanda aussi qui était ce
musard.
    — Amaury ? Un pendard qu’on a trouvé
dans le camp. Il arrivait de Limoges, jurant qu’il voulait devenir soldat. Le
seigneur voulait le pendre mais comme on manque de bras pour réparer le
château, on l’a mis au travail.
    — Mercadier va rester ici ?
    — Il confiera le château à un chevalier qui
mérite sa confiance.
    — C’est votre cas, non ? Seulement, en
m’accompagnant à Rouen, vous perdez tout espoir de l’obtenir, dit Robert de
Locksley, pour mettre un peu de fiel dans le cœur du mercenaire.
    Le Mulet secoua négativement la tête.
    — Avant d’être fait chevalier, j’étais
forgeron, seigneur. Voilà pourquoi je n’aurai jamais de château.
    Contrarié d’avoir avoué sa roture, Le Mulet
s’en alla tandis que Locksley alla vérifier que son écuyer était bien installé
et son palefroi bien soigné. Après quoi, il essaya de revoir la reine, mais
elle était toujours près de son fils et on ne le laissa pas entrer dans la
salle où se mourait le roi. Il se retira donc dans sa tente. On y avait dressé
un lit de sangles, une paillasse, et porté le coffre d’osier qui contenait ses
affaires. Son écuyer vint l’aider à ôter son haubert et il s’habilla de sa
cotte vert foncé et de ses chausses. Assis sur le lit, il se demandait s’il
parviendrait à parler à la reine avant son départ quand Mercadier entra
brusquement.
    — Mon roi est mort, fit-il la voix brisée.
    La tente était éclairée par un falot pendu en son
milieu et, même s’il n’éclairait guère, Robert de Locksley vit des larmes
briller sur le visage du mercenaire. Mercadier était l’ennemi du genre humain
mais on ne pouvait l’accuser de n’aimer pas son roi.
    Robert de Locksley se signa.
    — Je vais le voir, décida-t-il.
    — Je suis venu vous chercher, approuva
Mercadier.
    Toute rancœur avait disparu et Locksley lui en fut
reconnaissant. Il boucla son baudrier et prit le sac avec le Mercure d’or avant
de suivre le capitaine routier. La nuit tombait.
    Richard reposait toujours dans son lit. Son visage
affichait maintenant une grande sérénité. Plusieurs prêtres et seigneurs
étaient près de lui ainsi qu’Aliénor. Robert de Locksley resta un moment à
prier avant de les laisser. Il rentra à sa tente, le cœur serré et plongé dans
ses souvenirs. Il s’était passé tant de choses depuis que sa route avait croisé
celle de son roi, et pourtant il ne s’était écoulé que cinq ans. Comment
aurait-il pu imaginer, lors de leur première rencontre, que le Cœur de Lion
mourrait à quarante et un ans ?
    — Seigneur, puis-je vous apporter une boisson
chaude ? l’interpella une voix, comme il passait devant les cuisines. Un
potage de poule, peut-être ?
    Il se tourna vers un jeune homme dont les traits
restaient dans l’ombre d’un bonnet violet aux bords relevés en pointe.
    — Volontiers.
    Il entra dans sa tente où l’on avait renouvelé la
chandelle de suif de la lanterne. Le valet au bonnet revint peu de temps après
avec un bol fumant.
    Robert de Locksley l’avala en quelques gorgées,
puis le serviteur l’aida à délacer ses heuses et

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