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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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contre
son frère. Comment pourrait-il lui porter cette statuette ?
    — Le comte de Locksley s’acquittera de ton
souhait, intervint Aliénor avec fermeté, j’y veillerai aussi.
    — Prend cette statuette, Locksley, insista
Richard après avoir approuvé sa mère de la tête. Mon frère est en Bretagne,
mais il reviendra en Normandie dès qu’il apprendra ma mort. Je veux que tu partes
demain pour Rouen, que tu l’attendes et que tu lui prêtes hommage. Maintenant,
laisse-nous. Nous avons à parler du royaume et des duchés de Normandie et
d’Aquitaine.
    Robert s’inclina et sortit.
     

Chapitre 4
    L ocksley
resta un moment dans la cour sans savoir que faire, ignorant les soldats en
chapel et en broigne qui s’activaient autour de lui. Il était venu demander
justice et, non seulement il n’obtenait rien, mais il devait aller prêter
hommage à son pire ennemi. Il ne s’en sentait pas capable. Volontairement, il
n’avait pas pris la statuette en sortant.
    — Vous avez oublié ça, seigneur, fit une voix
ironique dans son dos.
    Il se retourna, c’était Mercadier qui tenait un
sac de cuir. D’après la taille, il devait contenir le Mercure d’or.
    — Il ne faudrait pas que ça se reproduise. À
partir de maintenant, vous êtes le gardien de ce trésor et vous en répondez sur
votre vie. Je vous donnerai demain quatre compagnons qui vous accompagneront à
Rouen.
    Il interpella un groupe d’hommes qui passait dans
la cour.
    — Le Mulet, ramène-toi !
    Celui qui s’approcha était chevalier, car il
portait des éperons de cuivre. De grande taille, large d’épaules, en haubert
avec une épée à double tranchant à la ceinture, il avait les cheveux ras et
tenait un chapel à nasal à la main. Un coup de lame lui avait fendu le visage
et son œil droit n’était qu’une cicatrice boursouflée et violette.
    — Le comte de Huntington part demain pour
Rouen avec ça ! (Il brandit le sac.) Tu l’accompagnes avec Simon
Le Tripier, Thomas Le Tondeur et Robert l’Apôtre.
    — Vous avez entendu, compères ? On va se
payer du bon temps avec les garcelettes ! lança le borgnat en se
gobergeant.
    Il avait une voix nasale, déplaisante. Ses trois
compagnons s’esclaffèrent en s’approchant.
    Locksley les considéra sans rien dire. L’un était
petit, râblé, corpulent avec une épaisse moustache qui cachait de flasques
bajoues. Sous ses épaisses arcades sourcilières brillaient de petits yeux de
cochon rougis par le vin. Un couteau et un tranchoir pendaient à son baudrier.
L’autre était grand, légèrement voûté comme s’il craignait perpétuellement de
se cogner. En broigne maclée, il tenait une hache à pointe sur l’épaule. Le
dernier, un fier-à-bras tout en muscle au visage de cuir bouilli avec une
bouche édentée affichait une mine sombre et un regard féroce. Il serrait un
fléau d’armes entre le pouce et l’index de sa main droite, seuls doigts qui lui
restaient. Une courte épée pendait à sa taille. Pourquoi lui imposait-on ces
quatre gredins ?
    — Je n’ai besoin de personne pour aller à Rouen,
dit Locksley en prenant le sac. J’ai mon écuyer, et mon escorte est à
Fontevrault avec mon épouse.
    Mercadier leva une main en guise d’avertissement.
    — Dieu me damne ! Vous n’avez pas
compris, Locksley ? Je suis le chef. Richard a donné des ordres et ils
seront exécutés à la lettre.
    — Vous n’appliquez que les ordres qui vous
conviennent, semble-t-il. Ce Basile ne devait pas être écorché, m’a-t-on dit.
    — Foutre de Dieu ! Vous obéirez, ou vous
finirez comme lui, est-ce clair ?
    Locksley lui jeta un regard glacial.
    — Arrêtez de jurer, Mercadier, car le
Seigneur finira par ne plus vous pardonner, et gardez-vous de trop m’échauffer
la bile ! C’est vous qui n’avez pas compris qui je suis. Voulez-vous qu’on
règle ce différend à l’épée maintenant, ou même à la hache ? Je ferai
comme j’ai dit ! Maintenant, libre à vous de me laisser ces quatre
maroufles. Je ne les refuse pas, car on n’est jamais assez nombreux dans ce
pays en guerre, mais ils m’obéiront. Sinon, je les ferai pendre. Est-ce
clair ?
    Ils se mesurèrent un moment du regard. La bouche
de Mercadier frémissait imperceptiblement et ses yeux fulminaient de colère.
Soudain, il se tourna avec brusquerie vers le borgnat pour lui demander :
    — Qu’as-tu fait du musard,
Le Mulet ?
    — Le nommé Amaury ? Il travaille au rempart,
seigneur.

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